Vie politique - L’ancien chef du Législatif s’est entretenu avec Skaff et Harb Husseini s’efforce de mettre sur pied un nouveau bloc d’opposition

Le but des rencontres organisées hier par l’ancien chef du Parlement Hussein Husseini est la constitution du «noyau d’un rassemblement politique largement représentatif». Il s’est d’abord rendu au domicile du député Élias Skaff à Yarzé où les deux personnalités ont donné une conférence de presse conjointe à l’issue de leur entretien. Prenant la parole en premier, M. Husseini a notamment souligné la nécessité «de maintenir le contact avec les leaderships politiques du pays pour tenter de remédier à la crise et de mettre fin aux épreuves des Libanais». En réponse à une question, l’ancien chef du Législatif a en outre estimé que l’Assemblée nationale «ne joue pas du tout son rôle du fait qu’elle n’entretient pas le dialogue permanent entre toutes les factions de la société libanaise». Selon lui, si la situation dans le pays s’est détériorée à ce point, «c’est parce que les lois, la Constitution et l’entente nationale n’ont pas été respectées». Il en veut pour preuve les nominations administratives qui ont conduit à des tiraillements au sein du pouvoir car elles ne se basaient pas sur un mécanisme clair. Et d’ajouter en réponse à une question : «Le pays est en crise et nous devons faire quelque chose en veillant à coordonner notre action avec tous les Libanais (…). Notre vision (d’un règlement) est complète, mais nous devons effectuer encore d’autres contacts car toute participation doit être basée sur des convictions». M. Husseini envisage-t-il l’adhésion au bloc de libanais réclamant une réduction de la présence syrienne ? «Personne au Liban ne tient un discours personnel», a-t-il répondu avant d’ajouter : « Nous devons nous comporter conformément à la Constitution et à la conviction des Libanais. Nous devons donc nous employer à unifier les points de vue qui font l’unanimité, en l’occurrence, l’édification de l’État et de la souveraineté». Et de conclure : «Nous respectons tous les efforts déployés en vue de l’unité du pays». M. Skaff a déclaré à son tour que «la situation actuelle est devenue intolérable». De fait, selon lui, «les députés ne contrôlent pas les actes de l’Exécutif, les ministres font ce qu’ils veulent et la corruption sévit partout». «D’où les rencontres que nous organisons, a-t-il affirmé, pour créer un rassemblement susceptible d’englober tous les Libanais» ; car aux yeux du député de Zahlé, «nous ne pouvons rien changer si nous agissons individuellement». Interrogé dans ce cadre sur les mesures concrètes qu’il préconise, M. Skaff a répondu : «Jusqu’à présent, nous n’avons rien pu réaliser de nouveau. Il est vrai que les Assises de Kornet Chehwane trouvent grâce auprès de l’opinion publique. Mais aucun de leurs projets n’a pu être réalisé sur le terrain. Cela ne veut pas dire que nous devons rester passifs, et le jour viendra où les réformes que nous préconisons deviendront réalité». Pour M. Skaff, l’objectif est clair : «Il s’agit de sauver le pays de l’hégémonie politique et financière actuelle. Nous devons en finir avec les bulldozers politiques et économiques et changer la mentalité». Il estime en outre que le problème vient surtout du fait que le facteur confiance entre le peuple et le pouvoir n’existe plus. «Quand nous marchons aujourd’hui dans la rue, nous n’entendons que des insultes dues à l’échec du gouvernement». La solution ? Selon M. Skaf, «nous pouvons réussir si un cabinet restreint jouissant de la confiance du peuple est formé». L’ancien président de la Chambre s’est rendu par la suite chez le député Boutros Harb, à Mar Takla. Là encore, M. Husseini est resté dans le vague en déclarant au terme de la réunion : «Nous devons achever les contacts entrepris puis nous annoncerons les mesures que nous allons prendre». Pour M. Harb, l’essentiel est d’élaborer «un projet commun et des principes sur lesquels nous sommes d’accord». «En effet, a-t-il précisé, l’important n’est pas de nous rencontrer, mais de définir le projet sur lequel nous pouvons nous entendre».