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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Liban-Syrie - Chareh reçu à Baabda par Lahoud en présence de Hariri, Berry et Hammoud - Beyrouth et Damas prêts à donner une chance à l’initiative américaine

Le Liban et la Syrie sont convenus hier de donner une chance aux efforts américains en cours pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, en dépit du désaccord de principe qu’ils ont manifesté à l’égard de certains points soulevés par le secrétaire d’État américain Colin Powell dans son discours de Louisville, notamment au sujet du terrorisme. Concrètement, cette bonne disposition de Beyrouth et de Damas va se traduire par une pacification «provisoire» au Liban-Sud, jugée pour la première fois envisageable par des responsables libanais qui ont requis l’anonymat, en précisant que le Liban entendait ainsi répondre au vœu émis par l’Europe, en particulier par la France. Ces propos ont été tenus à la suite d’une visite au Liban du ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, qui a été reçu à Baabda par le chef de l’État Émile Lahoud, sans toutefois qu’un lien officiel n’ait été établi entre ces déclarations et les entretiens de M. Chareh. Au cours de la rencontre à Baabda, qui s’est déroulée en présence du chef du gouvernement, Rafic Hariri, du président de la Chambre, Nabih Berry, du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, et du chef des services de renseignements militaires syriens au Liban, le général Ghazi Kanaan, M. Chareh a transmis à M. Lahoud un message verbal du président syrien Bachar el-Assad, dans le cadre de la coordination permanente entre les deux pays. Selon un communiqué de la présidence de la République, les conversations, qui ont duré 130 minutes, ont porté sur les développements régionaux et internationaux, les deux parties ayant notamment procédé à «une évaluation des dernières prises de position, notamment en ce qui a trait au conflit israélo-arabe». «Les points de vue étaient convergents sur la précarité de la situation et sur la nécessité d’y faire face en adoptant une position arabe unifiée, surtout pour ce qui est de l’application des résolutions des Nations unies en vue de parvenir à une paix juste, globale et durable au Proche-Orient», indique le communiqué. Les deux parties «sont également convenues de coordonner leurs efforts pour mener une campagne d’explication des positions du Liban et de la Syrie à l’égard des retombées des événements du 11 septembre aux États-Unis, visant en particulier à souligner la nécessaire distinction entre résistance nationale et terrorisme», ajoute le texte. «Le président Lahoud a également évoqué avec l’émissaire du président Assad la nécessité de concertations avec les pays arabes dans le but de parvenir à une position renforçant la solidarité interarabe (...) et de créer un climat propice à la tenue du prochain sommet des chefs d’État arabes, prévu en mars 2002 à Beyrouth», poursuit le communiqué. À l’issue des entretiens, M. Chareh a fait une déclaration à la presse dans laquelle il a mis l’accent sur la nécessité d’éviter une frappe américaine contre un quelconque pays arabe. «Nous rejetons toute menace contre un pays arabe. Toute frappe contre un pays arabe, quel qu’il soit, entraînerait des problèmes sans fin», a-t-il dit aux journalistes qui l’interrogeaient sur les menaces proférées par Washington, notamment contre l’Irak. «L’Amérique le sait, l’Europe également, et je pense que porter atteinte à n’importe quel pays arabe serait une erreur mortelle», a-t-il ajouté. «Nous avons examiné les développements dans la région et dans le monde, ainsi que les relations bilatérales face à ces développements», a indiqué M. Chareh au sujet de ses conversations à Baabda, jugeant que «la concordance des points de vue est une garantie de la stabilité des deux pays et de celle de la région en général». Il a rappelé que «le Liban et la Syrie réclament le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés et la garantie des droits légitimes du peuple palestinien». «Le Liban et la Syrie coordonnent toutes les mesures prises pour la lutte contre le terrorisme et pour établir une différence entre le terrorisme, que nous condamnons, et la résistance légitime contre l’occupation israélienne», a-t-il ajouté. «Nous pensons que les pays qui n’établissent pas de distinction entre terrorisme et résistance d’une certaine façon assurent une couverture politique aux véritables terroristes et leurs fournissent un semblant de légitimité, ce que personne ne souhaiterait, pas même le groupe de pays qui refuse de faire cette distinction», a-t-il dit. Des points « positifs » À la question de savoir comment la Syrie et le Liban comptaient faire face aux «pressions européennes et américaines pour mettre un terme aux opérations du Hezbollah au Liban-Sud», M. Chareh a répondu : «Nous ne considérons pas qu’il existe à proprement parler des pressions. Nous avons expliqué notre position aux Américains et nous sommes tombés d’accord pour juger que cette divergence pourrait nous servir de point de départ pour une concertation destinée à aboutir à une définition du terrorisme». Sur la même