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Actualités - OPINIONS

Guérisons de Lourdes et observations scientifiques

Notre éternel espoir doit être d’expliquer un jour l’inexpliqué. Est-ce que le miracle se prouve ? Il faut y croire. Il n’y a plus à comprendre dès que Dieu intervient. … Il n’y a pas de besogne plus héroïque que d’établir la plus petite des vérités. … Les gens qui viennent discuter ici me font rire, quand ils parlent au nom des lois absolues de la science. Émile Zola, Lourdes. Si le voyage de Lourdes (juillet 1903) marque une date dans la vie intérieure et dans l’évolution spirituelle d’Alexis Carrel, les faits qu’il lui fut donné de constater ne laissèrent pas de s’imposer ensuite à la recherche du savant. À ces guérisons qualifiées d’«anormales», mais qui existent, le docteur Carrel voulait qu’en dehors de toute explication philosophique et religieuse, la science appliquât ses méthodes d’analyse – et dans le dossier qu’il avait lui-même constitué sur Lourdes, il avait recueilli de nombreuses observations d’ordre strictement scientifique. Le voyage de Lourdes Le docteur Carrel dut, à l’époque, défendre ses vues dans la presse. La note que voici les résume : Chaque année, des milliers de pèlerins et de malades se dirigent vers Lourdes, et à la suite de ces expéditions, la presse catholique publie un certain nombre de faits extraordinaires, qu’elle qualifie «miracle». Pendant bien longtemps, les médecins ont refusé d’étudier sérieusement ces cas de guérisons, bien que ce soit commettre de lourdes fautes scientifiques que de nier la réalité d’un fait sans l’avoir examiné préalablement. Lourdes enveloppait peut-être des faits authentiques, d’une apparence telle qu’il était difficile de les prendre au sérieux. En outre, les questions de religions et de partis venaient encore travailler les esprits. Aucune critique, vraiment indispensable et sérieuse, n’a été faite jusqu’à nos jours. On s’est perdu dans des considérations sur les origines des faits. Toute l’histoire de Lourdes peut se résumer en deux mots : en 1858, une bergère vit en apparition la personne que la religion catholique désigne sous le nom de Vierge Marie. À la suite de cette apparition, quelques cas de guérisons se produisirent chez des malades conduits à la grotte de Massabielle. L’affluence devint de plus en plus considérable, et actuellement des trains entiers y apportent leurs malades. Nous ne discuterons pas ces croyances – au risque de scandaliser les croyants et les incroyants. Nous dirons qu’il importe peu que Bernadette ait été une hystérique, un mythe ou une folle, et même qu’elle ait réellement existé. Il s’agit seulement de considérer les faits, tels qu’ils peuvent être scientifiquement constatés en dehors de toute interprétation métaphysique. Pour beaucoup d’esprits, rien ne peut se produire par le jeu des forces naturelles, en dehors des faits observés depuis longtemps, décrits dans les livres et groupés plus ou moins artificiellement à l’aide des théories. Lorsqu’un phénomène se présente, assez rebelle pour ne pas vouloir pénétrer dans les cadres trop rigides de la science officielle, on le nie, ou bien on sourit. Le mathématicien Laplace, écoutant la communication de Pictet sur les aérolithes, s’écria : «Nous en avons assez de fables pareilles !». Les aérolithes étaient la nouveauté de l’époque. Avant de conquérir le droit de cité, leur existence fut niée. Chaque époque a vu apparaître des faits qui semblent extraordinaires aux savants, et dangereux parce qu’ils brisent les formules schématiques où l’esprit humain a plaisir à s’enfermer. Les esprits prétendus scientifiques les nient ; les autres les considèrent comme surnaturels. Un fait est déclaré surnaturel lorsqu’on n’en connaît pas la cause. Tant que les hommes n’ont pas su expliquer les éclipses, ils y ont vu des effets surnaturels, parce que les éclipses représentaient une anomalie à l’ordre astronomique quotidien. Le côté surnaturel du phénomène a disparu en même temps que l’ignorance de la cause. En présence des faits anormaux, nous devons faire des observations exactes, sans nous préoccuper de la recherche de la cause première, sans nous inquiéter surtout de la place que doit occuper le phénomène dans le cadre de la science actuelle. «Il faut chercher à briser les entraves des systèmes philosophiques et scientifiques, comme on briserait les chaînes d’un esclavage intellectuel», a dit Claude Bernard. Certes, il ne faut jamais mettre en doute les faits scientifiques vraiment démontrés. Mais, à côté de quelques points lumineux, les lois naturelles sont encore couvertes pour nous de ténèbres si épaisses que ce serait singulièrement rétrécir notre champ de connaissance que de le limiter aux seules lois actuellement connues. Il en existe sans doute beaucoup d’autres, et le progrès scientifique consiste à chercher le nouveau, à analyser les phénomènes extraordinaires, à accuser leur individualité, à voir en quoi ils diffèrent des faits déjà connus, afin de trouver de nouvelles lois. La science doit se tenir en garde constamment contre la supercherie et la crédulité. Mais il est de son devoir de ne pas rejeter les faits par cela seul qu’ils semblent extraordinaires et qu’elle demeure impuissante à les expliquer. Dans le monde médical, beaucoup de gens nient les faits qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’observer. C’est une erreur de jugement. Celui qui étudie ces questions n’a pas les mêmes éléments de certitude que s’il opérait dans son laboratoire, avec des instruments d’une sensibilité constante, dont il n’a qu’à lire les indications sur des substances qui sont toujours sous sa main. Il doit également faire abstraction de toute idée préconçue, et ne pas ajouter foi à la légère et se laisser induire en erreur par des dépositions tendancieuses et mensongères. Il doit se méfier du fanatisme des gens sincères. Il doit, en outre, affronter les préjugés religieux et antireligieux, la dérision et l’incompréhension de la foule des esprits forts et poursuivre hardiment, malgré tous les obstacles, le but qu’il se propose d’atteindre. Un sujet de recherche ne doit pas être abandonné parce qu’il est difficile à explorer, ou parce qu’il est négligé ou méprisé par les savants contemporains. Les sujets que nous allons étudier sont niés par les uns et considérés comme surnaturels par les autres. Avant de nier, il faut examiner : c’est le rôle de la science. Nous voulons seulement faire remarquer que les phénomènes surnaturels sont bien souvent des faits naturels dont nous ignorons la cause. Si nous trouvons la cause scientifiquement, si nous établissons le fait, chacun est libre de l’interpréter comme il lui plaît. L’analyse ne doit pas être considérée par les catholiques comme une œuvre sacrilège ou comme une attaque. C’est simplement une étude scientifique. La science n’a ni patrie ni religion.
Notre éternel espoir doit être d’expliquer un jour l’inexpliqué. Est-ce que le miracle se prouve ? Il faut y croire. Il n’y a plus à comprendre dès que Dieu intervient. … Il n’y a pas de besogne plus héroïque que d’établir la plus petite des vérités. … Les gens qui viennent discuter ici me font rire, quand ils parlent au nom des lois absolues de la science....