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Le ministre palestinien a remis un message de Arafat à Lahoud Nabil Amro à « L’Orient-Le Jour » : « Il faut sauver le président de l’Autorité »(PHOTOS)

Il y avait de la joie, de l’émotion et un petit pincement au cœur dans les retrouvailles du ministre palestinien chargé des Affaires parlementaires Nabil Amro avec ses amis libanais. Arrivé jeudi soir à Beyrouth dans le cadre d’une mission officielle, Amro a remis hier un message au président de la République Émile Lahoud et il a eu des entretiens avec le président du Conseil Rafic Hariri, le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud et son homologue libanais Michel Pharaon qui l’a retenu à déjeuner. Il a eu aussi le temps de rencontrer quelques amis et des représentants de certaines factions palestiniennes. Mais l’heure n’étant pas à la nostalgie, Amro a surtout évoqué la gravité de la situation dans les Territoires, pressant les Arabes d’aider Arafat. Le président palestinien Yasser Arafat est le fondateur des institutions palestiniennes. Sans lui, elles n’existeraient plus et la scène palestinienne serait livrée aux extrémistes. Il faut donc à tout prix que les Arabes l’aident pour qu’il cesse d’être isolé et redevienne un interlocuteur de poids face aux Israéliens. C’est en résumé l’essentiel du message délivré par le ministre chargé des Affaires parlementaires Nabil Amro aux responsables libanais, à leur tête le président Émile Lahoud. Concernant le Liban, le message prend une tout autre dimension, en raison de l’ancien contentieux entre le pays du Cèdre et le Fateh. D’ailleurs, dans une conversation à bâtons rompus avec L’Orient-Le Jour, Amro a salué la clarté de la vision du président libanais et sa capacité à surmonter le passé. Amro a déclaré que «les Palestiniens sentent actuellement une tiédeur dans la position arabe à leur égard. Leur appui n’est plus ce qu’il était et les Israéliens profitent de cette situation pour affaiblir encore plus le président palestinien. Ce désengagement arabe influe aussi sur la position des États-Unis par rapport aux Palestiniens. Il faut donc rééquilibrer la situation de manière à renforcer le président Arafat». Les Syriens souhaitent la participation de Arafat Amro a vite ajouté qu’il ne se faisait pas trop d’illusions sur la solidarité arabe, «mais nous devons toujours essayer d’œuvrer en ce sens. Il ne faut pas oublier que les sommets arabes ont donné une aide financière aux Palestiniens, mais aujourd’hui, nous leur demandons en plus un appui politique, pour amener les Américains à modifier leur position». Le ministre palestinien a précisé avoir senti chez les responsables une grande compréhension de la situation palestinienne et une sympathie profonde envers notre peuple. «De plus, les Libanais souhaitent réellement aboutir à une action arabe commune d’autant qu’après la tenue du sommet à Beyrouth, c’est le Liban qui parrainera l’action arabe durant toute l’année». Est-il vrai que les Syriens ne souhaitent pas la participation de Arafat au sommet ? «Je ne crois pas que ce soit vrai. Au contraire, la Syrie encourage une action arabe commune et les contacts entre l’Autorité palestinienne et les responsables syriens sont permanents. Il y a quelques jours, un émissaire palestinien s’est rendu en Syrie. Nous avons d’ailleurs confiance dans la sagesse du président syrien et son souci de l’action arabe commune». Selon lui, les Syriens ont-ils aussi confiance dans la sagesse du président Arafat ? «Je parle pour nous. Quant aux Syriens, qu’ils répondent eux-mêmes». Il a été question d’un sommet syro-palestinien avant le sommet arabe ? «La question est toujours à l’ordre du jour et je crois que les Syriens sont prêts à accueillir le président Arafat». La présence des organisations palestiniennes opposantes à Damas ne risque-t-elle pas d’entraver une telle rencontre ? «La Syrie est un pays souverain et elle est libre d’accueillir qui elle veut sur son territoire. Cela ne nous concerne pas et ne peut constituer une entrave aux relations syro-palestiniennes. D’ailleurs, nous avons des