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Actualités - CHRONOLOGIE

Monde arabe - Berry maintient sa position en faveur d’un report du sommet Tournée de Amr Moussa pour aplanir les divergences

Alors qu’on annonçait au Caire que le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa comptait entreprendre à partir d’aujourd’hui une tournée dans plusieurs pays arabes, y compris le Liban, pour tenter d’aplanir les divergences avant la tenue du sommet prévu fin mars à Beyrouth, le chef du Parlement Nabih Berry a maintenu hier sa position en faveur d’un report de la date de cette conférence, mais en s’abstenant de lier d’une quelconque manière sa demande à l’affaire Moussa Sadr. La tendance était d’ailleurs hier à Beyrouth à la séparation entre les deux dossiers, à la suite des critiques formulées dimanche par le secrétaire général de la Ligue contre les prises de position dans les milieux chiites libanais hostiles à la participation de la Libye au sommet, en raison du contentieux sur la disparition, en 1978, de l’imam Sadr. Irrité par ces prises de position, le régime du numéro un libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, avait demandé, au cours du week-end, le transfert au Caire du sommet. C’est en grande partie pour régler ce problème que Amr Moussa entame ce mercredi sa tournée dans six pays arabes. Au siège de la Ligue, on indique que M. Moussa effectuera aujourd’hui une visite de quelques heures en Arabie séoudite avant de se rendre le jour même à Khartoum. Dans la capitale soudanaise, M. Moussa aura notamment des entretiens avec le ministre libyen de l’Unité africaine Ali Abdel Salam Triki, en marge d’un sommet de l’Autorité intergouvernementale de développement (IGAD) qui s’ouvre demain jeudi. C’est M. Triki qui avait formulé la demande libyenne de transfert du sommet arabe, arguant de «problèmes de sécurité» au Liban. M. Moussa doit se rendre les 13 et 14 janvier respectivement en Syrie et au Liban et visitera ensuite la Jordanie et la Libye, selon la Ligue arabe. À Beyrouth, une source ministérielle, citée par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, a indiqué que M. Moussa, dont ce sera la deuxième visite au Liban en l’espace de deux semaines, va s’employer à obtenir des responsables libanais l’arrêt de la campagne antilibyenne dans les milieux chiites et des garanties de sécurité suffisantes pour convaincre le colonel Kadhafi de revenir sur sa décision de demander le transfert du sommet au Caire. Fort de ces garanties, le secrétaire général de la Ligue irait à Tripoli proposer au numéro un libyen de prendre part en personne au sommet ou de dépêcher une délégation ministérielle pour le représenter. Selon des responsables de la Ligue arabe, un transfert du sommet de Beyrouth au Caire nécessiterait «l’approbation des deux tiers des pays arabes, ce qui est actuellement peu probable». Autre sujet de divergence dont M. Moussa doit tenir compte au cours de sa tournée, l’ampleur du soutien que les Arabes doivent manifester aux mouvements de résistance contre Israël tels que le Hezbollah, le Hamas et le Jihad palestinien. La Syrie, qui soutient le Hezbollah, «appuiera la tenue du sommet à Beyrouth si elle obtient des garanties suffisantes qu’un communiqué fort, affirmant le droit de la résistance (contre Israël), sortira du sommet» , a commenté pour l’AFP au Caire le vice-président du centre al-Ahram pour les études stratégiques, Wahid Abdel Méguid. «Si on se dirige vers la publication d’un communiqué faible, la Syrie n’a pas intérêt à la tenue de ce sommet», a estimé pour sa part un diplomate arabe sous le couvert de l’anonymat. Damas avait contesté le communiqué de la réunion des chefs de la diplomatie des 22 membres de la Ligue, le 20 décembre au Caire, qui, contrairement à toutes les réunions arabes depuis le début du soulèvement palestinien, n’avait pas mentionné une seule fois l’intifada, appuyant au contraire l’appel de Yasser Arafat à cesser les opérations armées palestiniennes contre Israël. Selon des diplomates arabes au Caire, «les pressions des États-Unis s’accentuent sur les pays arabes pour qu’ils précisent leur position vis-à-vis de ce que Washington appelle terrorisme et que d’autres pays, comme la Syrie, appellent résistance à l’occupation». Bagdad a appelé lundi les pays arabes à respecter le système de rotation et à ne pas chercher des prétextes pour le saboter. Dans un communiqué, l’Irak s’est dit aussi favorable au maintien du Liban comme pays hôte du prochain sommet arabe. La presse du Golfe De leur côté, des journaux du Golfe déploraient hier la polémique sur le prochain sommet. «Les Arabes ont plus que jamais besoin de ce qui les unit et non de ce qui les divise», écrit le quotidien