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Actualités - CHRONOLOGIES

Enseignement supérieur - Dix-huit mois de gestation pour un décret - Les professeurs de l’UL maintiennent leur ordre - de grève malgré la nomination des doyens

Après dix-huit mois de gestation difficile, le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a signé hier soir le décret de nomination des nouveaux doyens de l’Université libanaise (UL), en assurant notamment qu’elles ont été décidées «exclusivement suivant des critères de compétence et d’expérience» et qu’elles «préludent à une phase nouvelle de présence académique et de don pédagogique». Le chef de l’État a affirmé que les nominations au sein de l’Administration répondront aux mêmes critères que ceux retenus pour l’UL, à savoir la compétence et l’expérience, dans le but de consolider l’État de droit et des institutions. Posées comme l’une de leurs demandes fondamentales par les professeurs à plein temps de l’UL, ces nominations ont été accueillies avec une satisfaction mitigée. «Elles n’entraîneront pas une annulation de la grève générale qui doit commencer aujourd’hui, car les nominations ne sont qu’un élément d’un tout», a déclaré hier soir une source proche de la Ligue des professeurs. Défendant le principe de l’autonomie de l’Université libanaise, la Ligue des professeurs réclame l’application de la loi de 1994 sur l’Université libanaise, la constitution du conseil universitaire et des conseils de facultés, ainsi que le vote d’un budget de 200 milliards de livres, tel que proposé par les responsables de l’université, et non pas de 158,5 milliards de livres, tel que le souhaite le ministère des Finances. L’autonomie de l’Université libanaise avait été hier au centre d’un congrès organisé à l’Assemblée nationale sur le thème «Enseignement supérieur et économie de la connaissance». Devant un parterre de doyens, de professeurs et de parlementaires, le président de l’Assemblée Nabih Berry, la présidente de la commission parlementaire de l’Éducation nationale Bahia Hariri et le ministre de l’Éducation nationale Abdel-Rahim Mrad, avaient souligné l’importance d’une université libanaise bien constituée et à la forte identité, dans un monde promis à la domination culturelle et économique de ceux qui savent maîtriser la connaissance. Et où l’université est une sorte «d’usine à connaissances» où la formation permanente et la recherche occupent une place centrale, et qui est étroitement liée au marché du travail. «Le savoir, a dit M. Berry, fidèle à une longue tradition, est la première industrie du Liban» Il a souligné la lenteur désespérante avec laquelle sont faites les choses au Liban, rappelant qu’en 1963, voici près de 40 ans, quand il était lui-même étudiant, des manifestations étaient organisées pour la construction de la cité universitaire de Choueifat, aujourd’hui en chantier. «Mais nous agissons comme l’autruche, qui enfouit sa tête dans le sable, pour ne pas voir que nous refusons toujours de permettre à l’université d’être le préambule à la citoyenneté», a ajouté M. Berry, qui s’est interrogé sur le bien-fondé de la prolifération des facultés, instituts et universités privées. Culture nationale et cultures communautaires À cette question fondamentale, c’est l’ancien président de la Ligue des professeurs à plein temps de l’Université libanaise, Issam Khalifé, qui semble avoir répondu. Dans un rapport accablant, s’il s’avère fondé, M. Khalifé a décrit l’affligeante anarchie qui marque l’enseignement universitaire au Liban, qui produit des cultures communautaires, au détriment d’une culture nationale. Il existe 41 universités, facultés et instituts d’études supérieures au Liban, mais tous ne respectent pas la loi sur l’enseignement supérieur, ni les critères requis pour l’obtention d’une licence, a noté le professeur Khalifé, qui a énuméré de nombreux cas d’irrégularités. «Il existe, a-t-il dit, des universités qui ont l’autorisation d’enseigner une spécialité dans une région bien définie, mais qui enseignent une autre matière que la spécialité approuvée, et ont multiplié les branches (et de citer l’université Arcatech, fondée au Akkar, et qui dispose aujourd’hui de 5 branches) ; il existe des universités qui délivrent des attestations alors qu’elles ne disposent ni de bâtiments, ni de programmes, ni de …professeurs (M. Khalifé a donné en exemple, sur ce point, l’Université mondiale créée par l’Association des projets de bienfaisance islamique) ; il existe des universités qui créent des branches régionales sans autorisation ; des instituts qui obtiennent des licences conditionnelles (Saïdoun – laboratoire dentaire), mais qui enseignent en ce moment d’autres spécialités ; la plupart des universités et instituts ayant obtenu des licences après 1996 ne remplissent pas les conditions légales requises par la loi sur l’enseignement supérieur et le décret 9257 ; enfin il existe des universités qui perçoivent des frais d’inscription avant d’avoir obtenu leur licence d’exploitation (Université américaine Barrington, etc)». Pour mettre de l’ordre dans cette situation chaotique, M. Khalifé demande la stricte application de la loi sur l’enseignement supérieur, ainsi que celle du décret sur les critères requis pour l’octroi d’une licence ( décret 9274), en particulier le contrôle a posteriori prévu par l’article 7 de ce décret et l’article 16 de la loi sur l’organisation de l’enseignement supérieur. M. Khalifé s’est interrogé en outre sur les motifs qui empêchent la commission technique de se réunir et d’exercer ses attributions. L’ancien responsable de la Ligue des professeurs à plein temps de l’UL a décrit enfin les défis qui se posent à l’enseignement supérieur au Liban, soulignant que l’on a négligé de poser une politique de l’enseignement supérieur au Liban et qu’il n’existe «aucune concertation» entre les autorités politiques et les autorités académiques à ce sujet.
Après dix-huit mois de gestation difficile, le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a signé hier soir le décret de nomination des nouveaux doyens de l’Université libanaise (UL), en assurant notamment qu’elles ont été décidées «exclusivement suivant des critères de compétence et d’expérience» et qu’elles «préludent à une phase nouvelle de présence...