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Actualités - ANALYSES

DIALOGUE INTERNE - L’opposition obligée de tempérer son discours - Les convulsions internationales avantagent le pouvoir

Non sans une pointe d’amertume, un pôle contestataire constate que les attentats du 11 septembre, la guerre d’Afghanistan, la lutte contre le terrorisme, le cas du Hezbollah et la dangereuse escalade dans les Territoires profitent largement au pouvoir. Car nécessité faisant loi, tout le monde ou presque se sent obligé d’adopter un ton unitaire, dans l’intérêt bien compris du pays. Ce qui signifie que l’opposition se trouve obligée de mettre un sérieux bémol à ses récriminations de toutes sortes. Et à cesser, pour le moment, de caresser la grisante idée d’échanger son rôle acide de censeur contre celui, tout sucre tout miel, des pontes dirigeants. En effet, adieu veaux, vaches, cochons, on n’entend plus guère parler dans les salons de changement ministériel. Même pas le plus petit remaniement en vue. Les frustrés, qui sont légion comme on s’en doute, doivent ronger leur frein. En attendant des jours meilleurs, c’est-à-dire moins sombres. Ce qui signifie que tous les sujets qui fâchent sont relégués au frigo. Et seuls les thèmes qui ont encore quelque chance de faire l’objet d’un bazar consensuel restent en vigueur. Le tout étant de déplaire le moins possible à une opinion publique qui ne comprendrait pas qu’en des moments aussi graves, les politiciens s’amusent à des querelles de sérail, à des luttes d’influence qui sont autant de conflits d’intérêts, parfois sordides. D’autant que les événements extérieurs viennent alourdir un climat financier et socio-économique pour le moins malsain. En rendant tout à fait hypothétique, voire illusoire, la tenue de Paris II, conférence moratoire du renflouage. Dès lors, il n’est pas étonnant, c’est de bonne guerre même, que le pouvoir sonne le ralliement de tous à son panache blanc. Et se félicite de l’unanimité des rangs autour de la question du Hezbollah. Ou, plus exactement, du distinguo entre le droit de résistance active et le terrorisme. Le mortel péril de la discorde interne est ainsi évité. C’est ce que le secrétaire général du parti de Dieu, Sayyed Hassan Nasrallah, souligne volontiers. En déclarant que «ce n’est pas le Hezbollah qui est pris pour cible par les listes américaines. Mais, d’un seul coup, les composantes de l’énergie de force libanaise. Qui se résument dans l’unité nationale entre les communautés, l’État, l’armée et la société civile. Dont la cohésion se cristallise autour de l’option résistance. Il ne s’agit donc pas d’une affaire de comptes financiers, mais bien de faire admettre au Liban que le Hezb est une organisation terroriste». Objectif américain raté. On sait en effet que le chef de l’État a certifié au secrétaire général du Hezbollah, dans un appel téléphonique, que le pays reste solidaire dans son appui à la Résistance. Tandis que, de son côté, le patriarche Sfeir ne cesse de répéter qu’il est indispensable de rejeter tout amalgame entre le terrorisme et une résistance qui a libéré une partie du Sud comme de la Békaa-Ouest de l’occupation israélienne. Pour sa part, le vice-président du Conseil, M. Issam Farès, met l’accent sur la nécessité de toujours veiller à l’unité des rangs intérieurs, en déjouant les tentatives visant à susciter des dissensions confessionnelles et en rejetant tout extrémisme. Même son de cloche du côté du ministre de l’Énergie, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, qui affirme que ce pays peut triompher de tous les défis si ses fils restent bien unis. Une condition requise, bien évidemment, dans le domaine difficile de l’économie et des finances. Sur ce plan, une saine entente faciliterait l’amorce du redressement. Accord de fond qui devrait se refléter à travers le débat budgétaire à la Chambre. Où les manœuvres politiciennes classiques doivent être prohibées, au nom de l’intérêt national. Afin de faciliter, d’encourager, un plan de traitement articulé sur une étroite coopération entre l’État et le secteur privé. Comme afin de paver la voie à une indispensable réforme de l’administration, instrument premier de toute normalisation. Laquelle réforme commencerait par un train de nominations réussi, pour le pourvoi des postes vacants de première catégorie en base des critères de compétence et de probité. Avant de passer aux privatisations, comme moyen efficace de consolider la stabilité de la monnaie nationale, en allégeant quelque peu le trop lourd fardeau de la dette publique. Autrement dit, et pour conclure, on revient à l’adage universel : «Aide-toi, le ciel t’aidera». Car s’ils ne se montrent pas résolus à travailler ensemble pour leur propre bien, sans dormir sur de faux lauriers sécuritaires ou autres, les Libanais ne peuvent pas espérer bénéficier d’une quelconque assistance extérieure.
Non sans une pointe d’amertume, un pôle contestataire constate que les attentats du 11 septembre, la guerre d’Afghanistan, la lutte contre le terrorisme, le cas du Hezbollah et la dangereuse escalade dans les Territoires profitent largement au pouvoir. Car nécessité faisant loi, tout le monde ou presque se sent obligé d’adopter un ton unitaire, dans l’intérêt bien compris...