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Actualités - REPORTAGES

TOURISME - L’Égypte et la France en tête du box-office, mais les agences de voyages fonctionnent au ralenti - Les Libanais, des vacanciers de dernière minute

Les Libanais voyageront-ils pour les fêtes de fin d’année ? Depuis les fameux attentats du 11 septembre et les annulations massives de réservations qui en ont découlé, les agences de voyages fonctionnent au ralenti. Qualifiées de timides au début du mois de décembre, les réservations s’accélèrent à l’approche des fêtes, car, après tout, les voyages n’ont rien perdu de leur attrait. Sauf peut-être les voyages vers les États-Unis ou les destinations lointaines, qui suscitent quelque appréhension. En effet, les lieux de prédilection des touristes libanais se limitent, en cette saison, aux destinations proches, en tête desquelles trônent l’Égypte, mais aussi Paris l’incontournable. Côté tours organisés, les annulations ont atteint 90 % après le 11 septembre. Légère en octobre et novembre, la reprise semble plus perceptible en décembre. En effet, au début du mois, à l’agence Nakhal, près de 50 % des prévisions avaient déjà été atteintes, chiffre encourageant, vu que le Libanais aime s’informer et effectue ses réservations à la dernière minute. «Cependant, les réservations se sont concentrées sur les destinations proches, comme l’Égypte, mais aussi la Turquie, Chypre, la Jordanie et les Émirats arabes unis», explique la directrice, Liliane Daher. Destinations qui procurent le dépaysement recherché et qui sont très abordables, vu la sensible baisse des tarifs dans les pays du Moyen-Orient, suite aux annulations des tours venus d’Europe et des États-Unis. «En effet, remarque-t-elle, les Libanais veulent voyager sans trop débourser et se rabattent sur les programmes organisés préétablis, comme la croisière en Haute-Égypte, sur le Nil en bateau cinq étoiles ou le séjour à Sharm el-Sheikh, dont les tarifs défient toute concurrence». Si les tours organisés en France restent une des spécialités de l’agence, ils sont moins sollicités cette année, alors que les demandes pour l’ensemble de l’Europe accusent une baisse sensible, remarque Mme Daher. «Cette réserve relève plus de la crise économique que de la peur, car la France reste un must pour les Libanais», ajoute-t-elle. C’est la raison pour laquelle l’agence offre à sa clientèle, issue de toutes les catégories sociales, des possibilités de crédit sur 7 mois. Mais la directrice déplore la fermeture de nombreuses compagnies d’aviation, qui a paralysé le tourisme vers l’Europe, notamment l’Autriche, pour laquelle l’agence était un excellent tour opérateur. Destinations proches et petits budgets Si les voyages à la carte ont eux aussi leurs adeptes en cette période de fêtes, ils accusent un net ralentissement, par rapport à l’année passée, depuis le 11 septembre. Et pourtant, les voyagistes ne perdent pas espoir d’avoir une bonne saison, leur clientèle s’étant rabattue sur des destinations plus proches. Touristes invétérés, gourmets du voyage, aimant sortir des sentiers battus, ils se font concocter des circuits, rien que pour eux, en fonction de leur budget. «Notre clientèle, recherchant le confort et l’excellence du service, est généralement aisée et n’a pas cessé de voyager malgré la crise économique. C’est d’ailleurs à son intention que nous avons organisé des croisières sous les tropiques pour les fêtes de fin d’année, vers Cuba ou les îles Caraïbes», explique Josiane Riachi, directrice de Translebanon Tours. «Mais à partir du 11 septembre, nous avons senti un net ralentissement que nous estimons à 25 % en octobre et à près de 12 % en novembre. Hormis la panique créée dans le monde entier par les attentats du 11 septembre, être Libanais à l’étranger, durant cette période, n’était pas spécialement agréable», ajoute-t-elle. Et de poursuivre que pour la période des fêtes, la clientèle a mis du temps à se décider, mais que la saison s’annonçait quand même relativement bonne, certains vols ayant été bouclés dès le début du mois de décembre. «Cependant, note-t-elle, la clientèle a généralement opté pour des destinations proches. Si elle boude Londres, plus facilement assimilée aux États-Unis, elle reste fidèle à la capitale française, qui constitue notre force. Indépendamment des prix intéressants que nous obtenons dans des hôtels de luxe, notre formule de location d’appartements meublés, dans les meilleurs quartiers de Paris, rencontre de nombreux adeptes, car elle est à la fois économique et pratique pour les familles». Par ailleurs, à l’agence Kurban Tours, dont la clientèle recherche tout autant le voyage sur mesure, la nouveauté et le dépaysement, près de 60 % des estimations avaient déjà été atteintes, début décembre, pour les voyages de fin d’année. «Le travail a gentiment repris, nous travaillons bien, mais cela ne ressemble pas vraiment à