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Actualités - REPORTAGES

La tradition en France et en Italie

En France, la crèche a pris, semble-t-il, une toute autre évolution. Elle est entrée, pour ainsi dire, à l’église au lieu d’en sortir. Nous ne connaissons pas de «Nativités» françaises dans l’histoire de la peinture avant le XVe siècle, qui aient pu servir de point de départ, ou même de fond, à la ronde-bosse. Mais ce besoin didactique inhérent à la condition humaine s’est traduit dans la pierre dès le début. Avant de franchir le seuil de l’Église, le fidèle chrétien doit être initié aux mystères de la religion. Il n’a donc qu’à jeter les yeux sur ce monumental catéchisme ouvert qu’est la cathédrale, pour tout apprendre, depuis la Création jusqu’à la Fin du Monde, en passant par l’Annonciation et la Nativité, par la Mort et la Résurrection de Jésus. S’étant bien pénétré, au dehors, de ces images en haut-relief, dont la cathédrale, Notre-Dame de Paris, Chartres et tant d’autres, nous a gardé de beaux exemples, sa prière, à l’intérieur, se libère de toute matière qui pourrait la rattacher à la terre, pour s’envoler vers l’Éternel. Des années plus tard, cependant, il éprouva le besoin d’un point de rappel. Et c’est ainsi que prit naissance, toujours en haut-relief, dans la Cathédrale de Chartres, par exemple, la clôture du chœur du XVIe siècle. Type napolitain Quant au transfert de ces représentations publiques auprès des particuliers, il faudrait probablement recourir à l’Italie pour en découvrir la trace. Dans ce pays, la crèche eut des fortunes diverses, passant de la Toscane à l’Italie du Nord où les modeleurs de groupes sacrés se multiplièrent, et dans le Royaume de Naples, où ils rivalisèrent de zèle et d’esprit inventif, à partir du dernier quart du XVe siècle. La plus importante réalisation de Naples date de 1484. Elle est partiellement conservée à «San Giovanni à Carbonara». Elle consacre le type de la «crèche napolitaine» : statues de bois figurant, en plus des personnages devenus classiques, des anges porte-lumières, des bergers jouant de la cornemuse, des troupeaux, des vendeurs, des musiciens, de type toscan ou napolitain, des soldats furieux tirant l’épée avec une grimace menaçante, de riches cortèges de femmes et d’hommes enturbannés, des tables de festin, et, pour ne pas perdre tout lien avec les «Mystères» et les représentations sacrées, des prophétesses et des sibylles. Il n’y manque que la grotte. Celle-ci fut adoptée dans l’île de Majorque, où il en reste un spécimen : ouverte au flanc d’une montagne, que chevauche le cortège des mages, elles est peuplée de bergers et de moutons. Ce type de «Nativité» a des précédents dans l’iconographie byzantine, qui tendait à multiplier des scènes secondaires, sans grande profondeur, faciles à se placer isolément, sans pour cela perdre leur but initial, puisqu’elles étaient toutes centrées autour d’un point de convergence essentiel, l’Enfant, créant ainsi des contrastes frappants entre l’humble naissance de Jésus et la magnificence de la vie mondaine. Ce thème est devenu cher surtout à l’art des XVIIe – XVIIIe siècles, qui, selon le goût du temps, donna l’occasion à des compositions spectaculaires, des distributions en épisodes, en scènes de genre, où les statues éveillaient plutôt la curiosité qu’elles ne stimulaient la piété.
En France, la crèche a pris, semble-t-il, une toute autre évolution. Elle est entrée, pour ainsi dire, à l’église au lieu d’en sortir. Nous ne connaissons pas de «Nativités» françaises dans l’histoire de la peinture avant le XVe siècle, qui aient pu servir de point de départ, ou même de fond, à la ronde-bosse. Mais ce besoin didactique inhérent à la condition...