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Actualités - CHRONOLOGIES

CONCERT - Le Trio Storioni offre des pages d’Elgar et de Beethoven - Sérénade, triple concerto et romance

Comme une onde sonore qui se propage dans le temps, les concerts de l’Orchestre symphonique national libanais se succèdent avec la même suave fluidité. La dernière en date de ces performances est celle placée sous la direction de Walid Gholmieh avec comme invité d’honneur le Trio Storioni en droite ligne des Pays-Bas. Performance offerte, en toute fidélité aux lieux, dans le cadre lumineux de l’église Saint-Joseph des pères jésuites (Achrafieh). Contre toute attente, rien de la terre des «polders» dans le menu proposé mais des pages d’Elgar et de Beethoven. En ouverture, la partition d’un des meilleurs musiciens de l’Angleterre, peu connu peut-être de l’auditoire libanais, Edward William Elgar, dans une belle sérénade pour cordes. Trois mouvements (allegro piacevole, larghetto, allegretto) pour dire toute la maturité d’une œuvre qui a généralement les faveurs des interprètes en concerts et qu’on écoute ici dans une atmosphère empreinte de ferveur, sous les voûtes illuminées dans une église pleine à craquer. Maturité certes mais aussi charme d’un esprit débordant de vie et à la jeunesse fringante, où lyrisme et intenses moments d’une certaine lenteur reflètent une narration toute en subtiles nuances. Rêveuse narration aux emportements subits et rythmés d’un romantisme ailé avec des accents parfois aux confins des déchirements mahlériens, notamment dans le premier mouvement. Déferlement beethovénien dramatique avec l’ouverture du shakespearien «Coriolan» en ut mineur du maître de Bonn. Célèbre général romain qui au VI siècle avant Jésus-Christ, pour se venger de l’ingratitude du Sénat et de son exil dans le sud du Latium, voulut saccager Rome et ne céda qu’aux larmes de sa femme et de sa mère. Le ressentiment de «Coriolan» se manifeste en traits brefs entrecoupés de silence ; succède à cet éclatement un decrescendo conduisant à un thème apaisant, évoquant les supplications affectueuses de Volumnie qui réussit à calmer la colère de son époux. Marquée par la grandeur, l’impétuosité et la mansuétude, sans oublier une certaine dimension de bouillonnement et de souffle païen, cette œuvre grandiloquente révèle un Beethoven au faîte d’une narration nerveuse, véhémente et puissante. Premières mesures tonnantes qui vont en s’enflant comme un ouragan terrible pour finir dans l’harmonie d’une narration majestueuse et «drapée» dans sa grandeur et dignité, telle une impassible garde prétorienne. On termine avec le triple concerto pour violon, violoncelle et piano, toujours de Beethoven. Œuvre singulière, au sens premier du terme ; dédiée à l’archiduc Rudolphe, elle réunit deux groupes d’instruments qui dialoguent beaucoup plus en concerto grosso qu’en concerto conventionnel. En trois mouvements (allegro, largo et rondo alla pollacca) comme tous les concerts de Beethoven d’ailleurs, cette œuvre a d’abord l’originalité d’introduire le thème principal par le violoncelle ensuite de laisser le violon rejoindre les cordes pour conclure avec un piano plutôt effacé aux premières mesures. Autre originalité de ce triple concerto d’une grande beauté sonore et mélodique, est ce finale à l’humeur brusquement franche et enjouée. À noter ici la remarquable présence du Storioni Trio avec Wouter Vossen au violon, Marc Vossen au violoncelle et Bart van de Roer au piano. Salve d’applaudissements enthousiastes et «standing ovation» d’un public absolument conquis par une prestation sans faille. En bis, et sans l’orchestre, le Storioni Trio a offert à l’auditoire cette charmante «romance» de Schuman d’un romantisme à la mélancolie retenue et parfois d’une clarté d’eau de source. Aux dernières notes mourant sous les vitraux bleutés des voûtes éclairées, l’auditoire était encore sous le charme d’un grand rêve de cristal.
Comme une onde sonore qui se propage dans le temps, les concerts de l’Orchestre symphonique national libanais se succèdent avec la même suave fluidité. La dernière en date de ces performances est celle placée sous la direction de Walid Gholmieh avec comme invité d’honneur le Trio Storioni en droite ligne des Pays-Bas. Performance offerte, en toute fidélité aux lieux, dans...