Un homme passe les contrôles avec 7 couteaux, un pistolet paralysant et une bombe lacrymogène - « Échec sécuritaire spectaculaire » à l’aéroport de Chicago

Un homme passe les contrôles à l’aéroport de Chicago et parvient au pied de la passerelle d’embarquement avec sept couteaux, un pistolet paralysant et une bombe lacrymogène dans son bagage à main : ce dernier incident provoque la colère des autorités et illustre les carences persistantes de la sécurité aérienne. L’incident est survenu samedi soir à l’aéroport international O’Hare de Chicago (Illinois). Un Népalais de 27 ans, Subash Gurung, qui se rend à Omaha (Nebraska) sur un vol de la compagnie United Airlines, passe par le portique de détection du terminal d’embarquement. Les agents de sécurité trouvent sur lui un couteau suisse de poche. Volontairement, il en extrait un autre d’une seconde poche. La fouille sommaire dure 12 minutes, après quoi il est autorisé à rejoindre sa porte d’embarquement. Là, à la faveur d’une deuxième fouille inopinée, les agents trouveront dans son bagage à main, pourtant passé par la machine à rayons X, sept couteaux, un pistolet à décharge électrique paralysante («stun gun») sans piles à l’intérieur et une mini-bombe lacrymogène, enveloppés dans un sac en plastique. Arrêté une première fois, l’homme est interrogé. Il dit avoir commis une «erreur» en oubliant de mettre ses armes dans son bagage en soute, puis est relâché. Le lendemain, lorsqu’il revient récupérer son bagage de soute qui a fait le voyage sans lui, le FBI l’arrête de nouveau. Deux couteaux supplémentaires sont découverts à l’intérieur. En situation irrégulière sur le territoire et au chômage, Gurung, qui était en possession d’un faux permis de travail, a été inculpé d’infraction à la législation fédérale sur le port d’armes et placé en détention provisoire. Il est passible d’une peine de 10 ans de prison et d’une amende maximale de 250 000 dollars. 28 000 employés chargés de la sécurité Argenbright Security, la société privée responsable de la sécurité aéroportuaire pour le compte d’United Airlines, a expliqué l’incident par une défaillance de la machine à rayons X. Elle a annoncé la suspension de huit agents de sécurité et de leur superviseur. À peine deux mois après le quadruple détournement par 19 pirates de l’air et les attentats à l’avion-suicide du 11 septembre, cette nouvelle bavure a relancé le débat sur la nécessité impérative de repenser le système de fond en comble. Fin octobre, un autre incident sérieux avait déjà provoqué la colère du secrétaire aux Transports, Norman Mineta. Un homme avait alors réussi à embarquer à bord d’un avion à l’aéroport de la Nouvelle-Orléans (Louisiane) et s’était aperçu qu’il avait gardé par devers lui son revolver. Cette fois, M. Mineta a tapé du poing sur la table, estimant que ce dernier incident constituait un «échec spectaculaire» en matière de sécurité. Il a recommandé des sanctions contre United Airlines sous la forme d’une forte amende et a demandé en outre à la compagnie de recommencer la formation des employés chargés du contrôle des bagages. Les inspecteurs de l’administration de l’aviation civile (FAA) ont d’ores et déjà reçu toute latitude pour fermer un terminal et évacuer tous les passagers en cas de constatation d’une violation des règles de sécurité, ce qui est déjà arrivé à huit reprises au cours des derniers jours. Le secrétaire aux Transports a souligné que la récurrence de ces incidents démontrait l’urgence pour le Congrès d’adopter des mesures proposées par le président George W. Bush sur le renforcement de la sécurité aéroportuaire. Deux projets de loi s’affrontent au Congrès. D’un côté, les démocrates poussent en faveur d’une fonctionnarisation des 28 000 employés chargés de la sécurité dans les aéroports, tandis que les républicains et la Maison-Blanche prônent un système mixte de sous-traitance privée assorti d’une supervision fédérale renforcée.