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Actualités - OPINION

DOSSIER RÉGIONAL - Le report du sommet arabe serait injustifiable Le Liban dans l’attente d’un déblocage du côté des Territoires

Selon un ancien chef de la diplomatie libanaise, le sommet arabe prévu pour le 25 mars à Beyrouth est une nécessité évidente. Son report, réclamé par le président Nabih Berry, serait injustifiable. Et préjudiciable pour la cause commune comme pour les intérêts du Liban. Étant toutefois bien entendu que les résolutions finales ne doivent pas rajouter un couac supplémentaire au long chapelet des déclarations creuses que les Arabes ont coutume de dévider. Les dirigeants des pays affiliés à la Ligue sont naturellement appelés à dégager ensemble une position solide. En fonction de l’évolution régionale, aussi bien en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien que les suites de la guerre américaine au terrorisme. L’ancien ministre souligne que, bien évidemment, le Liban est essentiellement concerné (ou menacé) par les développements dans les Territoires. Au stade actuel, note-t-il, il s’agit de voir si la mission Zinni va réussir à ramener Israéliens et Palestiniens à la table des négociations sur base du programme Mitchell. Si le dégagement attendu devait s’opérer, comme cela paraît désormais plausible sinon probable, le sommet arabe n’aurait pas de résolutions roides à adopter. Le ton serait à l’apaisement. Ce qui permettrait du reste d’étouffer les sempiternelles querelles d’opinions ou d’options entre durs et modérés, au niveau des souverains et des chefs d’État arabes. Dans la mesure où, à de rares exceptions près, tous les régimes sont favorables au processus de paix. Il ne serait donc plus question alors de mentionner dans le communiqué final l’intifada palestinienne ou la Résistance libanaise. Et encore moins de parler de les soutenir à fond. Et si les présents efforts de conciliation déployés par Washington échouaient, cédant la place à une intensification du cycle de violence ? Dans ce cas, répond l’ancien ministre des Affaires étrangères, le sommet arabe se retrouverait placé face à une lourde responsabilité historique. Il lui faudrait se mettre au diapason d’une situation tendue à l’extrême. En prenant de fortes, de fermes, de tranchantes résolutions. Il va sans dire, soupire l’ancien ministre, que cela n’irait pas sans peine car plusieurs régimes se montreraient réfractaires au jeu de l’escalade. Partant de là, ajoute-t-il, il est bon de s’arrêter un peu à la position affichée par l’Arabie séoudite. Dont l’homme fort, le prince Abdallah, a appelé les Arabes, lors du récent sommet du CCG, à une autocritique sincère. En les pressant de tout mettre en œuvre pour unifier vraiment leurs rangs afin de sauver «la nation arabe, dont le devenir même se trouve en péril du fait de ce qui se passe en terre de Palestine». À la lumière de ce sage conseil, la conférence de Beyrouth devrait se fixer comme priorité préalable la consolidation de la solidarité arabe. Condition indispensable pour promulguer des résolutions qui ne soient pas simples propos en l’air. En tout cas, souligne la personnalité citée, il est clair que si les choses devaient encore se dégrader du côté des Territoires, le sommet arabe de mars serait impérativement nécessaire. Autant pour le Liban que pour l’ensemble du camp arabe. Cet avis est localement partagé par le président Sélim Hoss, qui fut lui-même un hôte cumulatif du palais Bustros lorsqu’il dirigeait le précédent cabinet. Pour l’ancien chef du gouvernement, «le report du sommet serait contraire aux intérêts des Arabes. Cette conférence doit être porteuse de promesses, au moment où le sort des Palestiniens reste si redoutablement menacé. De même, souligne M. Hoss, il serait malséant pour le Liban, pays hôte, de prendre l’initiative d’un ajournement, même s’il devait y trouver quelque avantage». Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères cité, il existe un risque de piège. C’est-à-dire qu’à son avis, le renvoi du sommet pourrait en réalité faire l’affaire d’Israël et/ou des USA qui s’emploieraient à saboter le projet avec le concours de quelques pays arabes. Par crainte d’une sédimentation accélérée du véritable potentiel arabe contre les visées de l’État sioniste. Mobilisation qui forcerait les États-Unis à rééquilibrer leur politique pour la rendre moins partiale en faveur d’Israël. Le problème cependant est que, manifestement, plusieurs pays arabes ne sont pas disposés à souscrire à des positions en flèche. Ils œuvreraient dès lors volontiers pour le report d’un sommet qui aurait tendance, sous la pression de la rue, à jeter de l’huile sur le feu. Une escalade éventuelle qui, à leur avis, ne servirait en définitive qu’à faire le jeu de Sharon. Et qui donnerait peut-être le coup de grâce à la solidarité arabe, du moment qu’eux-mêmes ne seraient pas en mesure de se conformer aux résolutions publiées. Surtout si cela devait impliquer non seulement la rupture de toute relation avec l’État hébreu, mais également un bras de fer avec les USA. En somme, d’après la source mentionnée, ce serait surtout le camp des modérés qui préférerait, le cas échéant, que le sommet ne se tienne pas à la date prévue. Émile KHOURY
Selon un ancien chef de la diplomatie libanaise, le sommet arabe prévu pour le 25 mars à Beyrouth est une nécessité évidente. Son report, réclamé par le président Nabih Berry, serait injustifiable. Et préjudiciable pour la cause commune comme pour les intérêts du Liban. Étant toutefois bien entendu que les résolutions finales ne doivent pas rajouter un couac...