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Actualités - DISCOURS

Communautés - Message de Noël du patriarche maronite - Sfeir : « Nous subissons dans l’indifférence la tutelle étrangère »

La justice et, avec elle, la paix, ainsi que la liberté d’un peuple à disposer de son destin ont disparu. C’est l’essentiel du message que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a publié hier pour ce Noël 2001. Intitulé «Dieu est amour», le message commence par une méditation sur la différence qu’il y a à savoir des choses sur Dieu, et à connaître Dieu. La connaissance intellectuelle est livresque. La connaissance par la foi est vie, souligne le patriarche, qui en vient ensuite à décrire l’état du monde, vu sous l’angle des inquiétants massacres dont le spectacle nous est donné tous les jours en Palestine. La cause profonde des guerres, souligne-t-il, réside dans l’injustice. Et de souligner l’inanité des efforts visant à instaurer une paix reposant sur la logique de la sécurité, indépendamment de la justice. Le cardinal Sfeir en vient ensuite à décrire la situation au Liban. Une situation non moins désespérante, quoique sous des formes plus subtiles, une situation ou une puissance étrangère exerce une tutelle dégradante, sans qu’il se trouve un responsable libanais pour protester contre cette indignité. Bien plutôt, ces responsables s’arrachent les lambeaux qu’on veut bien leur concéder, de leur pouvoir confisqué, et alors même que les États-Unis et la communauté internationale demandent au Liban des comptes qu’il serait bien en peine de produire. Mais Dieu est amour, conclut-il, et même ce qui paraît être mal pourrait être utilisé par Dieu pour notre bien, si la foi ne vacille pas et que notre espérance, reposant sur l’amour, apaise nos inquiétudes. Voici le texte intégral du message de Noël du patriarche maronite (les intertitres sont de la rédaction) : «Frères et fils bien-aimés, la connaissance rationnelle de Dieu et sa connaissance par la foi sont deux choses bien différentes. La première tient Dieu à grande distance de l’homme, sans le saisir dans sa vérité. Il reste pour elle quelque chose d’obscur. La seconde forme de connaissance est celle que nous transmet l’Église. Elle repose sur la parole de Dieu présente dans les Saintes Écritures. Elle nous apprend que Dieu est une personne vivante, qu’Il a un nom, qu’Il parle aux hommes, bref, qu’Il n’est pas cette force mystérieuse qui effraie et guette l’homme pour se venger et punir. “Dieu est amour” dit saint Jean dans son épître. Son amour l’a conduit à se sacrifier pour l’homme. Telle est Sa Grandeur, et Sa Tendresse pour l’homme. La plus haute expression de cet amour de Dieu pour l’homme se manifeste dans le mystère de l’Incarnation. Dans ce mystère, Dieu a accompli la volonté qui était la Sienne de toute éternité. Par son Fils unique, qui est Dieu, Il s’est fait homme et par lui Il a sauvé le monde. La constitution “La révélation divine” du concile Vatican II affirme : Il a plu à Dieu, dans Sa Bonté et Sa Sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de Sa Volonté, par le Christ, Verbe fait chair ; les hommes ont, dans le Saint-Esprit, accès auprès du Père, et deviennent participants de Sa Nature divine. Ainsi par cette révélation, provenant de l’immensité de Sa Charité, Dieu, qui est invisible, s’adresse aux hommes comme à des amis et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec Lui et les recevoir en cette communion». La joie intérieure de la fête «Nous voyons, disait de son côté Saint-Jean Chrysostome, que Jésus est issu de nous et de notre substance humaine, et qu’il est né d’une Mère vierge : mais nous ne comprenons pas comment ce prodige a pu se réaliser. Ne nous fatiguons pas à essayer de le découvrir, mais acceptons plutôt avec humilité ce que Dieu nous a révélé, sans scruter avec curiosité ce que Dieu tient caché». «C’est au mystère de l’Incarnation que les fidèles doivent la joie intérieure qu’ils ressentent en cette fête. Ils croient que le Christ est le Fils de Dieu et qu’il est devenu semblable à eux en tout, excepté le péché. Et il reste avec eux, éprouvant ce qu’ils éprouvent, s’attristant de ce qui les attriste et se réjouissant de ce qui les réjouit. Quels que soient les nuages qui assombrissent leurs vies, les rayons du soleil de Dieu ne tardent pas à percer ces nuages et à éclairer leurs consciences, pour y répandre la chaleur de l’espérance chrétienne. Car celui qui croit en Dieu ne saurait perdre l’espérance, aussi grandes que soient ses épreuves. Il n’y a donc pas de foi véritable sans espérance. Un enseignement romain antique le dit : “Rien n’est donc plus propre à affermir notre foi et notre espérance que la conviction profondément gravée dans