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Actualités - CHRONOLOGIES

Justice - L’acte d’accusation implique également Henri Sfeir - Peine de mort requise contre Toufic Hindi, - Antoine Bassil et Ghassan Touma

L’ancien conseiller politique de Samir Geagea, Toufic Hindi, arrêté le 21 août, a été déféré hier devant le tribunal militaire, après la parution de l’acte d’accusation établi par le juge d’instruction militaire Abdallah Hajje. L’acte d’accusation de M. Hajje se réfère à cinq articles du code pénal (275, 278, 288, 335 et 285), dont l’un stipule la peine de mort. Le journaliste Antoine Bassil, arrêté le même jour, a également été déféré devant la même juridiction en vertu du même acte d’accusation, ainsi que le chef des services de renseignements des FL, Ghassan Touma, en fuite hors du Liban. Les trois hommes sont notamment accusés de «contacts avec l’ennemi israélien», de «création d’association visant à porter atteinte à l’autorité de l’État» et à «brouiller les relations du Liban avec un État frère», la Syrie. La justice militaire leur reproche des contacts avec Uri Lubrani, ancien coordinateur des activités israéliennes au Liban, et son conseiller de presse Oded Zaraï, un juif irakien qui a longtemps vécu au Liban. Deux autres membres des FL, le responsable estudiantin Selman Samaha et un avocat Élie Keyrouz, également arrêtés en août, ont également été déférés devant le tribunal militaire pour «recel d’informations dans ce dossier», un délit passible de un à trois ans de prison. MM. Samaha et Keyrouz avaient été relâchés sous caution vendredi et avaient aussitôt rendu visite au patriarche maronite, pour le remercier de son intervention en leur faveur. Selon la presse libanaise, des contacts, menés notamment par les avocats de M. Hindi, sont en cours pour obtenir sa relaxe sous caution avant le procès dont la date doit être fixée par le tribunal militaire. Son épouse, Claude Hindi, avait demandé dimanche à Mgr Sfeir d’intercéder en sa faveur. MM. Hindi et Bassil avaient été arrêtés par les services de renseignements de l’armée début août, au cours de rafles dans les milieux de l’opposition chrétienne. Quelque 200 militants hostiles à la présence militaire syrienne au Liban avaient été arrêtés à cette occasion. La grande majorité des personnes arrêtées ont été libérées. Le chef des FL, Samir Geagea, est incarcéré depuis février 1994 dans la prison du ministère de la Défense, où il purge des peines de prison à vie pour des crimes commis durant la guerre, dont il a été reconnu coupable par la Cour de justice. Le juge d’instruction militaire a également requis les travaux forcés (3 à 10 ans) contre deux commerçants Jamal Hachem Nasser et Mohammed Ali Ajami, accusés d’avoir traité avec une société française juive, à la suite d’un contact avec Oded Zaraï. Les faits Dans les faits, l’acte d’accusation indique que Toufic Hindi, désigné en 1986 conseiller politique du chef des Forces libanaises Samir Geagea, s’est d’abord rendu en Israël, à la demande de ce dernier, au lendemain de l’éviction d’Élie Hobeika et de l’échec de l’accord tripartite ( 1986). M. Hindi a été de Jounieh à Haïfa, en Israël, en compagnie d’Antoine Bassil, sur une vedette des Forces libanaises, et y a rencontré Uri Lubrani, ancien coordinateur des activités israéliennes au Liban et son conseiller de presse Oded Zaraï. Cette rencontre s’est tenue au siège du ministère israélien de la Défense. Hindi et Bassil ont également rencontré un responsable du Mossad, les services secrets israéliens, nommé Nahoum. Les activités politiques de Hindi entrent en veilleuse, avec la fin de la guerre au Liban et l’arrestation de Samir Geagea, poursuit l’acte d’accusation. Toutefois, en 1995, Hindi a décidé de reprendre ses activités et ses rencontres avec les Israéliens. Au cours de l’une de ces rencontres, qui s’est déroulée à Paris, M. Hindi a sollicité d’Uri Lubrani un appui israélien à la candidature présidentielle de Farès Boueiz, en raison du crédit d’Israël auprès de l’Administration américaine. M. Hindi a également soulevé l’affaire de l’arrestation de Samir Geagea et de la présence syrienne au Liban. Au terme d’un séjour d’une semaine à Paris, M. Hindi est rentré au Liban pour mettre à exécution ce qui avait été convenu, en termes d’activités politiques. En 1996, ajoute l’acte d’accusation, Toufic Hindi a réuni les cadres du parti dissous des Forces libanaises, et s’est entendu avec eux, au cours de réunions clandestines, pour créer un courant politique favorable aux FL prônant le boycottage