RUGBY - Les Français ont battu les îles Fidji 77 à 10 - Une génération en marche vers la Coupe du monde 2003

La démonstration du XV de France face aux îles Fidji (77-10), samedi à Saint-Étienne, et les deux brillants succès sur l’Afrique du Sud et l’Australie consacrent l’avènement d’une génération en marche vers la Coupe du monde 2003 de rugby. Le virage a été amorcé lors de la tournée en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande en juin dernier. En raison de forfaits multiples et de méformes diverses, l’encadrement du XV de France avait été contraint de tenter de multiples paris. L’entraîneur Bernard Laporte avait d’abord rompu avec une longue tradition, préférant appeler de jeunes joueurs enthousiastes plutôt que de convoquer des intérimaires de la sélection. Il avait également misé sur Patrick Tabacco, remplaçant au Stade français, en n°8, et sur Jean-Jacques Crenca, en pilier gauche. Quelques «anciens», dont le nouveau capitaine Fabien Galthié, Raphaël Ibanez et Olivier Magne, furent chargés d’encadrer le collectif. La méthode fut payante. Promis à la destruction, le XV de France avait remporté le premier test-match face à l’Afrique du Sud (32-23), concédé une courte défaite face aux Boks lors du second (15-20), avant de céder en Nouvelle-Zélande (12-37). Traille, la révélation Séduit par l’état d’esprit dégagé, Bernard Laporte a renouvelé l’expérience cinq mois plus tard. Pelous, Brouzet, Glas, Garbajosa puis Merceron déclarent forfait avant d’affronter les Springboks le 10 novembre ? La révolution se poursuit et sept débutants sont titularisés pour débuter la rencontre. Bonne pioche ! Le deuxième ligne Thibault Privat, l’ailier Aurélien Rougerie et l’arrière Clément Poitrenaud confirment leur potentiel. Surtout, Damien Traille, la grande révélation du mois de novembre, éclate au centre, et forme une paire indestructible avec le Néo-Zélandais Tony Marsh. Une semaine plus tard, Frédéric Michalak entre en scène à l’ouverture face aux Australiens. Et Serge Betsen, qui paraissait condamné au printemps dernier pour indiscipline chronique, étale toutes ses qualités de défenseur. Avec une équipe alliant jeunesse et expérience, le XV de France a battu deux des meilleures équipes de la planète, en s’appuyant sur un canevas de jeu précis, basé sur une conquête performante et une défense infranchissable. Une fois les bases posées, les Français ont pu se concentrer sur le jeu offensif et répéter leurs gammes face aux Fidjiens, qui ont encaissé douze essais samedi à Saint-Étienne. La grande bagarre des places Bernard Laporte et ses deux adjoints, Jacques Brunel et Bernard Viviès, disposent désormais de deux ans pour améliorer les enchaînements. Dans ce domaine, ils disposent d’un atout : ils savent sur quels joueurs ils peuvent s’appuyer jusqu’à la Coupe du monde. A priori, les «héros» de l’automne semblent bien partis pour intégrer le groupe élargi des «trente» dans lequel Laporte souhaite pouvoir puiser au gré des blessures et des méformes. Conséquence : cette arrivée massive de nouveaux joueurs accroît la concurrence. Les cadres d’hier – Pelous, Brouzet, Garbajosa, Glas ou même Califano, exilé en Nouvelle-Zélande jusqu’en juin – devront retrouver leur meilleur niveau pour réintégrer le groupe. Ils devront également écarter d’autres jeunes prétendants, comme les troisièmes lignes centre Imanol Harinordoquy (Pau) ou Elvis Vermeulen (Montferrand) ou encore le pilier Arnaud Martinez (Narbonne). Cette concurrence exacerbée devrait animer le XV de France jusqu’à la Coupe du monde. Surtout, la grande bagarre des places devrait permettre à l’encadrement du XV de France de tirer la quintessence des joueurs, dès le prochain Tournoi des six nations (la France débutera le 2 février contre l’Italie).