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Actualités - CHRONOLOGIES

Affaire Esib - Murr réprouve l’agression et ordonne l’ouverture d’une enquête - Tollé dans les milieux politiques, les appels à la grève se multiplient

Plusieurs voix, des figures politiques aux associations civiles, se sont élevées hier pour condamner l’acte de vandalisme commis par les forces de sécurité dans la nuit de mardi à mercredi dans le campus de la faculté d’ingénierie de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib), où des drapeaux libanais et des photos représentant le tabassage d’étudiants par des agents des services de renseignements devant le Palais de justice, en août dernier, avaient été déchirés. Plusieurs universités ont ainsi annoncé qu’elles suspendront les cours lundi en solidarité avec l’ordre de grève lancé par le recteur de l’USJ, le père Sélim Abou. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, de retour d’une visite officielle à Paris, n’a pas caché hier son mécontentement et ordonné l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de l’irruption des agents de l’ordre dans le campus de l’université. Des sources proches de M. Murr ont affirmé hier qu’il n’avait pas été avisé de l’action des agents de l’ordre, «qui ont contrevenu à ses instructions et ne se sont pas référés au ministre de l’Intérieur par intérim, le ministre de la Défense, Khalil Hraoui». Ces sources ont noté qu’il s’agissait d’une réédition du cas de figure qui s’était posé lors du tabassage devant le Palais de justice, alors que le ministre de l’Intérieur se trouvait également à l’étranger. Selon ces sources, M. Murr a tenu à se démarquer de cet acte, soulignant «qu’il ne représente aucunement la politique sécuritaire que le ministre de l’Intérieur désire mener». «Ce qui s’est produit n’entre pas dans le cadre d’une campagne de répression des libertés et ne cache aucune arrière-pensée politique», a précisé le ministre. Ces sources ont enfin indiqué que M. Murr «n’hésitera pas à prendre des mesures pour sanctionner les responsables impliqués dans l’affaire de l’Esib, conformément à la ligne de conduite qui fait partie de l’actuel gouvernement (…)». Les universités solidaires Plusieurs universités ont manifesté hier leur solidarité avec le père Abou, dénonçant l’agression à l’Esib et proclamant leur intention de suspendre les cours durant la journée de lundi. Des sit-in de protestation sont donc prévus pour le début de la semaine à l’AUB, la LAU, la section 2 de l’Université libanaise et il n’est pas exclu que le mouvement s’étende à d’autres universités. La Ligue des professeurs du secondaire a dénoncé dans un communiqué «l’entrée par effraction des forces de l’ordre à l’USJ, qui constitue une atteinte aux principes démocratiques et une agression contre l’inviolabilité des enceintes des institutions universitaires et contre la liberté d’expression». L’Université La Sagesse a de son côté affirmé «son attachement au principe de l’État de droit et des institutions, au respect de la liberté d’opinion et d’expression dans le cadre des normes nationales et au respect de l’enceinte de l’université, institution scientifique, nationale et responsable, ce qui est consacré par la Constitution». La Notre-Dame University (NDU) de Louayzé a annoncé la suspension lundi des cours dans toutes ses facultés, appelant à faire de cette date «une journée de solidarité pour un Liban libre, souverain et indépendant». L’Université antonine et l’Université Saint-Esprit de Kaslik ont également annoncé qu’elles allaient suivre l’ordre de grève décrété par le père Abou. Le comité médical de l’Hôtel-Dieu a annoncé de son côté un arrêt de ses activités durant une heure, lundi. Pour sa part, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Raymond Chédid, a mis en garde «contre une répétition de tels actes», appelant les autorités à «assumer les responsabilités des exactions qui se produisent après chaque escalade». «L’escalade provoque une autre escalade, surtout que ces événements rouvrent des plaies qui ne se sont pas encore cicatrisées», a-t-il souligné, faisant allusion aux événements d’août dernier. Il a enfin appelé les autorités «à garantir la protection de la liberté et du droit, seule manière de faire régner la sécurité», pour «montrer à nos jeunes que la société traite avec eux par le biais d’un dialogue responsable (…) et non pas par des paroles violentes et un comportement susceptible d’entraîner des réactions hostiles à tout ce qui se met en travers des droits du citoyen (…)». L’association Nouveaux droits de l’homme (NDH-Liban) a pour sa part exprimé «son indignation et sa préoccupation face aux mesures répressives prises par les autorités libanaises ces deux derniers jours». Qualifiant l’irruption des FSI à l’Esib de «violation grave des droits de l’homme», NDH a rappelé aux autorités libanaises «l’obligation de respecter les procédures prévues par la législation libanaise et les engagements du Liban en tant que pays signataire du pacte international relatif aux droits civils et politiques». L’ONG a également déploré l’annulation, suite à des pressions, du dîner organisé par l’ancien président de la République, Amine Gemayel, indiquant «qu’en aucun cas un dîner politique ne peut constituer une menace à la sécurité», ainsi que l’interdiction faite aux étudiants de l’USJ de participer au sit-in organisé à la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise. De Freige réclame des sanctions L’ancien député Camille Ziadé a exprimé sa stupeur devant le comportement du pouvoir, le jour de «la commémoration d’une indépendance incomplète». Ce pouvoir, a-t-il dit, a «eu recours à la politique de l’intimidation, de la violation de l’enceinte des universités et a assiégé des étudiants pour les empêcher de se retrouver pour exprimer leur aspiration à la souveraineté, l’indépendance et la libre décision». M. Ziadé a également dénoncé l’interdiction faite au président Gemayel d’organiser un dîner à Jbeil. «Durant ces derniers jours, le pouvoir a donné l’impression qu’il nourrissait l’extrémisme, qu’il incitait à la division et qu’il empiétait sur les libertés, en essayant d’imposer sa nouvelle conception de l’indépendance à travers cette pression sécuritaire et politique», a-t-il conclu. De son côté, le député Nabil de Freige a demandé à l’État de prendre des sanctions à l’égard des responsables de l’action contre l’Esib, estimant que celle-ci s’était produite parce que des sanctions n’avaient pas été prises contre les auteurs de la ratonnade devant le Palais de justice, au mois d’août dernier. «La répression sécuritaire entraîne des réactions négatives, lesquelles peuvent prendre de l’ampleur et menacer la paix civile», a estimé M. de Freige, mettant en garde contre une répétition de ces agissements policiers. Pour sa part, le Mouvement du renouveau démocratique (MRD) a soutenu l’appel à la grève lancé par le père Abou, dénonçant «les actions contraires à la démocratie et aux libertés». Rappelant à l’État que «les étudiants ne sont pas des terroristes», le Parti national libéral a fait valoir que l’agression contre l’Esib «entre dans le cadre d’une série d’exactions commises par les autorités», auxquelles il a demandé des comptes. Des communiqués dans le même sens ont également été publiés par la députée Nayla Moawad et le député Georges Kassarji. Seule voix discordante, le Tawhid, qui s’est déclaré «surpris par le courant estudiantin intrus, lequel affirme que l’indépendance et la souveraineté n’existent pas, alors que nos résistants ont bouté les juifs hors de notre terre».
Plusieurs voix, des figures politiques aux associations civiles, se sont élevées hier pour condamner l’acte de vandalisme commis par les forces de sécurité dans la nuit de mardi à mercredi dans le campus de la faculté d’ingénierie de l’Université Saint-Joseph (USJ-Esib), où des drapeaux libanais et des photos représentant le tabassage d’étudiants par des agents des...