nos âmes que rien n’est impossible à Dieu. Car tout ce que le Credo nous proposera ensuite de croire, les choses les plus grandes, les plus incompréhensibles, aussi bien que les plus élevées au-dessus des lois ordinaires de la nature, dès que notre raison aura seulement l’idée de la Toute-Puissance divine, elle les admettra facilement et sans hésitation aucune». Rien n’incite à l’optimisme «Chers fils et frères bien-aimés, Nous avons grand besoin, ces jours-ci, de renouveler et d’approfondir notre foi en Dieu. Car rien de ce qui nous entoure n’incite à l’optimisme. La haine est telle, parmi les hommes, qu’ils s’entretuent sauvagement, sans pitié, et qu’un grand nombre d’innocents tombent tous les jours. Pour le voir, il suffit de regarder autour de nous. Des hommes meurent tous les jours, tous les jours des dépouilles sont mises en terre, et le sang des enfants et des vieillards coule sans qu’ils soient pour rien dans ce qui se produit, et alors qu’ils ne demandaient qu’à vivre en paix et tranquillité. Et pourquoi? Parce que la justice a disparu. Comme le dit le Saint-Père dans son message annuel pour la Journée mondiale de la paix : La vraie paix est donc le fruit de la justice, vertu morale et garantie légale qui veille sur le plein respect des droits et des devoirs, et sur la répartition équitable des profits et des charges. Mais parce que la justice humaine est toujours fragile et imparfaite, exposée qu’elle est aux limites et aux égoïsmes des personnes et des groupes, elle doit s’exercer et, en un sens, être complétée par le pardon qui guérit les blessures et qui rétablit en profondeur les rapports humains perturbés». «À regarder nos affaires internes, n’est-ce pas aussi la justice et le pardon qui nous manquent, et au premier chef aux responsables parmi nous, pour que s’accomplisse la réconciliation dans notre société toujours divisée sur elle-même ? Oui, comment mobiliser les forces nationales pour faire face aux dangers qui nous guettent, à l’intérieur et à l’extérieur, qu’ils soient de nature économique, sociale ou politique ? Et ce, alors que nous sommes directement témoins de ce qui se passe avec des pays plus puissants, plus riches et mieux équipés que le nôtre pour faire face à leur situation économique». Devant le fait accompli «En ce qui concerne la situation interne, les avertissements se succèdent, comme si nous étions maîtres de notre destin. Et alors qu’il est désormais notoire que notre avis n’a aucun poids dans beaucoup de questions qui nous concernent, en raison de la tutelle qui s’exerce sur nous et nous place devant le fait accompli. Nous l’acceptons avec ce qui ressemble à de l’indifférence, comme si la question ne nous regardait pas, ce qui nous met dans l’obligation d’assumer les conséquences de fautes et d’abus que nous n’avons commis. Nous paraissons responsables de ce qui se passe chez nous, alors que ce qui se produit nous est imposé malgré nous. Et tandis que les tensions continuent de miner notre société, que les prisonniers politiques croupissent dans les prisons, que la situation financière se dégrade et que le mouvement d’émigration se poursuit, nous nous disputons des sièges administratifs, chose en soi importante, comme s’il n’y avait aucun autre problème à affronter». «Toutefois, en dépit de toutes les difficultés, l’espoir d’une prise de conscience générale qui placerait chacun de nous face à ses responsabilités continue de nous habiter. Car les paroles de Paul ne peuvent que résonner dans nos cœurs : “Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein». Qui sait si, providentiellement, ce qui se produit ne sera pas pour notre bien, car Dieu sait tirer le bien du mal, ou de ce qui nous paraît être un mal. «Chers fils et frères bien-aimés, Renouvelons donc notre foi dans le Fils de Dieu incarné, qui a voulu habiter avec nous et parmi nous pour l’éternité. En vous adressant à tous, résidents et émigrés, nos vœux pour la fête, nous saisissons cette occasion pour remercier tous ceux qui nous ont accueillis, au cours des voyages pastoraux que nous avons accomplis dernièrement aux États-Unis, au Canada, en Uruguay, en Argentine et au Mexique. Demandons à Dieu par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame, de répandre sur nous, en cette saison de la Nativité de son Fils, les bienfaits de sa bonté, de sa justice, de son pardon et de sa paix».
La justice et, avec elle, la paix, ainsi que la liberté d’un peuple à disposer de son destin ont disparu. C’est l’essentiel du message que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a publié hier pour ce Noël 2001. Intitulé «Dieu est amour», le message commence par une méditation sur la différence qu’il y a à savoir des choses sur Dieu, et à connaître...