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Actualités - CHRONOLOGIES

Les islamistes pakistanais désorientés par la déroute des talibans

Les partis religieux et les groupes islamiques radicaux pakistanais semblent très affaiblis par la déroute des talibans afghans et la volte-face du pouvoir pakistanais qui a choisi la répression après des années d’instrumentalisation de l’islamisme, notent des analystes. Au fil des défaites des talibans en Afghanistan, les appels au jihad contre les Américains et à la désobéissance civile contre le gouvernement pakistanais, lancés par le Conseil de défense pakistano-afghan (PADC), regroupant les groupes radicaux, ont de moins en moins mobilisé. «L’agitation des partis religieux au Pakistan a produit beaucoup de rhétorique mais peu de partisans», a écrit lundi Syed Talat Hussain, éditorialiste du quotidien Dawn. «En descendant dans les rues, ils ont voulu montrer leur force, mais au contraire ils ont exposé leurs faiblesses». «Les performances du PADC ont été médiocres», a renchéri Idrees Bakhtiar, spécialiste des groupes radicaux, basé à Karachi (province du Sindh, sud du Pakistan). La capitale du Sindh avait connu le 26 octobre dernier la plus importante manifestation antiaméricaine (50 000 personnes) au Pakistan depuis le début des bombardements américains en Afghanistan, le 7 octobre. Cette mobilisation était pourtant relativement faible, comparée aux 500 000 personnes qui avaient manifesté à Karachi contre la guerre du Golfe. Les islamistes sont «démoralisés, comme assommés par la rapidité de la défaite des talibans», auxquels ils étaient liés idéologiquement, a expliqué M. Bakhtiar. En outre, les différents groupes et partis n’ont pas réussi à s’unir, a-t-il ajouté. Un autre analyste, Illyas Khan, a souligné que les groupes radicaux étaient «manipulés, financés, entraînés» depuis les années 1970 par l’ISI (services secrets pakistanais). Ils sont désormais «désorientés» par l’attitude du pouvoir militaire pakistanais qui s’est retourné contre eux, sous la pression des États-Unis. Dans un discours à la télévision publique la semaine dernière, le président pakistanais Pervez Musharraf, dont le pays avait mis au pouvoir les talibans, a réaffirmé sa volonté de contenir les religieux radicaux. Depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis, plusieurs responsables religieux, dont Qazi Hussain Ahmed du Jamaat-e-Islami, ont été assignés à résidence, et des dizaines de leurs partisans ont été emprisonnés. «Il y a eu une répression des religieux sans précédent depuis les années 1970», a estimé une chercheuse de Lahore (est), citant notamment le cas d’imams emprisonnés pour avoir utilisé le haut-parleur de leur mosquée pour prononcer des discours politiques. M. Musharraf devait rencontrer lundi des responsables du ministère de l’Intérieur et de celui des Affaires religieuses pour examiner un plan d’ensemble visant à réglementer les programmes d’enseignement et le financement des quelque 3 000 écoles coraniques pakistanaises. Ces madrassas, qui ont donné naissance aux talibans et à d’autres groupes radicaux, étaient financées principalement depuis les années 1970 par l’État pakistanais et par l’Arabie séoudite. «Les velléités des étudiants des madrassas de participer au jihad ont de toute façon été refroidies par l’aventure de ceux qui ont suivi Soofi Mohammad en Afghanistan. Les autorités pakistanaises les ont délibérément laissés passer la frontière», souligne la même universitaire de Lahore. Des milliers de volontaires pakistanais étaient entrés fin octobre en Afghanistan, poussé par Soofi Mohammad, chef du Tehreek Nifaz-e-Shariat Mohammadi (TNSM - Parti pour la stricte application du code islamique), sans que les autorités pakistanaises ne bougent. Nombre d’entre eux sont portés disparus, tandis que leur leader a été arrêté il y a trois jours et condamné à trois ans de prison pour entrée illégale au Pakistan. «Les services secrets pakistanais laissent pour l’instant faire le pouvoir et les Américains tant que leurs activités au Cachemire ne sont pas touchées», souligne un spécialiste de l’ISI. «La priorité pour eux, c’est la lutte contre les intérêts indiens» au Cachemire.
Les partis religieux et les groupes islamiques radicaux pakistanais semblent très affaiblis par la déroute des talibans afghans et la volte-face du pouvoir pakistanais qui a choisi la répression après des années d’instrumentalisation de l’islamisme, notent des analystes. Au fil des défaites des talibans en Afghanistan, les appels au jihad contre les Américains et à la...