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Actualités - REPORTAGES

À Byblos, les Adonies - duraient huit jours

(…) À Byblos enfin – pour en revenir à notre point de départ – les Adonies duraient huit jours, les sept premiers étant consacrés aux lamentations et aux funérailles du dieu. Et c’est au cours de cette grande semaine qu’on servait, dans des pots de terre, des graines de fenouil, de blé, de laitue ou d’anémone. Ces «jardins d’Adonis», comme on les appelait, ces jardins minuscules qui poussaient et se fanaient dans les huit jours, étaient tenus pour l’emblème de la brièveté de la vie, et de la vie d’Adonis particulièrement. Et c’est à cette coutume que se rattache un curieux épisode que Franz Cumont a signalé naguère et qui concerne deux femmes, deux chrétiennes d’Espagne, les saintes Juste et Rufine. La scène se passe à Séville, à la fin du IIIe siècle, et c’était le jour où défilaient les fidèles de la déesse Salambo, qui est Astarté pleurant Adonis, celle-là même que les écrivains latins appelaient Venus Lugens. Comme donc Juste et Rufine vendaient – c’était leur métier – de la vaisselle de terre cuite, il arriva que les sectateurs de Salambo voulurent acheter – ou prendre – l’un de ces vases pour en faire un «jardin d’Adonis». Les chrétiennes refusèrent avec indignation de s’associer ainsi, même indirectement, aux pratiques des païens, et elles allèrent, dans leur zèle, jusqu’à jeter au sol l’idole de Salambo. Cependant, on les obligea à suivre la procession, et elles devaient être, une fois la cérémonie achevée, torturées et mises à mort. On a d’ailleurs signalé, à des époques bien plus récentes, et on constate de nos jours encore en maintes régions du monde méditerranéen des pratiques toutes semblables à celles-là ; ainsi, par exemple, en Sardaigne et en Provence, en Provence où la fête a lieu en plein hiver, le 4 décembre, le jour de la Sainte-Barbe, tandis qu’en Sardaigne, c’est au solstice d’été, le 24 juin. Et ces dates, variant suivant les pays, rappellent les différences que nous avons constatées, suivant les temps et les lieux, pour la célébration des Adonies. À Byblos, le huitième jour était voué tout entier à la Résurrection. Les servantes du dieu s’en allaient au port pour accueillir un objet que le flot apportait chaque année, très ponctuellement, paraît-il ; c’était une tête de papyrus que les femmes d’Alexandrie avaient jetée à la mer, huit jours auparavant, à l’intention justement de leurs sœurs phéniciennes, comme un hommage d’Osiris à Adonis, car la tête de papyrus était, sur les bords du Nil, un symbole, parmi bien d’autres, de l’époux d’Isis. Et nous avons là une preuve de plus de cette parenté qui unissait étroitement Adonis à Osiris, et qu’attestait déjà la présence à Byblos, et dès le temps des Pyramides, de ce fétiche étrange qu’on appelle le zed. Ainsi, c’est par un signe ou par un message venu d’Égypte que les pèlerins de Byblos apprenaient qu’Adonis était rendu au monde des vivants. Sans doute, les fidèles ne l’avaient point vu de leurs yeux, et peut-être ne le verraient-ils pas réellement ; mais on savait du moins qu’il était là ; on le sentait présent partout, et les hommes, et les femmes plus encore, allaient et venaient, disant et répétant sans se lasser ces simples mots «Adon (c’est-à-dire : le Seigneur) est ressuscité».
(…) À Byblos enfin – pour en revenir à notre point de départ – les Adonies duraient huit jours, les sept premiers étant consacrés aux lamentations et aux funérailles du dieu. Et c’est au cours de cette grande semaine qu’on servait, dans des pots de terre, des graines de fenouil, de blé, de laitue ou d’anémone. Ces «jardins d’Adonis», comme on les appelait, ces...