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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - « La famille Tot » d’Istvan Orkény au Béryte par Michel Hourani - Un spectacle distrayant, misant sur le grotesque et l’absurde

Quel est le point commun entre la Hongrie et le Liban ? La présence appuyée, à un moment précis de leur histoire, de l’armée dans la vie du pays. Voilà un rapprochement qui pourrait expliquer l’adaptation en libanais et la mise en scène, signée Michel Hourani, de al-Aa’ila Tot (La famille Tot), pièce du dramaturge hongrois Istvan Orkény (1912-1979) écrite en 1967. Un gradé amateur de boîtes en carton La famille Tot, dont le fils unique est au front, se réjouit de recevoir le «commandant» de ce dernier. Avant son arrivée, la vie familiale est paisible : le père, pompier, se repose en fumant un cigare tandis que sa femme Marichka et sa fille Agnès fabriquent des boîtes en carton, pour passer le temps. À son arrivée, le «commandant» est accueilli dans la famille comme un héros, celui dont le sort du fils dépend. Marichka et Agnès sont prêtes à tout pour satisfaire ses moindres désirs. Mais l’homme en question souffre d’un dédoublement de personnalité : d’affable et d’enthousiaste, il devient brusquement agressif, susceptible et autoritaire. Sa paranoïa de professionnel de guerre se focalise sur Luis, son hôte, jusqu’à ce qu’il jette son dévolu sur l’occupation féminine de la maison : découper des cartons lui plaît tellement qu’il ne s’arrête qu’au petit jour, laissant les Tot exténués et sans sommeil. Tot père devient à moitié fou jusqu’à ce que le «commandant» quitte enfin son toit pour retrouver sa garnison. La vie tranquille reprend à peine son cours que le gradé revient vers ses nouveaux amis, sa valise sous le bras. C’en est trop pour Luis : il le découpera en quatre morceaux, dans la machine qu’il avait fabriquée pour le gradé amateur de carton. Habitudes de guerre Une satire acide de la guerre, de ses hommes et de sa folie, incarnée dans le personnage de Jeannot, l’idiot du village intronisé facteur et qui ne saura pas comment annoncer aux Tot la mort du fils unique. Un doux dingue qui auscultera d’ailleurs Luis devenu fou, victime de la susceptibilité gradée de son hôte. La folie est donc partout et c’est ce que le texte d’Orkény, fondateur du genre grotesque dans la dramaturgie hongroise moderne, s’emploie à démontrer sur scène, en 70 minutes. Dans sa mise en scène, Michel Hourani a voulu mettre en évidence l’absurdité des situations et des caractères, où les différents personnages ressemblent à des pantins à moitié hystériques, loufoques et pathétiques, coincés entre la peur et les habitudes de guerre (inactivité, angoisse, manies). Mais cette hystérie collective n’est pas assez maîtrisée, tant dans la direction des comédiens que dans la scénographie. Les sautes d’humeur et les ratés qui envahissent le texte ont trop influencé le travail de Michel Hourani, qui offre malgré tout un spectacle distrayant, au décor et aux costumes soignés et où les talents ne manquent pas. * Renseignements et réservations au 01/611642.
Quel est le point commun entre la Hongrie et le Liban ? La présence appuyée, à un moment précis de leur histoire, de l’armée dans la vie du pays. Voilà un rapprochement qui pourrait expliquer l’adaptation en libanais et la mise en scène, signée Michel Hourani, de al-Aa’ila Tot (La famille Tot), pièce du dramaturge hongrois Istvan Orkény (1912-1979) écrite en 1967. Un...