une période de fêtes», déplore Nadine Boutros, directrice de l’agence, qui souligne une baisse généralisée des prix, variant entre 10 et 20 % par rapport au mois de décembre de l’année passée. «Généralement, la destination la plus demandée reste Paris, constate-t-elle, mais notre clientèle, majoritairement haut de gamme, en quête de nouveautés, se tourne de plus en plus vers d’autres destinations, hors circuits, comme l’Afrique du Sud, les îles Maurice, les Seychelles, etc.». Depuis le 11 septembre, les gens privilégient les destinations proches ainsi que les courtes vacances, par peur des attentats et des accidents. Ils apprécient le changement d’ambiance, ne serait-ce que pour quelques jours. À l’honneur, cette année, pour les fêtes, Chypre, la Jordanie, Istanbul, Prague et Budapest, qui ont l’avantage d’offrir un excellent rapport/qualité prix, vu la baisse des tarifs depuis la diminution du tourisme en provenance d’Europe. Et d’ajouter que malgré les annulations massives de réservations durant les mois de septembre et d’octobre, qu’elle estime à 30 %, l’agence clôture l’année raisonnablement. Cependant, conclut Mme Boutros, ce n’est pas pour le mois de décembre que je m’inquiète, c’est surtout pour les trois premiers mois de l’année prochaine. Les destinations lointaines boudées Pour les spécialistes des longs voyages, des vacances exotiques vers l’Extrême-Orient, le Mexique, mais aussi l’Espagne, le Maroc et les pays du Maghreb, la saison des fêtes s’annonce morose, car les affaires semblent aller moins bien. Les vacanciers ne se bousculent plus pour les destinations lointaines. La peur de l’avion mais aussi la crise économique sont montrées du doigt. «Les gens s’informent, mais début décembre, nous n’avions même pas atteint 30 % de notre chiffre habituel pour les fêtes de fin d’année, alors que l’année passée, à la même période, il était problématique de trouver des chambres libres en Thaïlande ou dans d’autres villes d’Asie», déplore Élie Younès, directeur de l’agence de voyages Skyways. Malgré un mauvais début, M. Younès est convaincu qu’il vendra sans problème les destinations vers l’Extrême-Orient car, dit-il, nous avons des approches préférentielles avec les ambassades, permettant aux vacanciers d’obtenir facilement le visa, alors que nous proposons aussi des facilités de paiement sur 10 mois. Cependant, les mesures drastiques prises par certains pays, notamment le Mexique, qui ne délivrent plus les visas qu’au compte-gouttes, ont contraint l’agence à arrêter de proposer cette destination. «Voyager est devenu un luxe, regrette le voyagiste, surtout depuis le 11 septembre». Car les attentats ont pesé sur le tourisme vers le Liban, qui a subi un coup dur. «En effet, souligne-t-il, notre département réceptif a subi l’annulation de plus de 32 groupes dont la venue était prévue entre les mois de septembre et de décembre». Contraint de procéder à une compression de personnel pour survivre, M. Younès espère encore que le mois des fêtes lui permettra de compenser les importantes pertes dues à la situation internationale. Travaillant autant le voyage à la carte que le tour organisé, Charbel Ghosn, directeur de Liban Loisir, est dans l’expectative. «Le début du mois de décembre était mauvais, explique-t-il. Nous avons d’ailleurs accusé une importante baisse depuis le 11 septembre, comme partout dans le monde, mais le marché commence à bouger, à l’approche des fêtes, comme prévu. Car il est dans les habitudes du Libanais de se décider à la dernière minute», ajoute-t-il. D’ailleurs, reprend le directeur de l’agence, qui déménage à la rue Monot, les vacanciers privilégient les destinations proches, à budgets réduits, comme Chypre et Sharm el-Sheikh, mais aussi Dubaï, Athènes et Paris. «Cependant, déplore-t-il, l’Égypte n’est plus intéressante, car la concurrence est trop forte et casse littéralement les prix». Si sa force réside dans les prix préférentiels qu’il obtient dans les hôtels en Europe, M. Ghosn dénonce le problème créé par les compagnies aériennes qui accaparent le marché en vendant des paquets incluant billets d’avion et hôtels. «Cela nous force à renégocier les tarifs avec les hôtels, explique-t-il, car nous ne pouvons jouer avec les prix des billets, ayant une marge de bénéfices nettement moindre que les compagnies aériennes». Morosité est un terme que les voyagistes se refusent à utiliser. Ils préfèrent attendre la fin du mois pour se prononcer, car ils se veulent optimistes. Le Libanais n’est-il pas, après tout, un vacancier de dernière minute ?
Les Libanais voyageront-ils pour les fêtes de fin d’année ? Depuis les fameux attentats du 11 septembre et les annulations massives de réservations qui en ont découlé, les agences de voyages fonctionnent au ralenti. Qualifiées de timides au début du mois de décembre, les réservations s’accélèrent à l’approche des fêtes, car, après tout, les voyages n’ont rien...