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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Affaire Esib - Non à « la théorie selon laquelle toute enquête disciplinaire est interdite », affirme Harb - Lahoud : « Une erreur exploitée à des fins politiques »

La vague de réprobation à la suite de l’agression dont la faculté de génie de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib) a été l’objet la semaine dernière s’est poursuivie hier dans les milieux politiques. Commentant avec l’archevêque maronite d’Antélias, Youssef Béchara, délégué au palais de Baabda par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, le mouvement de protestation des étudiants et la grève universitaire qui a suivi l’entrée nocturne des FSI sur le campus de l’Esib, le président de la République, le général Émile Lahoud, a affirmé : «S’il y a eu erreur, il reste que l’incident a été exploité à des fins politiques, alors qu’il aurait pu être confiné à sa dimension académique». Mgr Béchara a par ailleurs transmis au président Lahoud les remerciements du chef de l’Église maronite pour l’accueil que lui ont réservé les ambassadeurs du Liban dans les pays d’Amérique latine qu’il a visités au cours de sa tournée pastorale (Paraguay, Argentine et Mexique). De son côté, le député Boutros Harb a mis en garde contre «le début d’une nouvelle campagne de répression qui viserait les libertés» dans la lignée des événements d’août dernier, en l’occurrence l’arrestation des militants des Forces libanaises, du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) et du Parti national libéral (PNL) ainsi que le tabassage des étudiants par des agents des services de renseignements devant le Palais de justice À l’occasion d’une visite au patriarche Sfeir, à Bkerké, M. Harb a appelé à l’ouverture, le plus rapidement possible, d’une enquête dont les résultats seraient par la suite rendus publics. Pour des sanctions Il a également réclamé des sanctions contre les responsables de l’irruption dans le campus de l’Esib, à Mar Roukoz. «Nous réfutons la théorie selon laquelle toute enquête disciplinaire concernant les atteintes aux libertés est interdite dans cette région», a-t-il affirmé. «Le fait de ne pas avoir puni ceux qui ont agressé les étudiants devant le Palais de justice, le 7 août dernier, a pavé la voie cette fois aux services de renseignements, qui s’en sont pris à la liberté d’expression à l’occasion de la fête de l’Indépendance, et cela sur le campus de l’université», a souligné M. Harb. Le parlementaire a par ailleurs condamné l’annulation sous la pression du dîner donné par l’ancien président de la République Amine Gemayel à Jbeil en présence du député Farès Seaid et des responsables du parti Kataëb au Kesrouan. «Des positions politiques allaient être rendues publiques au cours du dîner. La décision de l’interdire a été prise sans qu’on en réfère à la justice, ce qui est illégal en soi. Il s’agit d’une décision prise par les SR et jusqu’à présent, nous ne savons pas qui en est l’auteur. Nous en déduisons qu’il s’agit peut-être d’une nouvelle tentative de coup d’État contre les dispositions constitutionnelles», a-t-il estimé. Et d’appeler à la prudence pour faire face à toute tentative d’instaurer un régime «répressif et policier». Interrogé sur les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Élias Murr, qui avait affirmé que l’annulation du dîner était «une erreur», M. Harb a répondu : «Je suis d’accord, mais il faut qu’il concrétise ses propos par des mesures. Quelqu’un a interdit le dîner et nous voulons que le ministre dévoile son identité. Ce n’est que lorsque le ministre de l’Intérieur aura pris des sanctions à l’encontre de ceux qui ont violé la Constitution et les libertés publiques que nous pourrons dire qu’il a traduit dans le concret ses positions, afin que de tels incidents ne se reproduisent plus (…)». Il s’est enfin étonné du fait que, «selon le parquet de la Cour de cassation, les agents de l’ordre étaient entrés sans son accord, alors que M. Murr avait déclaré que c’était à la demande de l’avocat général de la cour d’appel de Baabda que les FSI avaient fait irruption