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Actualités - CHRONOLOGIES

Washington, tout à sa traque de Ben Laden

Forts des succès contre les talibans enregistrés par les factions afghanes qu’ils appuient, les États-Unis vont pouvoir se concentrer sur leur objectif central en Afghanistan : éliminer Oussama Ben Laden et son réseau. Mais le président George W. Bush a déjà prévenu ses concitoyens que cet effort exigera de la patience et pourrait s’étendre à d’autres pays que Washington considère comme des soutiens du terrorisme. «Le combat qui a débuté ne sera conclu ni rapidement, ni facilement», a déclaré le président Bush samedi dans son adresse radiophonique : «Notre ennemi se cache et complote dans de nombreux pays». Et cette guerre contre le terrorisme, qui a totalement remodelé la diplomatie des États-Unis, justifie le second rôle que Washington s’est réservé dans la définition de l’avenir politique de l’Afghanistan. «Ce sont les Nations unies et les voisins de l’Afghanistan qui doivent œuvrer avec toutes les factions afghanes pour former un gouvernement stable», a déclaré la conseillère du président Bush pour la Sécurité nationale, Condoleezza Rice. Dans l’immédiat, tout à son effort militaire, Washington semble de plus en plus engagé dans la guerre que les stratèges américains avaient annoncée au début des opérations, le 7 octobre : une campagne de coups de main et d’opérations secrètes. Rapidement, ils avaient dû faire face à des critiques de commentateurs s’étonnant du classicisme de la tactique employée contre les talibans, faite de bombardements en appui à des offensives de l’Alliance du Nord. Mais des éléments récents rapportés par les journalistes sur le terrain ou rendus publics par le Pentagone donnent raison à ceux qui avaient envisagé une guerre différente des derniers engagements américains, comme la Bosnie ou le Kosovo. Selon le Pentagone, des avions-espion sans pilote, les Predators et les Global Hawks, sont lancés en permanence aux trousses de Ben Laden, qui a été repéré dans l’est de l’Afghanistan, près de Tora Bora, une base souterraine à trois jours de marche de la frontière pakistanaise. Des soldats des forces spéciales se déplaçant parfois à cheval ont infiltré les lignes talibanes pour diriger des frappes aériennes de précision. «Nous sommes revenus au temps de la cavalerie, mais il n’y a jamais eu dans l’histoire des cavaliers capables de guider des bombardiers à long rayon d’action», a commenté le sous-secrétaire à la Défense, Paul Wolfowitz. Récemment encore, le Washington Post rapportait le coup de main en plein désert de commandos américains qui ont neutralisé les conducteurs de cinq camions de carburants destinés aux talibans, avant d’ordonner leur destruction par deux hélicoptères Black Hawk. Les militaires américains, dont certains experts avaient mis en doute la capacité à opérer dans le terrain ingrat de l’Afghanistan, s’y montrent donc de plus en plus actifs. Et les différentes unités engagées, dépendant du Pentagone ou de la CIA, sont disposées à prendre tous les risques puisque, selon des témoignages, un «conseiller» américain a été tué hier dans le nord du pays, à Mazar-i-Sharif (voir par ailleurs). Mais en dépit de cette mobilisation totale, la traque de Ben Laden reste une opération délicate. «Trouver une personne dans un terrain aussi rude que l’Afghanistan est extrêmement compliqué», a commenté un ancien directeur de la CIA, Robert Gates, sur la chaîne de télévision CBS. D’autant plus qu’à mesure qu’ils s’aventurent vers le sud du pays, les soldats américains se déplacent dans un environnement plus hostile, dominé par les pachtounes, où leurs alliés ouzbeks, tadjiks ou hazaras sont mal à l’aise. Pour autant, les informations fournies par les services de renseignements russes et pakistanais ont permis au commandement américain d’avoir une meilleure connaissance du réseau de tunnels que Ben Laden utilise dans cette région. Et l’aviation américaine, équipée de bombes à forte pénétration, tente de détruire systématiquement ces caches pour forcer Ben Laden à s’exposer. Pour le sénateur républicain Richard Lugar, membre de la commission sur le renseignement, cette méthode fonctionne : «Son champ d’action est limité», a-t-il assuré sur CNN : «Nous sommes très proches» de le capturer.
Forts des succès contre les talibans enregistrés par les factions afghanes qu’ils appuient, les États-Unis vont pouvoir se concentrer sur leur objectif central en Afghanistan : éliminer Oussama Ben Laden et son réseau. Mais le président George W. Bush a déjà prévenu ses concitoyens que cet effort exigera de la patience et pourrait s’étendre à d’autres pays que...