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Actualités - OPINION

Clientélisme, confessionnalisme et partage du fromage Les nominations, un test rarement réussi par l’État libanais

On avait promis monts et merveilles. Mais les nominations ont déçu à peu près tout le monde, semé la confusion et provoqué une nouvelle crise relationnelle entre les dirigeants. Où se trouve donc la faille ? Dans les quotas confessionnels ? Dans le déficit au niveau de la compétence ? Ou, comme l’affirme le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, dans la logique suivie par les institutions ? Tout cela à la fois, sans doute. Le ton avait été donné, du reste, dès l’indépendance et même avant. Un vétéran rappelle ainsi que chaque régime, chaque pouvoir établi a tenté de bourrer l’Administration d’hommes liges, en écartant si possible ceux de ses émules. La règle du jeu, basée bien évidemment sur un clientélisme à deux vitesses, voulait également qu’on réservât des places aux pôles dont on recherchait l’appui. Pour un renvoi d’ascenseur en temps opportun. Les gêneurs potentiels, les indociles, étaient éliminés, même – ou surtout– s’ils faisaient montre de capacités professionnelles transcendantes. Sous Béchara el-Khoury, qui a donc donné l’exemple, le personnel relevant du Bloc national d’Émile Eddé était systématiquement blackboulé pour être remplacé par de solides destouriens. Eux-mêmes écartés, sous le régime suivant, au profit d’inébranlables chamouniens. Fouad Chéhab a bien tenté d’y mettre bon ordre. De faire prévaloir le seul mérite, en instituant des organismes de contrôle dépolitisés. Dont, en premier lieu, un Conseil de la Fonction publique dirigé par un magistrat hautement respecté, cheikh Farid Dahdah. Cette instance, appelée à réguler l’Administration, avait pour première mission de rendre un verdict préliminaire sur tout candidat à un poste, en fonction (c’est le mot) de ses aptitudes, de son expérience, de son tissu moral, sans tenir compte de ses tendances partisanes. L’avis du CFP était certes d’ordre consultatif, le dernier mot ne pouvant revenir constitutionnellement qu’aux autorités politiques. Mais il était alors considéré comme incontournable, à cause de son objectivité. Les désignations étaient donc, dans les premiers temps, valables sur le plan qualitatif. Et la machine était surveillée de près par l’Inspection centrale ou autre, le Conseil de discipline générale se chargeant des sanctions. On faisait appel, pour l’ensemble de ces organismes, à des valeurs sûres ou prometteuses. Ainsi, rappelle toujours la même personnalité un brin nostalgique, l’on avait fait revenir de France le jeune Dr Charles Rizk, pour lui confier la direction de l’Institut d’administration générale relevant du CFP. Cet établissement formait les cadres pour diverses fonctions, même diplomatiques, économiques, financières ou sociales. Ce qui dispensait l’État de recourir aux services d’éléments puisés dans le secteur privé. L’Inspection centrale, service d’enquête interne permanente, avait à sa tête un autre haut magistrat, M. Chawkat Mounla. Le Dr Hassan Awada avait été nommé inspecteur général financier pour ses compétences et non pour ses penchants politiques. Régulièrement, on soumettait les fonctionnaires à des tests, en vue de recyclages éventuels. La réussite professionnelle a été, aux débuts de l’ère chéhabiste, au rendez-vous. Mais par la suite, le système s’est érodé et derechef politisé. Il n’en reste pas moins que le fuselage subsiste dans les formes, et qu’il faut en tirer profit. En réhabilitant, conseille l’ancien grand commis cité, les organismes de contrôle, en les restructurant en fonction de l’évolution administrative technique, et encore plus technologique. Opération qui doit naturellement aller de pair avec la modernisation, l’informatisation de tout l’appareil d’État. Ce qui implique un effort considérable de formation d’un personnel up to date. Et ce qui suppose une autre nécessité : renoncer aux désignations clientélistes ou népotiques, en faveur d’une sélection de qualité, surtout pour les postes de la première catégorie. En cessant de mélanger des critères parfois inconciliables et de ne tenir compte de l’avis du CFP que lorsqu’on ne peut faire autrement. Au nom du partage du fromage stigmatisé jadis par le président Chéhab. Émile KHOURY
On avait promis monts et merveilles. Mais les nominations ont déçu à peu près tout le monde, semé la confusion et provoqué une nouvelle crise relationnelle entre les dirigeants. Où se trouve donc la faille ? Dans les quotas confessionnels ? Dans le déficit au niveau de la compétence ? Ou, comme l’affirme le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, dans la logique...