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Actualités - ANALYSES

Appréhensions à Beyrouth - sur les visées américaines

Un parlementaire influent, membre d’un parti de gauche, se fait à Beyrouth l’écho des doutes officiels concernant la politique américaine dans la région. «Très visiblement, affirme cette personnalité écoutée, Washington favorise au Proche-Orient la priorité sécuritaire. Rejoignant ainsi la ligne adoptée par l’État hébreu pour lequel la paix passe au second plan. On voit de la sorte les deux émissaires US, le général en retraite Anthony Zinni et le sous-secrétaire d’État William Burns, exiger une suspension d’armes dans les Territoires comme condition préliminaire sine qua non à la reprise des négociations, à l’unisson avec Ariel Sharon, qui ne demande pas autre chose et ne cesse de répéter : la sécurité, la sécurité, avant toute chose». Bien évidemment, le député libanais cité pense que les Américains se trompent du tout au tout en s’alignant sur Sharon. À son avis, la mission des deux envoyés spéciaux «est vouée à l’échec, car elle se fonde sur des données de base erronées. De la manière dont on s’y prend, il ne va y avoir ni sécurité ni paix. Car tant que les Palestiniens ne sont pas rétablis dans leurs droits territoriaux mais aussi politiques, l’intifada va se poursuivre». Se rappelant à temps les devoirs de la courtoisie fraternelle, le parlementaire se hâte d’ajouter qu’il ne peut y avoir «de règlement véritable sans un retrait israélien du Golan». Et d’évoquer ensuite le retour des réfugiés palestiniens, la restitution de la Cisjordanie, la décolonisation, la captation des eaux arabes par Israël ou le problème de Jérusalem. Tout cela dans le droit fil de la pensée officielle étroitement coordonnée avec la Syrie. Dont le ministre des AE devait se pointer hier à Baabda à cet effet. Mais d’autres politiciens libanais, qui ne sortent pas nécessairement des rangs de l’opposition, ne pensent pas tout à fait de même. À les en croire,«du fait même qu’il s’engage dans un combat essentiel contre le terrorisme, Washington s’efforce d’éradiquer le virus de la violence et de l’extrémisme qui l’engendre. Son action, axée dans un premier temps sur une trêve durable, vise en définitive à promouvoir les courants modérés favorables à la paix, aussi bien en Israël que dans le camp arabe. Il est évident que pour parvenir à un arrangement, il faut d’abord neutraliser les obstacles dressés par les radicaux des deux bords, objectivement alliés contre le processus de Madrid. Les intérêts des États-Unis ne rejoignent pas ceux d’Ariel Sharon, bien au contraire. Ils ont besoin en effet de stabiliser solidement la région et les régimes en place. Et ils ne peuvent y arriver que par la réalisation d’une paix globale. Étant entendu qu’il est tout à fait inutile d’engager des pourparlers diplomatiques tandis que des heurts se poursuivent sur le terrain». Ces pôles avouent cependant que «Washington se montre, sans doute par habitude, un peu trop laxiste à l’égard des assassinats que commettent les Israéliens. En fermant les yeux sur un crime, un dérapage politique, aussi graves, les Américains ont l’air d’ignorer qu’ils rendent leur propre mission d’arrangement bien plus difficile. Or ils ne prennent pas la peine de démentir Sharon publiquement lorsque ce dernier soutient qu’en liquidant des cadres palestiniens résistants, il contribue à la lutte contre le terrorisme dirigée par les USA». Dès lors, «la voie reste semée d’embûches», souligne une troisième frange de parlementaires libanais. Qui ne sont du reste pas sûrs qu’il faille «souhaiter le succès de MM. Burns et Zinni. Car cela signifierait sans doute une nouvelle volée d’accords séparés. Comme à Camp David avec les Égyptiens, à Oslo avec les Palestiniens ou à Wadi Arba avec les Jordaniens. Ce qui provoquerait, de nouveau, de profondes divisions dans un camp arabe qui a déjà bien du mal à accorder ses violons. Il ne faut pas qu’une nouvelle fois les Américains appliquent, au profit d’Israël, la devise diviser pour régner, en séparant les Palestiniens du reste des Arabes, Syrie et Liban en tête». Cependant des sources diplomatiques croient savoir pour leur part que MM. Burns et Zinni vont tenter, en obtenant d’abord l’application du plan Mitchell, de faire redémarrer simultanément le volet palestinien et le volet jumelé libano-syrien. Étant entendu que par la suite on devra forcément procéder par étapes. Ainsi, pour ce qui est du Liban, une seule question serait d’abord réglée, celle du tracé frontalier définitif au Sud, Chebaa comprise. Quant au retour des réfugiés palestiniens, il restera lié aux négociations entre l’État hébreu et l’Autorité palestinienne. Pourparlers qui porteront en premier lieu sur la création d’un État palestinien.
Un parlementaire influent, membre d’un parti de gauche, se fait à Beyrouth l’écho des doutes officiels concernant la politique américaine dans la région. «Très visiblement, affirme cette personnalité écoutée, Washington favorise au Proche-Orient la priorité sécuritaire. Rejoignant ainsi la ligne adoptée par l’État hébreu pour lequel la paix passe au second plan. On...