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Actualités - OPINION

Un choix difficile pour le sommet de mars

Les avis sont partagés. Ils le sont toujours. Pour ces personnalités politiques débattant de la crise en Palestine, les nuances ne sont pas de mise. L’abcès est crevé. Au meilleur des cas, c’est la guerre suivie de la reconnaissance d’un État palestinien. Au pire, c’est la guerre, suivie d’un nouvel exode massif des Palestiniens vers le Liban et la Jordanie. Le sommet arabe qui se tiendrait en mars à Beyrouth ne ferait alors qu’homologuer soit la fin de la longue crise régionale, soit au contraire le début d’un nouvel exode qui risque d’entraîner la région toute entière vers l’inconnu. De fait, l’avenir est sombre, mais pour les optimistes, l’explosion de violence et l’exacerbation du conflit israélo-palestinien sont la phase ultime d’une crise qui s’oriente vers un «règlement à chaud». Les affrontements en cours devraient donc se solder par l’effondrement de l’infrastructure du Hamas et du Jihad islamique, et mettre fin à l’intifada. Ils seraient accompagnés d’un «feu vert» américain et d’un «silence complice» arabe. Ainsi,Yasser Arafat n’étant pas en mesure de mettre au pas les organisations extrémistes qui sont au cœur des affrontements, sans risquer d’en payer le prix fort, soit sous forme de guerre civile, soit sous forme d’un affaiblissement encore plus grand de son autorité, ce serait aux Israéliens de faire le grand ménage. L’assignation à résidence du chef de l’Autorité palestinienne à Ramallah fournirait à M. Arafat un parfait alibi pour justifier sa passivité devant la liquidation des organisations extrémistes ou encore «terroristes», qui infestent, selon Israël et les États-Unis, les régions sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Selon ce scénario, le fait que M. Anthony Zinni, l’émissaire américain, tarde à revenir dans la région, est délibéré. Il doit donner au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, le temps nécessaire pour réaliser certains de ses objectifs et permettre à la situation de se décanter du point de vue militaire. Si donc le boucher de Sabra et Chatila parvient, d’ici à fin mars, à mater l’intifada, les États-Unis continueraient à reconnaître Yasser Arafat comme représentant unique et légitime du peuple palestinien et interviendraient en temps opportun auprès du gouvernement israélien, pour l’amener à renouer le dialogue. Pour compenser l’effet produit par l’effondrement de la lutte armée palestinienne, Washington sortirait sa carte maîtresse : la reconnaissance d’un État palestinien. Une reconnaissance que le sommet de Beyrouth, suivi par l’Union européenne, viendrait entériner. Dans ce cas de figure, Yasser Arafat deviendrait l’étoile incontestée du sommet arabe, et Washington entamerait les contacts pour relancer le processus de paix sur les volets libanais et syrien et obtenir un retrait israélien du Golan et des fermes de Chebaa. Il va de soi enfin qu’avec le règlement de la crise palestinienne, l’existence d’une résistance armée au Liban n’aura plus de raison d’être. À ce point de vue, paradoxalement optimiste et pessimiste à la fois, s’oppose un autre, exclusivement pessimiste. Ce que certains politiciens voient venir, sur le plan régional, c’est une nouvelle «nakba», un nouvel exode massif des Palestiniens de ce qui reste de la Palestine historique, vers les pays arabes proches. Cette catastrophe se produirait justement si Israël ne parvient pas à démanteler le Hamas et le Jihad et si ses forces, obéissant à une logique de violence croissante, se déchaînaient contre les combattants de l’ombre en s’en prenant de plus en plus ouvertement aux populations civiles. On ose à peine imaginer ce que ce nouvel exode représenterait comme drames pour le peuple palestinien, et comme problèmes catastrophiques pour les pays d’accueil, comme la Jordanie et surtout le Liban : soulèvement des camps palestiniens, confrontations avec la résistance islamique, etc. En tout état de cause, le sommet arabe de mars serait, dans ce dernier cas, placé devant le choix difficile suivant : la démission des lâches, ou l’obligation de relever le défi, y compris militaire, qui serait lancé au monde arabe. Un monde arabe qui se trouve, à n’en pas douter, à un tournant historique de son existence. Les semaines qui viennent en apporteront certainement la preuve. Émile KHOURY
Les avis sont partagés. Ils le sont toujours. Pour ces personnalités politiques débattant de la crise en Palestine, les nuances ne sont pas de mise. L’abcès est crevé. Au meilleur des cas, c’est la guerre suivie de la reconnaissance d’un État palestinien. Au pire, c’est la guerre, suivie d’un nouvel exode massif des Palestiniens vers le Liban et la Jordanie. Le sommet...