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Actualités - OPINION

Les mécanismes convenus n’ont pas été respectés, estime Aridi

La bobine des désignations semble à première vue facile à dévider. C’est le ministre en charge d’un département qui y tire les ficelles. Il note un nom, en rature éventuellement un autre, et adresse sa copie au Conseil de la Fonction publique, pour simple avis. Puis il soumet son choix, émaillé d’attendus explicatifs, au Conseil des ministres. Qui, sauf exception motivée, doit y souscrire. Cette procédure a été élaborée par les dirigeants. Sans que personne ne la leur recommande ou ne les y oblige. Ils l’ont pourtant gaillardement foulée aux pieds. Pour passer à la trappe la plupart des requêtes présentées par les ministres. En inversant de la sorte la règle et son exception. Une démarche illogique que dénonce sévèrement le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi. Qui confirme que nombre de directeurs généraux ont été évincés sans justification ou même sans raison plausible. Sinon qu’ils ont fait l’objet de vindictes professionnelles, ou même personnelles, déterminées. Beaucoup de ces cadres expérimentés, ajoute M. Aridi, ont été mis sur la touche, sans recevoir de nouvelle affectation. Alors que l’État se plaint de manquer de bras ou, plutôt, de cerveaux. Une nouvelle fournée de parasites-malgré-eux, qui vient s’ajouter à la débordante charrette naguère montée par le gouvernement Sélim Hoss. Les relégués sont priés de se tourner les pouces en touchant leurs émoluments. Coût de l’opération à fonds (vraiment) perdus : plus de deux millions de dollars par mois. Pendant que le Trésor crie famine, en bon Libanais. Qui pis est, comme meuglait la vache citée jadis par le président Hraoui, ces vrais-faux serviteurs de l’État servent de tête de Turc, de défouloir, à des pôles politiques qui se répandent contre eux, publiquement ou en privé, en imprécations incendiaires. Une façon sans doute de se décharger eux-mêmes en accablant des subordonnés bâillonnés par l’obligation de réserve. Sans trop commenter cette dérive, ou cette forme de courage, M. Aridi souligne dans son témoignage que le président Émile Lahoud a beaucoup insisté pour le respect des mécanismes convenus. Ajoutant qu’il fallait appliquer les réglementations prévues pour les organismes de contrôle. Afin de contribuer à l’édification d’un État de droit comme des institutions. Le président Lahoud a de même rappelé au gouvernement que cet objectif ne peut être atteint sans un traitement initial du dossier administratif. Et qu’il faut à cet effet que les responsables se conforment au livre, loin des surenchères et des tiraillements de la politique politicienne. En d’autres termes, le clientélisme doit être banni, le fonctionnaire devant servir l’État et non pas des protecteurs politiques ou confessionnels. Sans quoi, il lui serait facile de ne pas remplir ses tâches, en se mettant au-dessus des lois. Les recommandations du chef de l’État sont tombées dans l’oreille d’un sourd, puisque la première tranche des nominations, la plus importante numériquement, s’est tout de suite faite de manière parfaitement arbitraire. À ce propos, des opposants s’en prennent à l’équipe Hariri. En affirmant qu’elle a parfaitement les moyens d’appliquer la loi, d’améliorer le système en le dépolitisant, pour parvenir à l’État rêvé. Sans craindre de se contredire, ou sans s’en apercevoir, ces sources reprochent ensuite au pouvoir de ne pas veiller à maintenir les équilibres politiques nécessaires, indispensables dans un pays aussi composite. Une revendication que l’on retrouve évidemment, et sans doute plus légitimement, à l’Est. Où l’on ne cesse de souligner la nécessité d’une responsabilité nationale assumée par toutes les composantes du pays. Par le partage du pouvoir et par une application assainie du pacte national, c’est-à-dire de Taëf. Avec révision de la Constitution à la clef. Pour leur part, certains ministres pensent que la refonte doit en premier lieu concerner le système de surveillance des dépenses publiques. Qui sont largement gaspillées à cause du fait que nombre d’entre elles ne sont soumises à aucun contrôle préalable. Ces ministres veulent donc que des plombiers examinent les robinets avant qu’on ne les ouvre. Ils plaident donc pour la transparence. En s’étonnant, pour citer deux exemples, des sommes astronomiques que le Conseil du Sud et la Caisse des déplacés ont englouties ces dernières années, sans que les résultats sur le terrain soient à la hauteur. Alors que, concluent ces personnalités, le budget de la présidence de la République tout comme celui de la présidence du Conseil reste réglementaire, soumis à un contrôle comptable. Philippe ABI-AKL
La bobine des désignations semble à première vue facile à dévider. C’est le ministre en charge d’un département qui y tire les ficelles. Il note un nom, en rature éventuellement un autre, et adresse sa copie au Conseil de la Fonction publique, pour simple avis. Puis il soumet son choix, émaillé d’attendus explicatifs, au Conseil des ministres. Qui, sauf exception...