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Actualités - CHRONOLOGIES

COMMUNAUTÉS - La discrimination politique et administrative contre les chrétiens est flagrante, constatent les patriarches et évêques catholiques - Convivialité : un état des lieux très inquiétant

C’est un état des lieux très inquiétant de la convivialité, sur les plans politique et administratif, que les patriarches et évêques catholiques au Liban, réunis à Bkerké pour leur session annuelle (10-15 décembre), ont établi samedi, à la clôture de leurs travaux. Entamée en présence notamment des patriarches maronite, grec-catholique et arménien-catholique, et consacrée à la convivialité («Al-aych al-mouchtarak»), la session s’est achevée par la publication d’un communiqué final qui rappelle que, selon la Constitution, tout ce qui s’oppose à la convivialité est privé de légitimité. Le communiqué final enregistre un rétrécissement notable des espaces de la convivialité, sur les plans politique et administratif, mais note, en contrepoint à ce noir tableau, l’existence d’efforts méritoires pour redonner sens à cette convivialité dans les services sociaux comme l’enseignement, le développement des petites entreprises et les soins hospitaliers. Divisé en deux grandes parties, le communiqué commence par exhorter les responsables à «préserver le dépôt de la convivialité», miné par une discrimination flagrante entre chrétiens et musulmans, dans l’Administration et au niveau du pouvoir exécutif. Faisant manifestement allusion au récent train de nominations administratives, les prélats dénoncent en particulier une apparente volonté d’affaiblir les communautés chrétiennes, en les excluant du pouvoir exécutif et en réduisant leur nombre et leur influence dans les administrations. Mais, selon les patriarches et évêques, «en minant la convivialité islamo-chrétienne, ce sont les fondements mêmes d’un Liban indépendant et souverain qui sont affaiblis». De là à penser que cet affaiblissement est planifié dans la perspective d’une annexion du Liban par la Syrie, il n’y a qu’un pas, que les patriarches et évêques catholiques avaient franchi par le passé. Sans y revenir explicitement dans leur communiqué actuel, les prélats réclament que, pour sauver une formule d’entente qui, à certains égards, «est l’avenir du monde», «l’esprit et la lettre de l’accord de Taëf» soient respectés. En particulier, ils demandent «le renforcement de la souveraineté libanaise par le rééquilibrage des relations avec la Syrie, dans l’intérêt commun des deux États et des deux peuples». Abordant la question sous son angle religieux, l’assemblée met en garde contre l’exploitation de l’appartenance religieuse à des fins politiques et sa transformation en un fanatisme qui mine les fondements de la convivialité. «Placer la loyauté à l’égard de la communauté au-dessus de la loyauté à l’égard de la nation va à l’encontre du bien commun et abolit l’égalité des chances dans l’accès à la fonction publique, mettent-ils en garde. Musulmans et chrétiens ne peuvent vivre ensemble si la religion se transforme en idéologie politique utilisée comme instrument d’autorité et même d’oppression». «Pas de saine convivialité quand la religion est mêlée à la politique», concluent les patriarches et évêques catholiques, qui dénoncent «le remplacement de personnes compétentes par pure complaisance à l’égard de ceux qui détiennent le pouvoir ou de leurs proches, et ce au détriment du Trésor public et de l’avenir des institutions et des Libanais». Le communiqué dénonce le pouvoir ainsi qu’une «justice politisée», qui «prend pour cible, de façon flagrante, un groupe communautaire et politique déterminé, afin d’en affaiblir le rôle, ainsi que des organisations chrétiennes dont les chefs sont hâtivement accusés et emprisonnés, et dont la dignité et les droits sont bafoués». Raisons d’espérer Toutefois, à ce noir tableau, les prélats catholiques apportent un contrepoint positif. Les patriarches et évêques catholiques commencent par statuer que «ce qui édifie la convivialité, c’est l’amour, incarné dans les services sociaux». Le communiqué enchaîne en rappelant aux responsables leur devoir d’instaurer la justice sociale et une juste redistribution de la fortune nationale, et de prendre les mesures indispensables pour un redressement de la situation économique et financière du pays, afin d’épargner à la population les alternatives de la pauvreté, du chômage et de l’expatriation. Les prélats demandent également à l’État d’encourager, notamment par des exemptions fiscales, les instituts qui ont pour vocation de «former des formateurs» au dialogue des cultures et à la convivialité, que ce soit dans l’information, les écoles, les universités, etc. La population scolaire totale du Liban est évaluée à 830 000 élèves, tandis qu’on compte quelque 120 000 étudiants, soulignent les prélats. Cet espace pourrait être gagné à la convivialité ou, au contraire, perdu pour elle, au profit des fanatismes confessionnels étroits. En conclusion, le communiqué fait mention des massacres perpétrés par Israël contre le peuple palestinien et, les déplorant, dénonce «toutes les formes de terrorisme» qui se manifestent à l’occasion de ce conflit.
C’est un état des lieux très inquiétant de la convivialité, sur les plans politique et administratif, que les patriarches et évêques catholiques au Liban, réunis à Bkerké pour leur session annuelle (10-15 décembre), ont établi samedi, à la clôture de leurs travaux. Entamée en présence notamment des patriarches maronite, grec-catholique et arménien-catholique, et...