lancée, le chef de la diplomatie syrienne a admis qu’il y avait «sans aucun doute des points positifs» dans les idées exposées par le secrétaire d’État américain Colin Powell sur le Proche-Orient dans son discours de Louisville. «La nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne, l’application des résolutions du Conseil de sécurité, le principe de l’échange de la terre contre la paix, la référence de Madrid», énoncés par M. Powell, en font partie, selon lui. M. Chareh a par ailleurs indiqué que les émissaires américains Anthony Zinni et William Burns, qui ont entamé lundi en Israël une tournée au Proche-Orient, se rendraient «ultérieurement» au Liban et en Syrie, sans préciser de date. Aussitôt après ses déclarations, le ministre syrien a regagné Damas par la route. La visite de M. Chareh intervient après la demande formulée par Washington de geler les avoirs du Hezbollah. Beyrouth a rejeté la demande américaine et demandé à Washington de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes, estimant que le parti intégriste résistait à l’occupation israélienne. Selon des informations diffusées par les services de Baabda et citant des sources politiques informées, les entretiens libano-syriens d’hier ont été axés sur trois points essentiels : Tout d’abord, la résolution 1373 du Conseil de sécurité de l’Onu, adoptée dans le cadre de la lutte antiterroriste et qui est contraignante pour tous les États membres des Nations unies. Les deux parties ont estimé à cet égard que certains points du texte, qui met en place tout un arsenal législatif et financier pour combattre le terrorisme, nécessitaient des éclaircissements, notamment pour ce qui est de la définition du terrorisme et de la distinction entre ce concept et celui de résistance légitime. Elles ont en outre examiné les circonstances de l’adoption de cette résolution et évoqué les divergences possibles entre les divers pays du fait de la différence des systèmes et des législations concernés. Pour ce qui est du Liban et de la Syrie, ils sont convenus de maintenir à ce propos une position unifiée. Pour ce faire, il a été décidé que le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud se rendra lundi prochain à Damas pour poursuivre l’examen de cette question et préparer les réponses que devront fournir les deux pays à l’Onu. Deuxièmement, l’initiative de M. Powell sur le Proche-Orient. Selon les mêmes sources, les deux parties ont étudié en détail les idées américaines, «sans qu’une position soit prise à cet égard». Les participants à la réunion ont toutefois «décelé des points positifs qui pourraient faire tache d’huile si les États-Unis étaient véritablement déterminés à régler le problème», souligne-t-on de mêmes sources. «Mais il existe aussi des points négatifs, en particulier la confusion entre résistance et terrorisme, ce qui est inacceptable tant du point de vue syrien que libanais», ajoute-t-on de mêmes sources. Cependant, et c’est là le plus important, il a été décidé, toujours selon les mêmes sources, «de ne pas adopter de position négative» à l’égard de l’initiative de M. Powell, en attendant les résultats des concertations. Troisièmement, la solidarité interarabe, sur laquelle M. Lahoud a mis l’accent. Enfin, les sources informées ont assuré qu’aucun sujet de politique intérieure libanaise n’a été abordé durant la rencontre. Parallèlement aux entretiens de M. Chareh, des responsables qui ont requis l’anonymat ont donc clairement fait savoir que Beyrouth avait l’intention d’accepter une pacification «provisoire» au Liban-Sud, c’est-à-dire un arrêt des opérations du Hezbollah dans les fermes de Chebaa, ce qui est déjà un fait accompli sur le terrain, afin de donner ses chances à l’initiative américaine en cours au Proche-Orient. Ces responsables, cités par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, se disent toutefois pessimistes quant aux résultats escomptés de cette initiative et craignent les retombées d’un insuccès pour le Liban, et plus particulièrement pour le Sud. Toujours est-il que, pour la première fois, des responsables libanais envisagent une telle pacification à la frontière avec Israël. Selon eux, il s’agit de répondre au vœu émis par l’Union européenne, «ce qui ne signifie pas l’arrêt définitif de la résistance, ni le gel des avoirs du Hezbollah». Si la pacification est possible, c’est parce qu’elle est souhaitée à titre provisoire et pour donner une chance à l’initiative américaine visant à calmer la situation entre Palestiniens et Israéliens et à relancer les négociations de paix. Elle est aussi possible parce qu’elle satisfait l’Union européenne, et en particulier la France qui, d’ailleurs, s’abstient de parler d’un «arrêt des opérations de résistance» et préfère user de l’expression «respect de la ligne bleue», poursuit-on de mêmes sources.
Le Liban et la Syrie sont convenus hier de donner une chance aux efforts américains en cours pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, en dépit du désaccord de principe qu’ils ont manifesté à l’égard de certains points soulevés par le secrétaire d’État américain Colin Powell dans son discours de Louisville, notamment au sujet du terrorisme. Concrètement,...