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Débat budgétaire - Les députés déplorent l’inexistence d’un plan de redressement clair et rigoureux Les loyalistes admettent certaines lacunes, les opposants poursuivent leur croisade

Heureusement qu’il y avait Hussein Hajj Hassan et Georges Kassarji pour briser la monotonie de la séance matinale du débat budgétaire. Les interventions commencent à devenir répétitives, pénibles, d’autant que celles d’hier étaient principalement axées sur des sujets aussi divers que l’intifada palestinienne, le prochain sommet arabe ou des idées politiques générales. Pour la deuxième journée consécutive, les loyalistes tentent tant bien que mal de défendre la politique économique du gouvernement, mais en se gardant bien de plonger dans les chiffres. Et s’ils jugent par exemple que la TVA est indispensable, ils ne manquent pas dans le même temps de mettre en garde contre les difficultés financières de la population et les charges de nature à accabler davantage les Libanais. Les opposants, en revanche, s’en prennent à cœur joie pour descendre la politique économique gouvernementale, reprochant à l’équipe Hariri l’absence de tout plan de redressement clair. C’est M. Antoine Haddad qui soulève en premier ce point, bien qu’il ne fasse pas partie de l’opposition, avant d’énumérer une série de mesures dont l’application est susceptible, selon lui, de venir à bout de la crise économique. M. Walid Eido, qui lui succède à la tribune, relance pendant un certain temps le débat autour de la nature du préambule du projet de budget –s’agit-il d’un exposé des motifs ou d’une simple introduction ? – puis demande au chef du Parlement de faire en sorte que le débat budgétaire se limite à la loi de finances avant d’annoncer, curieusement, qu’il ne compte pas parler du projet de budget «parce que la solution à la crise économique est d’ordre politique». «Mais vous ne pouvez pas imposer un sujet déterminé aux députés, l’interrompt M. Berry. Je profite cependant de ce que vous venez d’avancer – et je dois d’ailleurs en parler avec les chefs des blocs parlementaires – pour dire que si les membres de chaque bloc peuvent s’entendre sur un temps de parole déterminé, nous pourrons organiser chaque mois un débat de politique générale, sans que les séances ne s’éternisent». Le député de Beyrouth défend la politique du Cabinet Hariri. «Si le gouvernement ne voulait pas régler le problème de la pollution de l’air, il n’aurait pas élaboré une loi à ce sujet», souligne-t-il avant d’exprimer une série de réserves sur certains aspects du fonctionnement de l’État : «La police judiciaire constitue un État indépendant et nous avons l’impression que la privatisation a commencé par le gouvernement». M. Berry sursaute : «Tiens, tiens. Poursuivez, cela commence à m’intéresser». «Nous constatons l’existence d’un gouvernement pour la sécurité et d’un autre pour l’économie». C’est au tour de M. Karamé de sursauter : «Mais notre collègue se lance dans des jurisprudences dangereuses. On dirait que le gouvernement ne représente pas l’autorité exécutive». «Tu auras tout le temps de t’exprimer le soir. Pourquoi veux-tu nous affoler dès maintenant», s’exlcame M. Berry. Le député poursuit en annonçant qu’«il est grand temps de cesser de jouer» au grand amusement de ses collègues. «Je savais bien qu’il y avait une main qui se plaisait à jouer mais la question est de savoir avec quoi elle jouait», rétorque M. Karamé d’un ton malicieux. C’est au tour de M. Ghassan Achkar de prendre la parole. Lyrique, le député qui assimile le budget 2002 à de la «barbe à papa» – allez savoir pourquoi – se lance dans un interminable discours dont il a tellement soigné la forme que ses idées, exprimées pour la plupart sous forme de métaphores, s’y noient et perdent de leur clarté. Au bout de trois quarts d’heure, il commence à énumérer une série de mesures sociales et politiques que l’État devrait, selon lui, appliquer. M. Ahmed Fatfat lui succède à la tribune. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, a du mal à étouffer ses baillements. L’analyse que le député donne de la situation régionale et du projet d’association libano-européenne ne semble guère l’intéresser. M. Fatfat dénonce les tiraillements politiques, qui entravent, selon lui, la croissance économique. Il exprime des réserves sur le cours de la justice – «les prisons qui s’ouvrent et se referment la nuit» – ainsi que sur l’intervention du ministre de l’Intérieur à l’ouverture de la réunion des ministres arabes de l’Intérieur, dans la mesure où M. Murr a fait mention de la région de Denniyé et des incidents qui s’y étaient produits en décembre 2002 au moment où il parlait de terrorisme. Avec Hussein Hajj Hassan, l’hémicycle sort un peu de la torpeur dans laquelle l’avaient plongé les interventions précédentes. Le député attaque d’emblée le vif du sujet, le budget, en contestant les chiffres du ministère des Finances et se demande s’il est possible de rassurer les Libanais sur leur avenir avec une dette de 28 milliards de dollars. M. Hajj Hassan affirme que la crise est principalement due à une mauvaise gestion des fonds empruntés pour la reconstruction du pays. «Mais sur quoi toutes les sommes qu’on a empruntées ont-elles été dépensées» ? s’emporte-t-il. C’est M. Kassarji qui répond en riant : «Sur les déshérités». Le député du Hezbollah expose les obstacles à un assainissement financier : gaspillage, poids du secteur public avec ses fonctionnaires, absence d’un calendrier-programme pour le plan de redressement. Il stigmatise le recours à «l’improvisation dans la gestion des affaires du pays et à la politique menée par tâtonnement». M. Siniora, qui entre dans l’hémicycle, manque de tomber à la renverse en trébuchant sur les marches qui mènent au banc des ministres. Tout aussi virulent que le député du Hezbollah, M. Georges Kassarji, un farouche opposant, insiste également sur les considérations politiques qui se posent en obstacle devant un redressement économique. «Quand est-ce qu’on établira un projet de budget dont l’objectif servira l’intérêt national», s’interroge-t-il, avant d’annoncer qu’il n’est pas question pour lui de voter la loi de finances. Dernier à prendre la parole, le député hezbollahi Mohammed Fneich a estimé d’emblée que «les mesures proposées par le gouvernement sont en contradiction avec les pratiques en vigueur». Il commence ainsi par dire que la réforme administrative ne réussira jamais tant que l’administration continuera à dépendre du politique, s’arrêtant ensuite sur les privatisations «et la lenteur du gouvernement à appliquer ses décisions». Avant de se féliciter de la signature de l’accord de partenariat libano-européen, tout en reconnaissant qu’il fallait que les détails soient connus de tous. «Les solutions pour sortir de cette crise nécessitent une définition exacte de celle-ci, une vision claire, un agenda-programme et une volonté politique commune. C’est possible si l’on prend conscience du danger», a conclu le député de Bint-Jbeil. Tilda ABOU RIZK
Heureusement qu’il y avait Hussein Hajj Hassan et Georges Kassarji pour briser la monotonie de la séance matinale du débat budgétaire. Les interventions commencent à devenir répétitives, pénibles, d’autant que celles d’hier étaient principalement axées sur des sujets aussi divers que l’intifada palestinienne, le prochain sommet arabe ou des idées politiques...