séoudien al-Watan. «L’actuelle polémique doit s’arrêter (...) d’autant que Beyrouth a été choisi pour abriter le prochain sommet arabe (...) en hommage au Liban, son peuple et sa résistance pour la libération d’une grande partie du Liban-Sud» de l’occupation israélienne en mai 2000, ajoute le journal. Ce choix «n’est lié à personne», poursuit le journal, dans une allusion aux Libanais qui ont émis des réserves au sujet de la participation de la Libye et de son homme fort, le colonel Mouammar Kadhafi, au sommet. «Sur quelle base M. Berry s’arroge-t-il le droit de mettre un veto à la présence d’un dirigeant ou d’une délégation arabe au sommet de Beyrouth ?» écrit pour sa part le quotidien al-Raya du Qatar. «Le monde arabe tant affaibli supporte-t-il une nouvelle crise qui accentuerait sa désunion ?» s’interroge l’éditorialiste du journal, qui entend défendre ainsi la tenue du sommet pour venir en aide aux Palestiniens, «dont la situation a atteint un point sans précédent, le gouvernement israélien de droite cherchant à les liquider». Le Premier ministre jordanien Ali Abou Ragheb a, pour sa part, jugé nécessaire hier de tenir le sommet arabe à la date prévue en mars à Beyrouth et de surmonter les différends à ce sujet. «Il est important de tenir le sommet arabe à Beyrouth à la date initialement prévue et d’assurer le succès des travaux de ce sommet de manière à consolider l’action arabe commune», a indiqué à la presse M. Abou Ragheb. Il a en outre jugé «nécessaire de surmonter tout différend (interarabe) de manière à garantir la tenue périodique des réunions au sommet arabe». Réunion du comité de suivi de l’affaire Sadr À Beyrouth, M. Berry, cité par le président du Conseil national de l’audiovisuel Abdel Hadi Mahfouz, qui lui a rendu visite hier, a rappelé avoir dit à Amr Moussa lors de sa récente visite à Beyrouth qu’un report du sommet arabe jusqu’en juin était préférable «afin de lui permettre d’échapper aux fortes pressions américaines exercées actuellement» au Proche-Orient. M. Berry avait d’ailleurs déclaré la semaine dernière que «plus on s’éloigne du 11 septembre, mieux les intérêts arabes seront défendus». M. Berry a toutefois bien précisé au secrétaire général de la Ligue que la question du sommet n’avait rien à voir avec l’affaire Sadr. La nécessité de cette dissociation faisait l’unanimité hier dans les milieux politiques. Ainsi, le chef du Mouvement du renouveau démocratique et député du Metn, Nassib Lahoud, a souligné, à l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, que la question de la disparition de l’imam «ne doit pas constituer un obstacle pour une occasion nationale aussi importante que la tenue du sommet arabe». M. Lahoud a néanmoins reproché à l’État libanais d’avoir «manqué depuis 1978 à ses devoirs» en ne réussissant pas à obtenir que la lumière soit faite autour du drame de l’imam. De son côté, le ministre des Déplacés, Marwan Hamadé, a estimé que «le sommet est une chose et l’affaire Sadr en est une autre». M. Hamadé s’exprimait à l’issue d’une réunion du comité national de suivi sur cette affaire, qui s’est tenue sous l’égide du vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan. La réunion a regroupé notamment les ministre Hamadé et Pierre Hélou, les députés Ayoub Hmayed, Élie Skaff, Robert Ghanem, Farès Boueiz, Abdel Rahman Abdel Rahman, Mohammed Fneich et Hagop Jokhadarian et le président élu des Kataëb, Karim Pakradouni. S’exprimant au nom du comité, M. Hamadé a indiqué que l’État «est appelé à adopter la cause de l’imam Sadr et de la suivre, mais sans que cela ne signifie qu’il faille poser des conditions ou torpiller des sommets». Cheikh Kabalan avait entamé la séance en se déclarant «désolé de tout le tapage fait au cours des derniers jours» sur cette affaire. «On nous a blessés. On nous a accusés de porter atteinte aux intérêts supérieurs de la nation, de ne pas vouloir accueillir chez nous nos frères arabes et encore de vouloir attenter à la vie de certains chefs d’État», a-t-il dit. «Jamais. Je le dis et le répète : le Liban est la patrie de tous les Arabes et porte dans son cœur tous leurs soucis. J’en appelle seulement à la conscience des Arabes pour leur dire que cette triste affaire (l’affaire Sadr) ne pourrait que porter atteinte à la dignité de la nation tout entière» si elle n’était pas réglée, a-t-il conclu.
Alors qu’on annonçait au Caire que le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa comptait entreprendre à partir d’aujourd’hui une tournée dans plusieurs pays arabes, y compris le Liban, pour tenter d’aplanir les divergences avant la tenue du sommet prévu fin mars à Beyrouth, le chef du Parlement Nabih Berry a maintenu hier sa position en faveur d’un report de la...