Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Youssef, treize ans, habite - avec son maître d’école

Youssef est content. Il vient de remporter le prix de lecture du Clac (Centre de lecture et d’animation culturelle) de Tibiri, une ville à plus de 700 kilomètres de la capitale nigérienne, qui compte, avec ses banlieues, environ 30 000 habitants. Youssef a 13 ans, mais il fait beaucoup moins que son âge. Youssef est chétif, il ne vit pas avec ses parents, et il récite merveilleusement les fables de La Fontaine. C’est son professeur d’école qui l’éduque et le prend en charge. Youssef évolue donc dans les locaux de son école. Tous les jours après la classe, il marche durant trente minutes sous le soleil brûlant d’Afrique pour arriver au Clac. C’est dans cette bibliothèque publique munie d’Internet, nourrie en électricité par énergie solaire, que Youssef joue au scrabble et au monopoly. Parfois, dans la cour du centre de lecture, il regarde les adultes jouer à la pétanque. Oui, au Clac francophone, on importe parfois des jeux français, même au fin fond de l’Afrique. Dans la salle de lecture des Clac, Youssef feuillette ses livres préférés : des contes, des BD françaises et belges, de la littérature africaine écrite en français, et les fables de La Fontaine. Ce sont ses préférés. De plus, c’est ici qu’il apprend la prononciation correcte du français. Youssef est heureux, il serre contre sa poitrine les cadeaux qu’il vient de recevoir : un savon, un cahier, un stylo à billes, un T-shirt en coton blanc et un mini-scrabble. Devant toute l’assistance qui s’est rassemblée, dans la poussière, sur la place du village le petit garçon prend son courage à deux mains et récite la fable Le laboureur et ses enfants. Sûr de lui-même, sa voix ne tremble pas, il regarde droit devant lui et ne fait aucune erreur. Youssef mérite bien le premier prix de lecture. À part ses après-midi au Clac, il n’a pas d’autres loisirs. Il rêve de devenir infirmier quand il sera grand. Pourquoi ? «Tout le monde me respectera parce que j’aiderai les gens». Infirmier, comme son père et sa mère qui travaillent à 750 kilomètres de Tibiri et qu’il voit uniquement durant les vacances de Pâques et de Noël. Youssef vit également loin de ces quatre sœurs dont la plus jeune a quatre ans. Aucune ne sait lire ou écrire. Pour le moment, ni sa mère, si son père, ni ses sœurs ne lui manquent. Youssef a gagné le premier prix de lecture et il est content.
Youssef est content. Il vient de remporter le prix de lecture du Clac (Centre de lecture et d’animation culturelle) de Tibiri, une ville à plus de 700 kilomètres de la capitale nigérienne, qui compte, avec ses banlieues, environ 30 000 habitants. Youssef a 13 ans, mais il fait beaucoup moins que son âge. Youssef est chétif, il ne vit pas avec ses parents, et il récite...