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Actualités - OPINION

Jean Choueri, la flamme qui s’éteint(PHOTO)

Cela lui ressemble si peu, de partir ainsi, sans un adieu. Jean Choueri s’en est allé hier. D’un coup au cœur, à Paris. Pour nous, c’était un père. Un père fondateur de notre petite famille, Le Jour d’abord, L’Orient-Le Jour ensuite. Le seul papa qu’on appelait Monsieur, monsieur Choueri. Issu d’une grande famille versée dans le commerce de haut luxe, il s’était tourné par inclination vers les humanités. Ses diplômes en poche, il avait opté pour la diplomatie. Où son brio, son esprit légèrement caustique mais toujours généreux, sa distinction naturelle lui ont valu les postes les plus flatteurs. Mais la Carrière, tout de même empreinte de contraintes bureaucratiques, ne convenait pas vraiment à cette nature libre. Il s’était lancé dans le journalisme, sous l’égide attentive de Georges Naccache. Puis, comme il nous l’a raconté au cours des veillées où nous attendions la une, ce fut la belle aventure du Jour. Qui, en 1965, n’était qu’un titre gelé. Racheté 70 000 LL par Ghassan Tuéni pour le confier à Jean Choueri. Et à lui seul. «Cette licence, si tu n’en veux pas, je la déchire», lui avait-il lancé. Mais comment ressusciter ce Lazare ? En lui injectant du sang neuf. N’hésitant pas à payer d’audace, Jean Choueiri, épaulé par Édouard Saab, a pioché dans les universités, recrutant une poignée de jeunes licenciés. Pour leur enseigner au jour le jour, c’est le mot, ce difficile métier de nuit. Et en faire une équipe gagnante. Tellement bien rôdée que la fusion avec l’aîné, L’Orient, a pu se faire en 1971 sans accroc. L’élève avait rejoint le maître : L’Orient-Le Jour gardait à sa tête Georges Naccache et Jean Choueri. Disons-le simplement, Monsieur Choueri était bon. Bon journaliste et polémiste, cela va de soi. Bon sur le plan humain surtout. Il cultivait le contact personnel, la symbiose de groupe, jusqu’à encourager de sa présence les loisirs en commun. Que de fébriles parties de flippers tous ensemble après le bouclage. Que de dîners rieurs dans les sous-sols d’hôtels au temps maudit des réclusions de guerre. Jean Choueri, qui a dirigé le journal jusqu’en 1976, était d’une exigence absolue sur le plan professionel. Sortir, comme on dit dans le jargon du métier, sans rapporter du solide, c’était risquer la mise à pied. Et pas question de pantoufler douillettement derrière un bureau. Même si on devait ensuite bosser des heures sur des nouvelles ineptes d’agences, ce que nous appelons le travail de desk, il fallait d’abord aller sur le terrain. Éditorialiste courageux et flamboyant, défricheur, pionnier, Choueri n’hésitait jamais à mettre lui-même la main à la pâte. Pour prêcher d’exemple. Pour que lève le levain. L’Orient-Le Jour NDLR : Les dispositions pour les obsèques et les condoléances seront annoncées ultérieurement.
Cela lui ressemble si peu, de partir ainsi, sans un adieu. Jean Choueri s’en est allé hier. D’un coup au cœur, à Paris. Pour nous, c’était un père. Un père fondateur de notre petite famille, Le Jour d’abord, L’Orient-Le Jour ensuite. Le seul papa qu’on appelait Monsieur, monsieur Choueri. Issu d’une grande famille versée dans le commerce de haut luxe, il s’était...