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Actualités - ANALYSES

Diplomatie - Hariri plaide au-dehors l’exception libanaise - Pressions US accrues à travers le cas du Hezbollah

Le bon vieux dicton local chante l’alliance avec le frère contre le cousin, et avec le cousin contre l’étranger. Ainsi, M. Rafic Hariri, qui n’a jamais eu la réputation d’être un inconditionnel du Hezbollah, n’hésite pas à soutenir ce parti face à l’hostilité que lui manifestent les États-Unis. On sait en effet que les Américains ont classé le Hezbollah parmi les organisations terroristes. En demandant à tous les pays, l’État libanais en tête, d’en geler les avoirs ainsi que les comptes de ses cadres. Parallèlement, le secrétaire d’État adjoint, M. David Satterfield, qui fut précédemment ambassadeur à Beyrouth, n’hésite pas à proclamer que l’intifada s’est transformée en opération terroriste planifiée. En liant les différents indices, on peut en déduire que Washington a choisi de faire monter les enchères vis-à-vis du camp arabe pour être mieux en mesure d’exercer des pressions de retenue sur Sharon. Mais comprendre une telle tactique ne signifie pas qu’il faut automatiquement s’y soumettre, ni en admettre les effets punitifs aussi injustes que préjudiciables à la cause arabe. Ainsi qu’aux intérêts du pays. C’est pourquoi le président Rafic Hariri, principal acteur de notre diplomatie, a repris son bâton de pèlerin, pour aller plaider la cause de l’exception libanaise tant auprès des Russes que des Américains. En effet, le président du Conseil a pu rencontrer à Moscou, en marge de ses entretiens avec le président Vladimir Poutine, le secrétaire à la Défense américain, M. Donald Rumsfeld, en visite dans la capitale russe. Il a de plus conféré longuement au téléphone avec son grand ami Jacques Chirac, avant de se rendre auprès du roi Fahd d’Arabie séoudite et du prince Abdallah. Sans compter des démarches discrètes effectuées loin des feux de la rampe avec d’autres pôles internationaux. Devant ses différents interlocuteurs, M. Hariri n’a cessé de marteler les mises en garde contre l’escalade que Sharon provoque dans les Territoires, et qui peut devenir incontrôlable à l’échelle de la région. Le président du Conseil a souligné la nécessité de juguler les agressions israéliennes, alors que les frappes américaines se poursuivent en Afghanistan, ce qui complique considérablement le dossier. Ajoutant que les protagonistes internationaux doivent, dans leur propre intérêt bien compris, contraindre les Israéliens à reprendre le chemin des négociations de paix. Dans le cadre du plan Mitchell, des principes de Madrid et des résolutions de l’Onu. Comme tous les dirigeants du monde arabe et islamique, dont le point de vue est d’ailleurs partagé par nombre de capitales occidentales, M. Hariri a souligné que la poursuite des opérations militaires en Afghanistan durant le ramadan risque d’avoir de redoutables effets politiques dans la région. Il a précisé que cela forcerait sans doute plusieurs pays à se retirer de la coalition internationale contre le terrorisme, ou à s’en démarquer davantage s’ils n’en font pas vraiment partie. M. Hariri, qui répondait de la sorte à la détermination belliciste affichée par M. Rumsfeld, n’a pas omis non plus de signaler que les intérêts américains dans la région s’en ressentiraient fortement. Rappelant en outre qu’on ne peut raisonnablement demander aux pays arabes de soutenir à fond la coalition si des pressions américaines efficaces ne sont pas exercées sur Israël. Le Premier ministre a eu la satisfaction de constater que le chef de l’État russe partage entièrement ses appréhensions au sujet des risques d’explosion généralisée au Proche-Orient. M. Poutine, croient pouvoir affirmer les sources de la délégation qui accompagnait M. Hariri, pense lui aussi qu’il faut porter Sharon à respecter les engagements conclus avec les Palestiniens et à réactiver le processus de paix. D’après ces sources, Moscou estime que la tension dans les Territoires aggrave dangereusement les risques inhérents au combat contre le terrorisme et aux frappes US en Afghanistan. Toujours d’après la délégation libanaise, M. Poutine convient volontiers que les pays arabes ne sont pas en mesure de participer activement à la coalition contre le terrorisme tant que les Américains, qui en ont largement les moyens, ne réfrènent pas Sharon. Le chef de l’État russe, coparrain du processus de Madrid, compte développer cette thèse lors de la visite qu’il va rendre au président George Bush à Washington à la mi-novembre. Pour le moment, cependant, l’action US de retenue en direction de Sharon semble passer par des pressions préalables sur les Arabes. Notamment sur les Palestiniens, les Syriens et les Libanais. C’est dans ce cadre que les cercles gouvernementaux de Beyrouth placent l’anathème américain lancé contre le Hezbollah. On sait, en effet, que Washington, qui ne veut pas se contenter de lutter contre Ben Laden et sa Qaëda, a publié une nouvelle liste comportant 22 noms d’organisations qualifiées de terroristes, parmi lesquelles le Hezbollah figure en bonne place aux côtés du Hamas, du Jihad islamique et du FPLP, autres ennemis jurés d’Israël. En demandant que leurs avoirs et ceux de leurs cadres soient gelés, conformément aux dispositions de la résolution numéro 1373 de l’Onu, une initiative qui rappelle la nécessité, conclut-on à Beyrouth, de s’entendre sur la définition du terme terrorisme, et d’en dissocier le droit légitime de résistance à l’occupation. Une distinction qui paraissait établie, du moment qu’en 1996, à l’issue de l’agression israélienne dite des raisins de la colère, un accord multipartite on ne peut plus officiel avait été conclu avec le Hezbollah. Par les Américains comme par d’autres.
Le bon vieux dicton local chante l’alliance avec le frère contre le cousin, et avec le cousin contre l’étranger. Ainsi, M. Rafic Hariri, qui n’a jamais eu la réputation d’être un inconditionnel du Hezbollah, n’hésite pas à soutenir ce parti face à l’hostilité que lui manifestent les États-Unis. On sait en effet que les Américains ont classé le Hezbollah parmi les...