Liban-Israël - Cheikh Qaouq s’en prend à « l’Amérique, mère du terrorisme » Des sénateurs belges s’engagent à défendre le Hezbollah en Europe (photos)

Des sénateurs belges, en visite dimanche dans l’ex-prison de Khiam, au Liban-Sud, anciennement occupé par Israël, ont dénoncé les «tortures» dont ont été victimes des prisonniers. L’un des membres de la délégation a en outre affirmé : «Nous ne permettrons pas que le Hezbollah figure sur la liste européenne des organisations terroristes». Josy Dubié (parti Écolo), Vincent Van Quickenborne (parti régional flamand Spirit) et Jean Cornil (Parti socialiste) ont visité les locaux de la prison, où des prisonniers ont été détenus pendant des années sans inculpation ni procès, sous la surveillance de l’Armée du Liban-Sud, la milice auxiliaire d’Israël. M. Dubié, qui s’exprimait devant des journalistes, a condamné les «tortures pratiquées par l’État hébreu» à l’encontre de centaines de prisonniers libanais. Les sénateurs ont ensuite rencontré cheikh Nabil Qaouq, responsable du Hezbollah pour le Liban-Sud. Prenant la parole à cette occasion, M. Van Quickenborne a notamment déclaré : «Seuls les États-Unis qualifient le Hezbollah de terroriste. Nous avons refusé en Europe d’inclure ce parti dans notre liste». Il a fait état «de pressions exercées aux plus hauts niveaux» pour obtenir que le parti islamiste figure sur la liste européenne des organisations terroristes. «Mais nous ne le permettrons jamais, car nous croyons que le Hezbollah fait partie de la vie politique au Liban, et nous devons respecter la souveraineté du Liban», a précisé M. Van Quickenborne. Dans sa réponse au sénateur belge, cheikh Qaouq s’en est pris aux États-Unis, affirmant sur un ton ironique : «La logique terroriste américaine veut que le héros des massacres de Cana soit détenteur du prix Nobel de la paix». Et de poursuivre : «L’Amérique incarne aujourd’hui la mère du terrorisme dans le monde et s’associe à tous les crimes perpétrés par (le Premier ministre israélien) Sharon contre le peuple palestinien». Le responsable intégriste a en outre accusé les États-Unis de «chercher à déstabiliser le Liban en y suscitant des dissensions confessionnelles susceptibles de servir et de sauver l’occupant israélien». Cheikh Qaouq a toutefois affirmé que le Hezbollah «persistera dans sa résistance et dans son soutien au peuple palestinien». De son côté, M. Dubié a insisté sur le fait qu’il convient d’établir une différence entre les juifs et les Israéliens qui, eux, sont effectivement responsables des massacres perpétrés au Liban et dans les territoires palestiniens. Les parlementaires belges, qui ont également visité hier le village de Cana, sont arrivés samedi à Beyrouth pour une visite de solidarité avec les victimes des massacres de Sabra et Chatila lors de l’invasion israélienne du Liban, en 1982, qui avaient fait entre 800 et 1 500 morts. MM. Dubié, Cornil et Van Quickenborne sont membres d’un comité parlementaire mis sur pied pour recueillir des fonds au bénéfice de 23 survivants des massacres. Ces derniers ont porté plainte en Belgique contre le Premier ministre israélien Ariel Sharon, qui était à l’époque ministre de la Défense, pour son rôle présumé de donneur d’ordre dans les massacres perpétrés au Liban. La chambre des mises en accusation de la cour d’appel de Bruxelles doit se réunir mercredi pour statuer sur la recevabilité de ces plaintes.