dans le campus». Pour sa part, la députée Nayla Moawad, à l’issue d’un entretien avec le patriarche Sfeir, a estimé que «le pouvoir s’acharne sur les libertés, notamment dans les universités». Faisant le lien entre l’affaire de l’Esib et la répression devant le Palais de justice, Mme Moawad a réclamé une enquête pour déterminer l’identité de ceux «qui ont donné l’ordre de porter atteinte aux libertés publiques». «Il ne faut absolument pas se taire, parce que l’affaire est très grave», a-t-elle souligné. Ziadé : Un fossé entre les jeunes et l’État L’ancien député Camille Ziadé s’est félicité hier de la maturité dont ont fait preuve les étudiants à l’occasion de la grève et des sit-in observés lundi en signe de solidarité avec l’Université Saint-Joseph. M. Ziadé a estimé dans un communiqué que «les jeunes prennent tout à fait conscience – comme d’autres Libanais – de l’ampleur du fossé qui les sépare de l’État». «Ils se moquent ainsi de ce pouvoir, pour qui leurs revendications sont toujours d’origine extérieure, ou servent encore les intérêts d’Israël (…)», a ajouté M. Ziadé, avant de poursuivre : «Ces jeunes ont pitié des responsables au pouvoir qui n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur une version de l’incident qui a eu lieu à l’USJ». Et de conclure en se demandant si cette affaire finira comme toutes les autres, «sans détermination des responsabilités, et en l’absence de sanctions». Contacté par L’Orient-Le Jour, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Chakib Cortbawi, a estimé que l’affaire de l’Esib entrait dans le cadre «d’une série de mesures contraires à tous les règlements, aux libertés publiques et à la liberté d’opinion et visant à amadouer les étudiants». M. Cortbawi a également évoqué «l’utilisation de la justice pour camoufler des affaires politiques». «En définitive, nul ne peut faire l’apologie de ce qui s’est produit», a-t-il indiqué. Il a enfin joint sa voix à celles qui appellent à des sanctions à l’encontre des responsables. Le représentant de Dar el-Fatwa auprès du comité national pour le dialogue islamo-chrétien, Mohammed Sammak, a appelé toutes les communautés à dénoncer l’accident dont a été victime l’Esib, «toute université pouvant subir le même sort que l’USJ» un jour ou l’autre, selon lui. Il a jugé inadmissible l’absence d’un comité de coordination entre toutes les universités du Liban. Le Bureau central de coordination national (BCCN) a, quant à lui, dénoncé la «guerre organisée que mène le pouvoir contre les libertés publiques et individuelles pour mettre à genoux le peuple libanais, révolté contre tous ceux qui violent sa liberté, sa souveraineté et son indépendance». Établissant lui aussi un parallèle avec l’incident devant le Palais de justice, le BCCN a estimé que le pouvoir «cherche à terroriser les citoyens qui aspirent à la souveraineté». Condamnant l’agression contre l’Esib et l’annulation du dîner organisé par le président Gemayel, le BCCN a estimé que ces deux actions visaient à faire un procès d’intention aux jeunes, dont le seul crime est de penser à la souveraineté et à l’indépendance, et à supprimer toute mémoire collective chez les jeunes militants qui sont attachés à la défense de la souveraineté». Elles visent également à «réprimer, humilier et jeter en prison le courant souverainiste pour le pousser à renoncer à ses aspirations et à accepter, comme les autres, la domination syrienne politique et sécuritaire sur le Liban», selon le bureau. Concernant l’annulation du dîner organisé par le président Gemayel, le BCCN a enfin signalé que «d’autres dîners politiques se déroulent sans que les organisateurs n’aient besoin d’aucune autorisation» et que le but est, une fois de plus, de «frapper le courant souverainiste».
La vague de réprobation à la suite de l’agression dont la faculté de génie de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib) a été l’objet la semaine dernière s’est poursuivie hier dans les milieux politiques. Commentant avec l’archevêque maronite d’Antélias, Youssef Béchara, délégué au palais de Baabda par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, le mouvement de...