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Actualités - OPINIONS

RELIGIONS - Commémoration du dogme tous les 8 décembre, depuis 1854 - L’Immaculée Conception dans le christianisme et dans l’islam

Depuis que le pape Pie IX déclara le 8 décembre 1854 le dogme de l’Immaculée Conception, cette date fut adoptée pour sa commémoration annuelle par toute la chrétienté. La décision du souverain pontife vint entériner une tradition millénaire ancrée au sein des Églises orientale et occidentale depuis l’aube du christianisme, s’appuyant sur les textes bibliques et les exégèses des Pères de l’Église ainsi que sur les cultes et les traditions populaires. Trois ans et trois mois plus tard, la Vierge apparut à Lourdes le 25 mars 1858. Elle confirma la décision papale en disant : «Je suis l’Immaculée Conception». Depuis, les pèlerinages à Lourdes s’enflent d’année en année et les miracles ne se comptent plus. Mais bien avant le christianisme, l’islam avait vénéré la Vierge Marie «conçue sans péché». En effet, une des personnalités les plus aimables, les plus gracieuses et les plus dignes de respect et de vénération dans le Coran est celle de Marie. Dieu s’en est occupée personnellement, l’ayant choisie bien avant sa Conception et sa naissance. Il l’a fait délivrer des griffes du démon et la confia aux anges et aux grands prêtres du temple qui se relayaient à son service. En parlant de Jésus «Verbe de Dieu», le Coran ne lui donna que Marie comme attribution parentale, disant : «Issa fils de Marie», honorant ainsi la mère aux dires de Sayouti qui expliquait que Jésus, tout comme Adam, n’avait pas de père humain. La tradition qui réunit Jésus et Marie dans un même culte de respect et de vénération dus aux personnes divines remonte à l’époque des «Naçarah» d’Arabie, cette secte chrétienne dont la Ka’aba constituait un des hauts lieux de pèlerinage avant l’islam. Al-Azraqi dans son histoire de La Mecque raconte qu’après la conquête musulmane, le prophète Mahomet entrant dans le sanctuaire de la Ka’aba avait demandé que l’on effaçât toutes les fresques à l’exception de celles représentant la Vierge Marie portant son fils. Cette représentation resta visible sur les murs du sanctuaire jusqu’à l’incendie qui le ravagea sous le califat de Yazid Ibn Moawiya (681 – 683). Ce qui nous intéresse ici, c’est l’importance extrême que le Coran et ses exégètes attribuent au dogme de l’Immaculée Conception qui était aussi patent et évident dans toutes les Églises orientales bien avant que le pape Pie IX ne l’entérine en 1854. Les commentateurs musulmans du Coran de l’époque s’accordent tous à confirmer la pureté de la croyance en l’Immaculée Conception de Marie et sa naissance non entachée par le péché originel. (Voir plus loin ce qu’en dit le Coran dans la traduction française de Régis Blachère : versets 30 à 39 de la sourate de «Imrane»). Très vite, il apparut aux commentateurs que ce texte puissant et concis avait besoin d’explications détaillées. Ils se référèrent alors aux traditions orales rapportées par leurs vieux sages et érudits et surtout aux compagnons du prophète Mahomet, prenant en compte aussi les vieilles histoires et les prédictions des prophètes antérieurs. Al-Bokhari dans son Sahih attribue à Abi Horaira cette phrase qu’il avait entendue prononcée par le Prophète : «Qu’aucun nouveau-né ne vient au monde exempt de la marque de Satan qui le fait pousser le premier cri mis à part Marie et son fils». Chouayb Ibn Mohammad ajoute, se référant à Qatada : «Tout être humain est frappé par le dard de Satan au jour de sa naissance hormis Issa et sa mère, car Dieu les a isolés par un voile où le dard de Satan est venu se ficher» et «ils furent épargnés des péchés qui sont le lot de tous les êtres humains». Il n’y a pas de doute que la clarté des explications qui ont précédé, nonobstant leur valeur intrinsèque, nous renseignent sur le regard que les musulmans portaient sur un des plus importants dogmes de la foi chrétienne. Il reflète une unanimité autour d’une croyance répandue, à cette époque, parmi les chrétiens, surtout après que l’Église orthodoxe universelle eut condamné les hérésies d’Arius et de Nestorius qui mettaient en doute la pureté