Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

DOSSIER RÉGIONAL - Nul besoin de nouvelles assises internationales - Le déblocage dépend du gouvernement israélien

Selon un ancien ministre des Affaires étrangères, la réactivation du processus de paix ne nécessite pas de nouvelle initiative. Mais une volonté réelle d’aboutir à un règlement global équitable. Depuis des années, la région voit défiler des délégations occidentales ou des émissaires onusiens qui tous affirment la nécessité de se conformer aux principes de Madrid comme aux résolutions du Conseil de sécurité ou aux accords d’Oslo. Des vues auxquelles les Arabes, Palestiniens en tête, souscrivent sans réserve. Tandis qu’Israël les rejette systématiquement, allant des louvoiements à de nets refus. Aujourd’hui, poursuit cet ancien ministre, on voit l’UE tenter d’intervenir. Mais là où les Américains eux-mêmes ne parviennent pas à marquer des points, les Européens peuvent-ils réussir ? Autrement dit, si Washington n’arrive pas à faire plier le gouvernement israélien, qui d’autre le pourrait ? Cependant, cet ancien ministre note que les Américains ne jouent pas vraiment franc-jeu. Dans ce sens qu’au lieu d’œuvrer en faveur du processus de paix par des pressions sur l’État hébreu, ils se laissent impressionner par ce dernier. Qui les dresse contre certains pays arabes, présentés sinon comme des noyaux de terrorisme du moins comme des protecteurs de mouvements subversifs. Cette opération d’intox cible même des États réputés proches de l’Amérique et qui se trouvent accusés d’être en partie responsables des attentats du 11 septembre. Ce qui justifie les menaces voilées proférées à leur encontre, les pressions économiques ou financières qu’ils subissent, qui vont de la chute des prix du pétrole aux immixtions dans les systèmes bancaires à travers des listes de gel de dépôts. Face à ce détournement de dossier, l’ancien ministre pense qu’il faut une réaction arabe solidaire. Un sommet de la Ligue, par exemple, qui publierait un manifeste condamnant le terrorisme à l’état pur, mais refusant l’amalgame avec la résistance. Et soulignant les responsabilités d’Israël, tant dans les pratiques de répression littéralement terroristes que dans le blocage du processus de paix. Spéculations inquiètes sur l’après-talibans De son côté, le ministre de la Culture, M. Ghassan Salamé, croit distinguer à l’horizon un nouveau projet russo-européen. Ce qui, à son avis, constitue une première dans ce sens que les USA n’auraient plus le monopole, comme durant les dix dernières années, du traitement du dossier régional. Quoique, selon le ministre, l’Europe bénéficie dans ses efforts du soutien d’une frange de l’Administration américaine, le parti des colombes pour ainsi dire, qui songe à une sorte de package deal au Moyen-Orient. Alors qu’une autre aile du pouvoir US se montre radicale et souhaite que les objectifs soient démultipliés. M. Salamé ajoute que les pays arabes doivent savoir saisir l’occasion qui leur est donnée de faire contre-pression sur l’Amérique, en lui montrant les retombées négatives pour elle de sa partialité en faveur d’Israël. Il souhaite donc lui aussi un sommet arabe. Quelles perspectives pour la région, et pour le Liban, dans l’après-talibans ? Ce thème a été débattu au cours d’un salon de diplomates libanais. Ils ont, d’une même voix, relevé qu’en tout premier lieu, avant de vendre la peau de l’ours il faut encore le tuer. Façon de souligner que la guerre d’Afghanistan, et les talibans, ne sont pas finis. Qu’il faut donc attendre un peu que cela se décante, afin de disposer d’indices assez solides pour des pronostics d’ordre général. Après ces précautions oratoires d’usage, ces professionnels de la Carrière ont développé leurs vues à tour de rôle. Bien entendu quand Hippocrate dit oui, Galien dit non, et les intervenants ont rendu des avis divergents. Les uns pensent que les États-Unis ne passeront pas à la phase deux de leur plan de combat contre le terrorisme mondial avant que l’Afghanistan ne soit relativement stabilisé. Le président Bush, grâce à la victoire obtenue dans ce pays, resterait très populaire. Il garderait de la sorte les mains libres (sous-entendu par rapport au lobby sioniste) pour imposer un règlement équitable du conflit israélo-arabe. Ce qui lui gagnerait les faveurs du monde islamique. Et lui offrirait beaucoup plus de facilités pour traquer les réseaux terroristes. Sans compter que le cycle de violence au Moyen-Orient, qui alimente certaines déviances ou qui prête parfois à équivoque, n’aurait plus lieu d’être. Il n’y aurait plus ainsi de problème avec le Liban comme avec la Syrie en ce qui concerne le désarmement du Hezbollah et l’arrêt de ses actions sur le terrain. De même les organisations du refus palestiniennes basées à Damas seraient mises au pas. Une fois la paix conclue, l’Autorité deviendrait responsable dans les Territoires, ou dans le nouvel État palestinien, de ce que les Israéliens qualifient de terrorisme, de tout acte de violence. Il en irait de même pour le Liban et pour la Syrie au Sud ou au Golan. Contrairement à l’Administration américaine, l’Europe, particulièrement la France, pense comme les Arabes qu’il faut régler le conflit israélo-arabe avant de classer des organisations combattantes sous la rubrique du terrorisme. Paris propose dans cet esprit la tenue d’une nouvelle conférence internationale réunissant l’Onu, les USA, la Russie, l’Europe et les protagonistes de la région. Quant à l’UE, elle s’efforce de promouvoir, comme première étape, la proclamation d’un État palestinien avec l’assentiment du gouvernement israélien. Mais d’autres participants à ce colloque diplomatique privé soulignent que le ciel régional n’est pas en train de se dégager, tant s’en faut. À leur avis, l’épilogue en Afghanistan n’a que peu d’impact sur le dossier du Proche-Orient. Ils soulignent que les gouvernants arabes ont de bonnes raisons de craindre de considérables complications dans les phases à venir. À cause, essentiellement, du fait que l’alliance objective entre les extrémistes des deux bords bloque solidement la voie de la paix. La présence de Sharon à la barre est un gage de fiasco pour le processus.
Selon un ancien ministre des Affaires étrangères, la réactivation du processus de paix ne nécessite pas de nouvelle initiative. Mais une volonté réelle d’aboutir à un règlement global équitable. Depuis des années, la région voit défiler des délégations occidentales ou des émissaires onusiens qui tous affirment la nécessité de se conformer aux principes de Madrid...