questions bien plus importantes à traiter : la situation régionale et celle des Territoires méritent bien trop d’attention pour que l’on soulève de petites questions comme celle des organisations hostiles au Fateh présentes à Damas». Arafat abonné aux sommets arabes… D’après lui, y a-t-il des obstacles qui pourraient empêcher la participation personnelle de Arafat au sommet ? «Le seul obstacle peut venir de Sharon et le président Arafat recevra bientôt une lettre d’invitation, à l’instar des autres chefs d’État arabes. D’ailleurs, il est abonné aux sommets arabes depuis 30 ans…». A-t-il abordé le problème de la situation des Palestiniens du Liban avec les responsables libanais ? «Nous leur avons soumis un rapport sur la situation générale. Quant aux relations libano-palestiniennes, elles passent par des canaux très positifs et tous les problèmes peuvent être réglés par ce biais, dans le respect des institutions». Tous dans le même pétrin Amro revient ensuite sur la terrible situation dans les Territoires où la lutte est constante entre les tentatives de Sharon de saboter tout effort politique et l’insistance de Arafat à miser sur une solution politique. «Les Palestiniens veulent une solution politique et souhaitent une reprise des négociations et ils ont besoin de l’appui des Arabes pour convaincre les États-Unis que c’est la seule voie possible». Comment demandent-ils aux Arabes d’être solidaires avec eux alors qu’ils ne le sont même pas entre eux, le secrétaire général du FPLP ayant été arrêté ? «Le secrétaire général du FPLP n’a pas été arrêté. Il est l’hôte de l’Autorité. Il s’agit de tenter de régler d’une façon acceptable le contentieux concernant la mort du ministre du Tourisme Rehavan Zeevi. Chaque pays a ses problèmes internes qu’il essaie de régler par le dialogue. Mais il peut être contraint à prendre certaines décisions peu populaires. Cela ne doit pas empêcher les Arabes d’être solidaires avec les Palestiniens. Notre cause est la leur et nous sommes tous dans le même pétrin». À l’issue de ses entretiens officiels à Baabda, mais aussi à Koraytem, au palais Bustros et au domicile du ministre Pharaon, Amro a insisté sur l’importance du sommet arabe et sur les espoirs fondés sur cette rencontre qui pourrait permettre d’abord un regain de solidarité arabe et ensuite l’émergence d’une stratégie commune pour contrer les projets militaires de Sharon. Ce sont principalement les thèmes développés par le président de l’Autorité palestinienne dans la lettre adressée au président libanais Émile Lahoud. Ce dernier a ainsi appelé les chefs d’État arabes à lancer une action urgente afin de lever le blocus imposé à Arafat et qui pourrait l’empêcher de participer au prochain sommet. «Nous avons plus de 2 000 martyrs et plus de 41 000 blessés, écrit Arafat, sans compter la destruction quasi totale de la plupart de nos institutions économiques, agricoles et médicales». Arafat explique ensuite les mesures prises pour prouver son engagement en faveur du processus de paix, niant toute implication dans l’affaire du bateau Karine A et ajoutant qu’Israël poursuit, de son côté, ses agressions massives, dans le but de détruire l’Autorité et de nuire à l’image des Palestiniens, des Arabes et des musulmans en général. Il appelle enfin les États arabes à intervenir auprès de la communauté internationale afin que cesse cette barbarie et qu’une protection internationale soit accordée au peuple palestinien. Selon le ministre palestinien, les responsables libanais ont montré une compréhension totale des positions palestiniennes et une solidarité sincère avec le peuple palestinien. Reste à savoir si les autres pays arabes se décideront à réagir, autrement qu’en paroles. Scarlett HADDAD
Il y avait de la joie, de l’émotion et un petit pincement au cœur dans les retrouvailles du ministre palestinien chargé des Affaires parlementaires Nabil Amro avec ses amis libanais. Arrivé jeudi soir à Beyrouth dans le cadre d’une mission officielle, Amro a remis hier un message au président de la République Émile Lahoud et il a eu des entretiens avec le président du...