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Les leçons du 11 septembre - La paix malgré Israël ?
Par FRANGIE Samir, le 15 novembre 2001 à 00h00
Quelle position l’Occident va-t-il adopter après la chute de Kaboul ? Poursuivre la guerre en cherchant de nouveaux ennemis à abattre à la tâche de trouver des solutions aux problèmes qui ont envenimé depuis plus d’un demi-siècle ses rapports avec le monde arabe et musulman ?. Le plus important de ces problèmes est sans conteste la question palestinienne. La complaisance manifestée par l’Occident à l’égard d’Israël a énormément contribué à crisper les Arabes et à les convaincre qu’ils sont les «exclus» permanents de l’ordre international. L’échec de la conférence de Madrid, après la participation arabe à la guerre contre l’Irak, a provoqué chez eux le sentiment d’avoir été «utilisés», puis rejetés. Pourtant les gages de bonne volonté n’ont pas manqué du côté arabe : de l’acceptation par Nasser en 1970 du «projet Rogers», à la visite d’Anouar Sadate à Jérusalem en 1977, au projet de l’émir Fahd en 1981, à la reconnaissance d’Israël par Yasser Arafat en 1988, aux accords d’Oslo en 1993, tout a été fait pour donner à Israël les garanties nécessaires à sa sécurité. Les tentatives de conclure la paix n’ont pas manqué, mais elles se sont toutes soldées par un échec sans que pour autant ne soit remis en cause l’appui inconditionnel des pays occidentaux à l’égard de l’État hébreu. Le problème n’est plus chez les Arabes. Il est aujourd’hui en Israël où les partisans de la paix se font de moins en moins nombreux. Cette paix se heurte à deux types d’opposition : – L’une, idéologique, estime que rien ne doit être fait qui puisse compromettre les chances d’Israël de recouvrer son «territoire historique». Le chef de file de cette opposition, Ariel Sharon, ne cache d’ailleurs pas ses intentions. «L’idée de faire la paix avec les Palestiniens, dit-il, est absurde», et d’expliquer que «la guerre d’indépendance d’Israël, commencée en 1948, se poursuit toujours». Cette opposition, qui pratique l’amalgame entre «droits historiques» et «impératifs de sécurité», est passée maître dans l’art de «présenter ce qui appartient au domaine des droits historiques comme une nécessité de sécurité (...) Inversement, la simple existence d’une revendication palestinienne est – en tant que démonstration vivante de la présence d’une autre légitimité, donc la négation des droits historiques juifs sur la Terre sainte – posée comme une menace pour la survie de l’État d’Israël». – L’autre opposition repose sur des considérations plus concrètes : données démographiques défavorables (l’extrême droite insiste d’ailleurs sur la nécessité d’une «épuration ethnique», d’un «transfert» des Palestiniens de 1948), absence d’intérêts économiques avec le monde arabe, perte, en cas de paix, de son rôle de partenaire privilégié des État-Unis, Israël étant le seul pays à avoir conservé une importance stratégique pour les Américains après la fin de la guerre froide, etc. Cette double opposition se greffe – et c’est peut-être là le fait le plus grave – sur une véritable «guerre des cultures» qui oppose religieux et laïques, ashkénazes et séfarades, «européens» et «orientaux». Cette guerre est bien réelle. Elle a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rabin. Avec son assassinat, qui «a été l’acte par lequel la nouvelle génération d’Israël (l’autre moitié d’Israël – religieux, juifs arabes, Russes) a pris le pouvoir», il devenait évident que la paix n’était plus à l’ordre du jour et que le Proche-Orient était condamné à une guerre sans fin. La droite israélienne, qui n’a jamais tenu compte des «conseils» de modération prodigués, de manière épisodique, par les Occidentaux, a estimé qu’elle avait, enfin, les mains libres pour trouver une «solution définitive» au problème palestinien. Cette solution est à l’œuvre depuis septembre dernier. La provocation de Sharon devant l’esplanade de la mosquée «al-Aksa», l’intifada palestinienne qui en a résulté, et la répression féroce mis en œuvre par les Israéliens ont créé une situation que personne n’est plus en mesure de contrôler. Or, celle-ci est porteuse de graves dangers et ouvre la voie à toutes les violences. Dans ce contexte, et en raison justement de cette guerre que se livrent les différents groupes israéliens, la solution ne peut plus venir que de l’extérieur. La proposition de Jacques Chirac d’une conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien, les déclarations de Georges Bush sur sa vision de «deux États côte à côte», utilisant, pour la première fois, le terme de «Palestine», et la prochaine visite de Colin Powell dans la région sont certainement des signes encourageants. Encore faut-il aller très vite avant que les extrémistes ne se ressaisissent et ne reprennent l’initiative. Le laxisme de l’Occident à l’égard d’Israël touche-t-il à sa fin ? Il est encore tôt pour se prononcer sur cette question. Mais il serait utile de rappeler que ce laxisme que les Arabes n’ont cessé de dénoncer suscite de l’autre côté également, chez les Israéliens favorables à la paix, des commentaires amers. un ancien ministre, Shoulami Aloni, déclarait à ce sujet : «Nous ne serons pas traduits devant un tribunal international parce que nous sommes juifs, et les Européens et les chrétiens ont des sentiments de culpabilité envers nous. Nous sommes les victimes irrévocables et, en tant que telles, nous pouvons tout nous permettre».
Quelle position l’Occident va-t-il adopter après la chute de Kaboul ? Poursuivre la guerre en cherchant de nouveaux ennemis à abattre à la tâche de trouver des solutions aux problèmes qui ont envenimé depuis plus d’un demi-siècle ses rapports avec le monde arabe et musulman ?. Le plus important de ces problèmes est sans conteste la question palestinienne. La complaisance manifestée...
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