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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-UE - Des obstacles politiques entravent une conclusion rapide des négociations - L’accord d’association lié à la lutte antiterroriste

Romano Prodi avait manifestement agi avec précipitation en annonçant le 19 novembre dernier, à sa sortie de Koraytem, que le Liban et l’Union européenne allaient conclure, dans les deux semaines, un accord d’association négocié depuis plus de six ans et censé aboutir, à terme, à l’abolition des droits de douane entre les deux parties. Le président de la Commission europénne a pu constater, ces jours derniers, que ses collaborateurs avaient quelque peu sous-estimé les difficultés qui continuaient à entraver les pourparlers. Difficultés intrinsèques, d’ordre technique, mais aussi et surtout difficultés politiques, certains États européens cherchant à lier la signature de l’accord à un engagement total de la part du Liban dans la lutte antiterroriste. De sources diplomatiques européennes à Beyrouth, on indique que la réunion des représentants des quinze États membres de l’UE, tenue la semaine dernière à Bruxelles et consacrée à l’examen des derniers points en litige avec Beyrouth, a connu des discussions ardues. Selon ces sources, citées par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, la séance, prévue dès avant l’annonce optimiste faite par M. Prodi à Beyrouth, avait pour objet d’en finir avec ces derniers obstacles techniques pour paver la voie à la signature du texte. Mais, à en croire les mêmes sources, le représentant de la Grande-Bretagne a saisi l’occasion pour mettre sur le tapis la question de l’engagement du Liban à participer à la lutte antiterroriste déclenchée après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, «en conformité avec les critères européens». Autrement dit, il ne s’agirait pas seulement pour le Liban d’annoncer son acceptation de prendre part à cette lutte. Il faudrait encore qu’il le fasse en prenant en compte la définition occidentale du terrorisme, c’est-à-dire américaine. La proposition britannique s’est toutefois heurtée à l’opposition du délégué français, dont le pays déploie beaucoup d’efforts depuis des semaines pour faire aboutir la négociation. Hariri à Paris Mercredi, l’ambassadeur de France à Beyrouth, Philippe Lecourtier, avait indiqué, à l’issue d’un entretien avec le chef du gouvernement, Rafic Hariri, qu’une signature «pourrait être envisagée à très brève échéance, dans les semaines qui viennent». M. Lecourtier avait ajouté que le gouvernement français «le souhaite et travaille dur pour cela», mais «qu’il faut encore que les partenaires de la France soient d’accord». Les décisions de l’UE doivent, en effet, être prises à l’unanimité des quinze États membres. Les pourparlers libano-européens seront d’ailleurs au centre des conversations que M. Hariri doit avoir à Paris, où il se rend demain, samedi, et principalement avec le président Jacques Chirac, qui doit le recevoir dimanche. Selon les sources diplomatiques, M. Chirac a mis tout son poids dans la balance pour parvenir à la signature de l’accord le plus rapidement possible. Pour en revenir à la réunion de Bruxelles, il semble, toujours selon les sources diplomatiques à Beyrouth, qu’aucune avancée n’ait été par ailleurs enregistrée concernant les désaccords de fond, notamment au sujet de la classification des produits agroalimentaires, le Liban souhaitant les placer dans la catégorie des biens agricoles, alors que l’UE insiste pour les considérer comme des produits industriels. Des problèmes continuent à se poser aussi pour ce qui est des huiles, des jus de fruits et des fleurs. Toujours est-il que ces obstacles techniques seraient susceptibles d’être facilement aplanis si la volonté politique existait chez tous, souligne-t-on de mêmes sources. Or, c’est précisément cette volonté politique qui semble faire défaut, certains États membres de l’Union essayant par tous les moyens de retarder la conclusion au point d’embarrasser M. Prodi, qui ne s’est pas gêné d’exprimer son extrême irritation face au comportement de ces États. Quant au chancelier allemand Gerhard Schröder, il semble aussi, selon ces sources, qu’il ait été dupé par les informations selon lesquelles le dossier était bouclé et que la conclusion de l’accord avec le Liban allait intervenir incessamment.
Romano Prodi avait manifestement agi avec précipitation en annonçant le 19 novembre dernier, à sa sortie de Koraytem, que le Liban et l’Union européenne allaient conclure, dans les deux semaines, un accord d’association négocié depuis plus de six ans et censé aboutir, à terme, à l’abolition des droits de douane entre les deux parties. Le président de la Commission...