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L’offensive d’Anouar el-Khalil, chiffres à l’appui

Anouar el-Khalil axe son intervention sur le lien intrinsèque entre les difficultés financières de l’État et le marasme économique, qu’il juge difficile à surmonter en raison du poids de la dette publique et de l’importance du déficit budgétaire, qui pousse le gouvernement à s’endetter pour tenter de le résorber. Parallèlement, il insiste sur l’incompatibilité de l’action gouvernementale avec les orientations définies dans la déclaration ministérielle. Le député de Hasbaya cite ainsi des passages de ce document se rapportant principalement à «l’adoption de politiques encourageant la croissance (...) sans se répercuter négativement sur le niveau de revenus des Libanais ou entraîner une augmentation des taxes et des impôts». Il fait ensuite remarquer, non sans étonnement, que cet engagement a «cédé la place dans le préambule du budget à l’accent mis sur le programme économique du gouvernement en termes de consolidation de la confiance dans l’économie nationale et les finances publiques». «Il a aussi cédé la place, ajoute M. Khalil, à l’intensification des mesures fiscales qui accablent la population». Le parlementaire, qui est également un banquier, conteste l’exactitude des prévisions budgétaires, chiffres à l’appui. Son argumentation s’articule autour du point selon lequel le ministère des Finances a comptabilisé ses engagements financiers, non honorés en 2001, pour pouvoir fixer le déficit budgétaire à un taux inférieur au taux réel. Celui-ci est de 54,3 %, selon le député. Sous une forme interrogative, il accuse le gouvernement d’avoir inscrit au budget de 2000 (mandat Hoss) des arriérés payés en 2001, mais qui n’ont pas été calculés avec les dépenses de cette année, pour pouvoir prétendre que le déficit a été réduit. Il l’accuse aussi de passer sous silence des arriérés de 1 100 milliards venus à échéance en 2001 et qui n’ont toujours pas été payés et de bloquer le paiement de 600 milliards de livres. En additionnant ces trois chiffres (550 milliards + 1 100 milliards + 600 milliards de livres) et ceux du budget (8 878 milliards), M. Khalil souligne que les dépenses réelles s’élèvent à 11 128 milliards de livres. «Au total, les recettes se chiffrent à 4 291 milliards de livres pour le budget et à 395 milliards de LL pour le Trésor, ce qui entraîne, dit-il, un déficit de 6 442 milliards de LL, soit un déficit général (budget+Trésor) de 58 % au lieu de 47,6 %, (indiqué dans le préambule du projet de loi) et un déficit budgétaire de 54, 3 % au lieu de 44,6 %». Cercle vicieux Le parlementaire opère un autre calcul pour montrer que les dépenses de fonctionnement de l’État n’ont pas excédé les 203 milliards de livres en 2001. «Si ce chiffre est suffisant pour faire fonctionner toutes les administrations, pourquoi propose-t-on cette année 9 425 milliards de livres pour les dépenses ?» s’interroge-t-il, avant de s’arrêter sur la dette publique. Après avoir rappelé que celle-ci représente 175 % du PIB, M. Khalil met l’accent sur l’impact de cet endettement sur le secteur bancaire et souligne qu’en 2002, le service de la dette (4 500 milliards de LL) ainsi que les salaires et les indemnités des fonctionnaires engloutissent 82 % du budget. «Quelles sont les mesures que le gouvernement entend prendre pour faire face à une telle situation et parvenir à réduire ces dépenses ? Nous avons passé en revue ses orientations en commission des Finances sans rien trouver», réprouve-t-il. Il énumère les mesures annoncées pour réduire considérablement les dépenses publiques mais qui n’ont pas été appliquées, notamment la réforme de l’Administration qui aurait dû déboucher sur une réduction du poids et par conséquent du coût du secteur public, ainsi que la privatisation de certains services publics, avant de citer une partie des observations du FMI sur la stratégie économique gouvernementale. Selon lui, le FMI constate que le programme de redressement financier aboutirait, au cas où il serait appliqué entièrement, à une stabilisation de la dette qui continuera cependant de plafonner à un taux très élevé, se posant ainsi en obstacle devant la croissance économique et le redressement financier. Aux yeux de M. Khalil, cette situation, c’est-à-dire le rapport entre le déficit budgétaire et la dette publique, représente une sorte de cercle vicieux qui créera à la longue un climat défavorable à la livre, lequel affectera à son tour les réserves de la Banque centrale, ainsi que la capacité des banques à répondre aux besoins accrus du Trésor. «Les créances des banques libanaises auprès du secteur public représentaient en 1997 près de 34 % de leurs dépôts contre 41 % en 2000, ce qui signifie que le financement du secteur public se fait au détriment des investissements du secteur privé», ajoute-t-il. Le député estime que le gouvernement aurait dû faire preuve de transparence dans son budget 2002 et le présenter en même temps qu’un plan triennal ou quinquennal de redressement financier et d’un autre plan, économique celui-là.
Anouar el-Khalil axe son intervention sur le lien intrinsèque entre les difficultés financières de l’État et le marasme économique, qu’il juge difficile à surmonter en raison du poids de la dette publique et de l’importance du déficit budgétaire, qui pousse le gouvernement à s’endetter pour tenter de le résorber. Parallèlement, il insiste sur l’incompatibilité de...