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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Deux jeunes Libanais ont collaboré au dernier produit de l’imagerie de synthèse Disney/Pixar Jean-Claude et Sue Kalache expliquent le succès foudroyant de « Monsters, Inc. »(PHOTO)

Monsters, Inc., le nouveau film signé Walt Disney/Pixar, casse la baraque un peu partout où il est sorti. Chez nous, il faudra encore attendre le 28 mars 2002 pour rire, avec retard, comme le reste du monde. Ce film entièrement numérique est issu des laboratoires de Pixar, l’autre «maison» de Steve Jobs (patron d’Apple Computers). Jean-Claude et Sue Kalache sont deux jeunes infographistes libanais qui se sont franchement amusés à collaborer à ce film tout public. Rencontre avec Jean-Claude, chef du département de lumière, et Sue, «shading manager» (travail sur les textures virtuelles), chez Pixar USA, rentrés au pays du cèdre pour passer les fêtes en famille. «Nous sommes nés et avons été élevés au Liban», déclare d’emblée Jean-Claude Kalache avec un accent Yankee à couper au couteau. Depuis qu’ils se sont rencontrés sur les pistes de ski, il y a quelques années, ils ne se sont plus quittés. Le départ pour les States, les études supérieures d’informatique et le recrutement chez Pixar, tout a été fait en tandem. Ce couple sympa débarque dans les bureaux de la société Vincenti (distributeurs de Disney) avec la panoplie marketing (tee-shirts, casquettes, posters, autocollants…) à l’effigie du héros de Monsters Inc. Ils sont tout contents du succès monstre de Monsters, Inc. dans les salles de cinéma nord-américaines. «À sa sortie, il a tout écrasé sur son passage et pris largement la tête du box-office, il a franchi la barre des 100 millions, neuf jours après sa sortie, établissant un nouveau record pour un dessin animé : Toy Story 2, en 1999, avait mis 11 jours pour franchir la barre. Il a donc réalisé la sixième meilleure performance de sortie de tous les temps, tous films confondus», affirme Jean-Claude Kalache. Ce film entièrement conçu sur ordinateurs a pris quatre ans de travail et un budget de 90 millions de dollars. Une équipe de 300 informaticiens de différentes spécialités a planché dessus. Dont Jean-Claude et Sue, évidemment. Pour Sue, il s’agissait de donner un certain aspect, de la texture aux dessins. «Il faut travailler sur tous les angles (en 3 dimensions) et être très minutieux dans son travail», dit-elle. Jean-Claude explique que toute l’atmosphère d’une scène change avec la lumière. «Cela évoque les sentiments, l’action, met en relief une expression, un élément du décor. C’est comme dans l’action live. Mais on le fait avec des programmes informatiques». Le véritable exploit technologique du film se manifeste dans la fourrure du monstre intitulé Sulley. «Ce personnage a 2,3 millions de poils , précise Jean-Claude. Et ils sont tous animés selon les lois de la gravité pour une simulation réelle de la fourrure». L’action du film se situe dans une fabrique de gentils monstres qui collectent les cris et peurs des enfants. Fallait y penser, non ? «Quelle idée lumineuse ! Surtout qu’un concept comme celui-ci permet à la fois d’exploiter le côté bestial, puis l’aspect affectueux d’un monstre. En humanisant ses traits, en le faisant passer par toute une gamme d’émotions, le monstre devient ainsi sympathique à l’enfant qui, lui, dans la foulée, en vient à exorciser ses propres démons», analyse Sue. En ce sens, Monsters, Inc. est d’ailleurs de conception plus pédagogique que ses aïeux Toy Story et A Bug’s Life. «En le traversant, l’enfant s’y sent en sécurité. Les couleurs acidulées captent son attention, et l’énergie qui s’en dégage l’enveloppe chaudement. De fait, l’exercice proposé l’amène à se prendre rapidement d’affection, pour ce qu’il craignait jusqu’alors», poursuit la jeune informaticienne. «La démarche du réalisateur Pete Docter est simple mais brillante. En explorant un monde composé de bestioles froussardes face à l’humain, l’enfant en vient à ne plus appréhender l’inconnu de la même façon». Il faut dire que les monstres qui trempent dans ce drôle de morceau ont des bouilles archicraquantes. Mike Wazowski, ce cyclope verdâtre sur deux pattes, nous a d’emblée dans sa poche. Cette bombe d’énergie à qui Billy Cristal prête sa voix, n’a pas son pareil pour déclencher les rires. Son meilleur pote, le poilu Sulley, est, lui, aussi gros et lourd que doux. De tous les monstres, Sulley (John Goodman) est celui qui fait pousser aux enfants les cris les plus stridents. Pourtant, en dehors du travail, c’est le plus affectueux et attentionné de tous. Et lorsqu’une petite fille, elle aussi toute mignonne, parviendra à traverser cette porte qui sépare l’univers des humains de celui des monstres pour y semer l’émoi, le tendre Sulley lui portera secours. Les prouesses techniques que supporte Monsters, Inc., visiblement plus poussées encore que celles de Shrek, épatent l’adulte qui ne peut se résoudre à accepter que, devant lui, se trouvent en fait des créatures animées. «C’est que leur faciès est si riche d’expressions, leurs gestes, eux, si fluides, et leurs lèvres, elles, modulent tellement bien les sons qu’elles sont censées émettre, qu’on n’y voit que du feu», affirme Jean-Claude qui ne cache pas avoir vu le film une dizaine de fois depuis sa sortie en salle. En revanche, contrairement encore à Shrek, Monsters, Inc., cet autre produit d’animation 3D, vise d’abord à plaire aux enfants. Le sarcasme qui caractérisait Shrek et ce penchant pour le scato qui le définissait en début de parcours ne trouvent pas d’équivalent ici. Certes, l’humour du tandem Crystal-Goodman ne s’adresse quelquefois qu’aux adultes, mais l’ensemble supporte tout autant de délires visuels capables de faire rigoler les plus petits. L’époque des cartoons crayonnés et gouachés est-elle définitivement révolue ? À voir la politique des studios concurrents autour de l’animation, il semble bien que les «blockbusters» familiaux du futur seront en images de synthèses ou ne seront pas… Maya GHANDOUR HERT Pixar Société high-tech fondée en 1986, Pixar Animation Studios est le leader des animations numériques au monde. Elle a gagné des Awards pour ses films suivants : Tin Toy en 1988, Toy Story en 1995, Geri’s Game en 1997, A Bug’s Life en 1998, Toy Story 2 en 1999. Dirigée par Steve Jobs, qui est, comme on le sait, le patron d’Apple, la société Pixar emploie environ quelque 500 personnes, une grosse partie d’excellents infographistes constitue le creuset de l’entreprise.
Monsters, Inc., le nouveau film signé Walt Disney/Pixar, casse la baraque un peu partout où il est sorti. Chez nous, il faudra encore attendre le 28 mars 2002 pour rire, avec retard, comme le reste du monde. Ce film entièrement numérique est issu des laboratoires de Pixar, l’autre «maison» de Steve Jobs (patron d’Apple Computers). Jean-Claude et Sue Kalache sont deux jeunes...