des élections. Quelque temps plus tard, M. Hindi a effectué des voyages à Paris pour y rencontrer le général Michel Aoun, le président Amine Gemayel et le Amid du BN Raymond Eddé. Au cours de l’un de ces voyages, il a rencontré à nouveau Uri Lubrani et Oded Zaraï, cette fois par l’intermédiaire de Ghassan Touma. M. Lubrani lui a alors demandé d’organiser des manifestations et de les filmer, afin de pouvoir exploiter ces images dans une campagne internationale, en faveur d’un retrait syrien du Liban. Selon l’acte d’accusation, M. Hindi a mis Selman Samaha et Élie Keyrouz au courant de ses contacts et des efforts qu’il déploie pour obtenir que Samir Geagea soit relâché. Le cas Antoine Bassil L’acte d’accusation en vient ensuite au cas d’Antoine Bassil. Il indique que M. Bassil a connu Oded Zaraï en 1982. Zaraï, précise le document, travaillait comme journaliste au Liban. Les deux hommes étaient liés sur le plan personnel et professionnel. Journaliste au quotidien al-Aamal, Zaraï, un juif irakien qui avait émigré en 1948 en Israël, signait à cette époque ses articles du nom de Karam Zaarour. Zaraï envoyait aussi des correspondances chiffrées en Israël, et s’y rendait toutes les deux semaines, assure l’acte d’accusation. Durant ses absences, c’est Bassil qui envoyait des correspondances chiffrées en Israël. Bassil lui-même s’était rendu à plusieurs reprises en Israël et avait été aidé par Zaraï, afin de devenir le correspondant de la chaîne CBN. Il avait également signé des articles dans un journal israélien, le Jerusalem Report, du nom de Joseph Matar, sans compter les rapports sur la situation politique et militaire au Liban, qu’il faisait à Zaraï. En 1996, Bassil avait rencontré Lubrani et Zaraï à Londres, où son collègue israélien lui avait assuré un poste dans la revue el-Mouchahid al-Siassi, paraissant dans la capitale britannique. Par la suite, après la nomination de Zaraï comme directeur des programmes arabes d’une radio israélienne, Bassil était devenu le correspondant de cette radio, avec un salaire de 2 000 dollars, qui lui étaient virés par l’intermédiaire de la Banque Byblos. L’acte d’accusation souligne que Bassil a avoué avoir arrangé une rencontre à Paris entre M. Hindi et MM. Lubrani et Zaraï. En 1997, il s’est rendu à Chypre pour rencontrer Zaraï, qu’il a trouvé en compagnie d’Henri Sfeir. Zaraï lui a demandé de travailler pour la chaîne ICN, propriété de Sfeir, qui, en même temps que le quotidien Nidaa el-Watan, devait recevoir des bulletins de nouvelles spéciaux émanant du bureau de Zaraï en Israël. Ce dernier a également informé Bassil que le lobby juif aux États-Unis allait être sollicité pour appuyer la candidature d’Henri Sfeir à un poste important au Liban. Enfin, Jamal Nasser et son beau-frère Mohammed Ajami sont accusés par le juge d’instruction militaire d’avoir pris contact, à Paris, avec Zaraï qu’ils connaissaient sous le pseudonyme de Abdel Karim. Les deux hommes ont importé des maillots de bain pour femmes d’une société de confection juive dont le siège est en France, mais «avec laquelle il est interdit de commercer». L’acte d’accusation souligne que M. Hindi a nié en bloc les accusations portées contre lui et certaines concordances entre ses aveux et ceux de Bassil en ce qui concerne sa rencontre avec Oded Zaraï à Paris ou en ce qui concerne les manifestations que Lubrani lui aurait demandé d’organiser contre la présence syrienne au Liban. M. Hindi, ajoute l’acte, a affirmé «tout ignorer» des faits dont on l’accuse et n’avoir confessé certaines choses que sous la pression, étant entendu qu’il assure ne pas avoir subi des tortures physiques. Toutefois, M. Hindi a reconnu qu’il a agi politiquement pour rassembler les Forces libanaises et avoir organisé des réunions «secrètes et publiques» pour renforcer leur rôle, estimant que le volume de la présence syrienne au Liban est en contradiction avec les dispositions de l’accord de Taëf, et qu’il était donc nécessaire de faire pression sur l’État. Toutefois, l’acte d’accusation affirme que Bassil a confirmé ses premières dépositions et qu’il a touché la somme de 500 dollars de M. Hindi, pour lui arranger une rencontre avec «les Israéliens».
L’ancien conseiller politique de Samir Geagea, Toufic Hindi, arrêté le 21 août, a été déféré hier devant le tribunal militaire, après la parution de l’acte d’accusation établi par le juge d’instruction militaire Abdallah Hajje. L’acte d’accusation de M. Hajje se réfère à cinq articles du code pénal (275, 278, 288, 335 et 285), dont l’un stipule la peine de...