Baabda - Climat d’entente pour la rencontre Lahoud-Hariri-Berry - Les nominations reléguées au second plan

«Concordance de vues» sur les dossiers extérieurs, pragmatisme et réalisme sur les dossiers politiques locaux, considérés comme «subordonnés à la nécessité d’un solide front interne», tels sont les principaux résultats des entretiens que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, et ses deux hôtes, le président de l’Assemblée Nabih Berry et le chef du gouvernement Rafic Hariri, ont eus hier, au cours d’une séance de travail suivie d’un déjeuner à Baabda. La concordance de vues en question porte sur «les constantes politiques libanaises» et «les prises de position déjà adoptées par le Liban au sujet des développements régionaux et internationaux». Il va de soi que par «constantes», les responsables songent avant tout à la distinction vitale entre résistance et terrorisme, à l’heure ou les États-Unis demandent des comptes au Parti de Dieu pour certaines des opérations qui lui sont attribuées. De source proche du chef du gouvernement, on apprend que l’essentiel des entretiens a porté sur ce grand dossier. Mais avec une placidité typique de son style d’action, le chef de l’État aurait fait remarquer qu’il est inutile de faire preuve d’alarmisme, et que l’on se trouve encore au stade où le Liban n’a pas encore été officiellement informé d’une demande de gel des avoirs du Hezbollah, étant entendu que le Liban ne reconnaît à cet égard que l’autorité de l’Onu. Il en va de même pour la liste des organisations considérées comme terroristes, aurait ajouté le chef de l’État, qui ne considère le Liban engagé qu’à l’égard des dispositions de la résolution 1373 de l’Onu. Or pour que cette résolution soit appliquée, encore faut-il qu’une définition claire du terrorisme soit formulée. Ce qui ne saurait être imposé par une seule partie. Sur le plan interne, les trois hommes ont constaté que la nécessité de la stabilité politique passe aussi par la poursuite des réformes administratives et financières prévues , «dans le cadre des lois et règlements en vigueur», ont précisé les milieux présidentiels. Les hauts responsables se sont déclarés par ailleurs «satisfaits» de l’état de la sécurité et ont convenu d’accorder «toutes les facilités possibles aux ressortissants arabes désireux de venir passer la saison des fêtes au Liban». Mais les questions internes de l’heure n’ont pas été totalement escamotées, lors de la rencontre. On apprend en effet de bonne source que le chef du gouvernement demandera aujourd’hui aux ministres, qui ne l’ont pas encore fait, de manifester leurs préférences au sujet des nominations aux postes de première catégorie dans leurs ministères. Mais l’impression qui dominait hier, dans les milieux politiques, c’est que le train de nominations, que l’on annonçait voilà deux semaines déjà comme imminent, a été une fois de plus reporté de quelque semaines, le temps de laisser les esprits se refroidir. Et les aspirations s’exprimer. En ce qui concerne les rapports plutôt froids entretenus ces derniers temps par MM. Hariri et Berry, en raison de divergences sur l’existence du Conseil du Sud, on insistait hier, dans les cercles concernés, sur le fait qu’on ne peut pas parler de «divorce» entre les deux hommes, mais que ce qui les oppose est de l’ordre du «différend». Un grand progrès donc : les deux hommes se sont parlé. Prévue pour 12h30, la rencontre à trois ne s’est tenue qu’à 13h30, en raison du passage-éclair du chef du gouvernement à Damas (voir par ailleurs). MM. Hariri et Berry ont quitté Baabda vers 15h10, sans faire de déclarations. Le chef du Législatif a seulement affirmé que le président de la République «parle en notre nom à tous».