de la Vierge Marie. On dirait que les textes explicites du Coran et des Hadith ne sont là que pour réfuter les allégations des hérésiarques et de leurs adeptes, se basant sur ce qui était communément admis et répandu dans les milieux chrétiens et dans la société qui a vu naître l’islam. C’est ce qui ressort aussi des enseignements de l’Église orientale sur l’ampleur du culte voué, à cette époque, à la Vierge Marie et que confirme l’opinion musulmane. Cependant, la vénération exagérée vouée à Marie a fait apparaître, à partir du Ve siècle, d’autres hérésies telles que celle des «Marianistes» qui tendaient à la déifier comme le rapporte saint Épiphane. Ces hérésies trouvèrent un écho favorable auprès des «femmes arabes». On retrouve trace de ces hérésies combattues par l’Église dans le Coran qui, après s’être étendues sur les vertus de la Vierge, fait dire à Dieu : «O Issa, fils de Marie, est-ce toi qui a dit aux gens considérez-moi et ma mère comme des dieux ?» (Sourate al-Mäidat). Nous retrouvons aussi dans l’Évangile apocryphe attribué à Thomas le mineur beaucoup de renseignements sur l’enfance de Marie et son adolescence, surtout en ce qui concerne ses repas servis venant des jardins du Paradis. Toutes ces histoires furent reprises par les chroniqueurs arabes comme at-Tabari, al-Baydaoui, al-Kissai et ath-Tha’alibi. Mais voyons ce que ath-Tha’alibi rapporte; il distingue d’abord entre Imrane père de Marie et Imrane père de Moïse et raconte que la femme de Imrane dit : «Dieu, j’ai voué à ton culte le fruit de mes entrailles…», les exégètes dirent : «Cette femme c’est Anne grand-mère de Jésus et cet Imrane est le fils de Nathan et non Imrane père de Moïse, car il y a entre eux 1 800 ans». Dieu accepta le vœu d’Anne et lui assura que le Démon ne la touchera pas. Quand Marie est née, sa mère l’enveloppa dans un drap et la porta au temple. Elle la déposa entre les mains des grands prêtres qui étaient au nombre de trente, tous descendants d’Aaron. Elle leur dit : «Occupez-vous de cette enfant vouée à Dieu. Les grands prêtres se disputèrent alors l’honneur de son éducation, car elle était la fille du premier d’entre eux. Zacharie leur dit alors : Laissez-la moi, car je suis le plus méritant et le plus apte d’entre vous, car sa tante est dans ma maison. Les prêtres lui répondirent : «Ne fais pas cela, car si cette enfant devait revenir au plus méritant, c’est à sa mère qu’on l’aurait laissée. Mais tirons au sort celui à qui il reviendra l’honneur de l’élever. Ils sortirent alors du temple et se dirigèrent vers le Jourdain. Une fois sur la rive du fleuve, ils y jetèrent leurs crayons avec lesquels ils copiaient les textes sacrés de la Bible. Tous les crayons partirent à vau-l’eau à l’exception de celui de Zacharie qui surnagea sur place. On sut alors que Dieu avait jeté son dévolu sur lui, qui était le premier parmi les grands prêtres. Zacharie prit alors l’enfant chez lui et la confia à sa tante qui était la mère de Jean le Baptiste. Après qu’elle eut atteint l’âge de puberté, Zacharie lui fit construire une chambre élevée à l’intérieur du temple, qu’on ne pouvait atteindre qu’à l’aide d’une échelle tout comme le sanctuaire d’al-Ka’aba. Nul autre que lui n’avait la permission d’y accéder. Il lui apportait tous les jours les aliments et l’eau dont elle avait besoin et il refermait soigneusement la porte sur elle quand il la quittait. Mais à chaque fois qu’il entrait chez elle, il y trouvait des fruits de toutes sortes, ceux de l’été en hiver et ceux de l’hiver en été, et à chaque fois qu’il lui demandait d’où venaient les fruits, Marie répondait invariablement. C’est Dieu qui me les envoie du Paradis. Voilà les témoignages des musulmans sur l’Immaculée Conception qui rejoignent ceux des chrétiens et qui se perpétueront de génération en génération jusqu’à la fin des temps.
Depuis que le pape Pie IX déclara le 8 décembre 1854 le dogme de l’Immaculée Conception, cette date fut adoptée pour sa commémoration annuelle par toute la chrétienté. La décision du souverain pontife vint entériner une tradition millénaire ancrée au sein des Églises orientale et occidentale depuis l’aube du christianisme, s’appuyant sur les textes bibliques et les...