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Actualités - CHRONOLOGIE

Guerre des chiffres entre Nassib Lahoud, Hariri et Siniora

C’est sur fond de vives protestations, dénotant surtout une bonne dose de scepticisme, que le gouvernement Hariri a entrepris de répondre aux observations des parlementaires, formulées quatre jours durant. Ni le président du Conseil, ni ses ministres de l’Énergie et de l’Eau, de l’Agriculture, des Télécommunications, des Travaux publics et des Finances n’ont lésiné sur les détails – la réponse de M. Siniora était dactylographiée sur 41 pages – sans pour autant parvenir à convaincre une majorité parlementaire, pas nécessairement opposante, du bien-fondé de leur politique, critiquée par moments avec beaucoup de hargne. M. Nassib Lahoud est intervenu à plusieurs reprises pour contester la réponse du gouvernement à son intervention, dans laquelle il avait notamment dénoncé «la politique du bord de gouffre». Le député du Metn-Nord n’a pas accepté que MM. Hariri et Siniora contredisent l’argumentation qu’il avait développée pour souligner que l’État devrait s’y prendre autrement pour résorber la dette publique et assainir ses finances, en plaçant ses propos hors contexte. Il s’est indigné des demi-vérités, menaçant pratiquement le ministre des Finances de tenir une conférence de presse «dans les prochaines 24 heures» pour lui répondre par les chiffres. Dans sa réponse aux parlementaires, dont des copies avaient été distribuées aux députés et aux journalistes, M. Siniora avait indiqué que les chiffres avancés par M. Lahoud au sujet des nouvelles charges financières dues à l’accroissement des taxes ne sont pas corrects puisque celles-ci se situent, selon lui, autour de 1 025 000 LL et non pas autour de 1 900 000 par an comme l’avait indiqué le parlementaire. Il poursuit la lecture de son rapport lorsque M. Lahoud l’interrompt : «Je vois que vous venez de sauter une phrase. Je vous prie de la lire à haute voix». M. Siniora obtempère, un peu étonné. Il lit : «D’où a-t-il donc pu amener ces chiffres ? Pourquoi toute cette diffamation ?» Et M. Lahoud de réagir vivement : «Dans les prochaines vingt-quatre heures, je vous le promets, je vais tenir une conférence de presse et prouver que mes chiffres n’ont rien de diffamatoire. Dans vingt-quatre heures, je vous le promets». M. Berry tente de détendre l’atmosphère, particulièrement tendue. «On verra bien ce qui se passera lorsqu’il y aura une TVA sur les paroles. Le président Hariri m’a déjà annoncé que Siniora veut l’imposer aux mariages». Mais l’atmosphère reste tendue, car les remarques parlementaires acides se poursuivent : de M. Omar Karamé, de Mme Nayla Moawad, de M. Nicolas Fattouche… Le député du Metn-Nord est de nouveau hors de lui quand le ministre des Finances relève que l’accroissement des charges fiscales a fait l’objet de «critiques injustes de la part de notre collègue Nassib Lahoud». «Injuste, vous dites, mais de quelle injustice parlez-vous, fulmine ce dernier. S’il y a quelqu’un d’injuste, c’est bien vous, avec cette dette de 30 milliards avec laquelle vous accablez les Libanais». M. Lahoud interviendra une troisième fois au moment où le chef du gouvernement cite une partie de son discours dans lequel il se déclarait en faveur d’une restructuration de la dette tout en invitant l’Exécutif à discuter de cette restructuration avec le secteur bancaire. Et c’est pour reprocher à M. Hariri de n’avoir pris qu’une partie de l’idée qu’il préconisait, ce qui a eu pour effet de la tronquer et de la placer dans un contexte différent. Le député donne lecture de la phrase que le chef du gouvernement avait omis, à savoir que «la restructuration ne se limite pas à la dette publique seulement, mais s’étend à la politique, à l’économie et à l’administration politique à cause desquelles le Liban paie des taux d’intérêt élevés. S’il faut demander aux banques une réduction des taux d’intérêt, il faudra en contrepartie améliorer les éléments de confiance politique, économique et administrative». «C’est donc une amélioration du facteur de confiance (dans la gestion étatique) qui entraînera une réduction des intérêts servis sur la dette. Je n’ai pas répondu malheureusement au discours du chef du gouvernement à l’ouverture du mois du shopping bien qu’il ait déformé mes propos en laissant entendre que j’avais dit qu’il ne fallait pas payer notre dette aux banques. Je n’ai pas tenu ces propos et voilà que vous récidivez. Si vous parvenez à convaincre les banques que vous allez exécuter un plan qui mettra fin au gaspillage, qui réduira le volume du secteur public et qui jettera les bases d’une restructuration politique fondée sur le respect des libertés et de la démocratie, vous pourrez à ce moment-là leur demander de réduire les intérêts servis sur la dette de quelques points. Chaque trois points d’intérêt représentent un milliard de dollars par an». M. Hariri assure qu’il n’a pas voulu déformer les propos du député.
C’est sur fond de vives protestations, dénotant surtout une bonne dose de scepticisme, que le gouvernement Hariri a entrepris de répondre aux observations des parlementaires, formulées quatre jours durant. Ni le président du Conseil, ni ses ministres de l’Énergie et de l’Eau, de l’Agriculture, des Télécommunications, des Travaux publics et des Finances n’ont lésiné...