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Actualités - CHRONOLOGIES

Pour une déléguée des Afghanes - à Bonn, la burqa « est son dernier souci »

Sima Wali, l’une des trois déléguées représentant les femmes afghanes à la conférence de Bonn, est décidée à défendre ses «sœurs» condamnées à la misère, à la prostitution ou au veuvage pendant des années, sans pour autant revendiquer un féminisme à l’occidentale. «Ici, tout le monde parle de la burqah», explique lors d’un entretien dans son appartement de Washington la déléguée, qui aura la lourde responsabilité, avec deux autres femmes, de parler au nom de 12 millions d’Afghanes. Mais, «c’est le dernier de mes soucis», poursuit cette Pachtoune brune aux yeux en amende et aux gestes élégants : «Nous devons aller au-delà des mesures symboliques. En Afghanistan, les femmes sont vendues en tant que servantes (...) les femmes sont condamnées à la prostitution parce qu’elles ne peuvent pas se nourrir (...) et il y a 500 000 veuves», également victimes de la guerre. Sima Wali, prévenue mercredi seulement de sa nomination au sein de la délégation de l’ancien roi Mohammed Zaher Shah, se bat depuis plus de 20 ans pour aider les réfugiées, notamment Afghanes, qui fuient les zones de guerre. À 50 ans, la fondatrice de l’organisation Refugee Women in Development, basée à Washington, vit aux États-Unis depuis 1978. Cette année-là, elle a dû quitter son pays parce qu’elle était jugée indésirable par le régime marxiste au pouvoir. Elle est cependant restée en contact avec la réalité des femmes afghanes, lors de nombreux voyages sur le terrain. À la frontière pakistano-afghane, elle a ainsi rencontré des dizaines de femmes venues d’Afghanistan pour participer à des formations assurées par son organisation, créée en 1982, avant de retourner dans leur pays pour partager, souvent clandestinement, leurs nouvelles connaissances. L’Afghanistan est devenu «une nation de mendiantes», lui ont dit certaines d’entre elles lors de son dernier voyage, en octobre 2000. En 1999, Amnesty International a reconnu l’importance de son travail, lui décernant un prix pour son combat en faveur des réfugiées. Mais, souvent, en rentrant de ses missions, la militante à la voix douce qui fréquentait, enfant, l’entourage du roi Zaher Shah, s’est sentie en décalage par rapport aux organisations féministes américaines, regrettant leur «sensationnalisme» – elles s’attachaient surtout à la question superficielle du voile – et la trop fréquente stigmatisation de sa religion, l’islam. À la veille de son départ pour l’Allemagne, Sima Wali, décidée à ne pas servir d’alibi à ses collègues masculins, n’a cependant pas que des préoccupations humanitaires. Au rang des exigences de cette femme entêtée on trouve aussi des objectifs politiques : «Nous devons inclure les femmes dans les plus hautes sphères gouvernementales et dans les sphères non gouvernementales, nous devons refléter les quotas», affirme-t-elle, rappelant que, selon certaines estimations, les femmes forment 65 % de la population afghane. En tant que déléguée, elle espère que l’Afghanistan sera doté d’un gouvernement «multiethnique» et redeviendra le pays qu’elle a connu. Un pays, débarrassé des «puissances étrangères», qui arment les différentes factions. Un pays qui, lorsqu’elle avait 13 ans, «en 1964, accordait l’égalité des droits aux femmes» et où «elles étaient actives dans tous les secteurs de la société (...) au Parlement, en tant que médecins ou juges».
Sima Wali, l’une des trois déléguées représentant les femmes afghanes à la conférence de Bonn, est décidée à défendre ses «sœurs» condamnées à la misère, à la prostitution ou au veuvage pendant des années, sans pour autant revendiquer un féminisme à l’occidentale. «Ici, tout le monde parle de la burqah», explique lors d’un entretien dans son appartement de...