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Actualités - CHRONOLOGIES

La pilule ne passe pas aussi facilement que prévu

Comme le remarquait le bon La Fontaine, on ne peut pas contenter tout le monde et son père. Les nominations ont donc inévitablement soulevé des remous. Qui seraient restés, à dire vrai, sur le mode mineur n’eût été l’entrée en lice, et en force, de Bkerké. On sait en effet que le patriarche Sfeir a fermement protesté contre la énième discrimination frappant les chrétiens, et particulièrement les maronites, à travers ces désignations administratives, fidèle réplique en quelque sorte des législatives ou de la formation des cabinets. Piqué au vif, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, répond en substance en se référant aux bordereaux nominatifs. Des pièces à conviction dont le décryptage communautaire démontre, à l’en croire, que le nombre de promus chrétiens aux postes de la première catégorie dépasse celui des mahométans. M. Hariri soutient qu’il en va de même pour les charges considérées comme les plus importantes, sinon comme les plus prestigieuses. Mais, se voulant bonne pâte, le chef du gouvernement annonce qu’il est prêt à revoir sa copie. C’est-à-dire à procéder à des permutations, à des échanges déterminés si cela peut gommer le désappointement des chrétiens, sur le plan quantitatif aussi bien que sur le plan qualitatif. Comment cela pourrait-il se faire ? En nommant une commission de révision uniquement formée de ministres chrétiens, propose benoîtement le Premier ministre. Une tactique de relance classique, qui vise en réalité à prouver que les détracteurs de l’opération parlent un peu à tort et à travers, sans vérification des données matérielles réelles. Le président Hariri ajoute en effet qu’il n’y a jamais eu par le passé de train de désignations aussi relevé en termes de compétence, d’expérience et de probité reconnue. Il se hâte cependant de rappeler qu’il n’est pas d’usage de juger de manière anticipée et qu’il faut attendre les résultats concrets en matière de rendement des administrations. Le président du Conseil estime, en outre, que dans les délicates circonstances que traverse le pays, il est tout simplement inadmissible de se positionner en fonction de critères confessionnels pour critiquer les initiatives du pouvoir. En soutenant que de telles observations sur les déséquilibres portent atteinte à la coexistence. Des haririens affirment pour leur part qu’au départ, leur chef avait l’intention de mettre de côté les critères confessionnels, pour ne retenir que les qualifications techniques. En effet il est toujours possible que l’on ne trouve pas dans une communauté précise des éléments capables d’assumer telle direction générale qui lui est traditionnellement dévolue. Le chef du gouvernement relevait, selon ses proches, qu’il y avait déjà quelques exemples d’exception, comme la Sûreté générale, habituellement réservée aux chrétiens mais attribuée à un chiite, le général Jamil Sayyed, en raison de ses évidents mérites. Dans cette logique, si le gouvernorat de la Banque centrale est demeuré dans la dot des chrétiens, c’est grâce à la valeur de son titulaire, M. Riad Salamé. Ultérieurement, s’il ne devait pas se trouver un membre de la même communauté à la hauteur de ce poste, il devrait être confié au plus apte. Et ainsi de suite. Mais, reconnaissent ces haririens, le président du Conseil s’est vite aperçu que le fruit n’était pas encore assez mûr pour l’ensemble du panier. D’autant que Taëf et la Constitution ordonnent explicitement le respect provisoire de la parité communautaire au niveau de la première catégorie. Passer outre à ces préceptes aurait provoqué une tempête politique aux conséquences incalculables. Quoi qu’il en soit, les loyalistes, tout en affirmant qu’il n’y a pas de rupture d’équilibre au niveau de la répartition confessionnelle, reconnaissent que des régions chrétiennes comme le Kesrouan, Jbeil et Batroun ont été négligées. Ils promettent d’y remédier par un train de nominations supplémentaire. Du côté du régime, on défend avant tout l’idée d’une évolution vers un choix basé sur la compétence. Et l’on rappelle le mot du président Lahoud, pour qui il est nécessaire de doter le pays d’une bonne Administration, grâce au renforcement des organismes de contrôle, pour consolider la confiance dans l’État des institutions et du droit.
Comme le remarquait le bon La Fontaine, on ne peut pas contenter tout le monde et son père. Les nominations ont donc inévitablement soulevé des remous. Qui seraient restés, à dire vrai, sur le mode mineur n’eût été l’entrée en lice, et en force, de Bkerké. On sait en effet que le patriarche Sfeir a fermement protesté contre la énième discrimination frappant les...