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Actualités - CHRONOLOGIES

DANSE-THÉATRE - « L’Odeur du voisin », au Théâtre Monnot, jusqu’au 4 novembre - Apprendre (enfin) à vivre grâce à la Compagnie Alias

Cinq danseurs un peu comédiens – Caroline de Cornière, Jozsef Trefeli, Kylie Walters, Mike Winter et Asier Zabaleta – formant la Compagnie Alias, présentent, au Théâtre Monnot, jusqu’au 4 novembre, un spectacle à part, L’Odeur du voisin, avec en première partie une création intitulée De beaux restes. Autant le dire tout de suite, les membres d’Alias sont impressionnants, tant dans leur travail d’acteurs que de danseurs, et leurs deux performances sont aussi inattendues que rafraîchissantes. De beaux restes est une magnifique compilation de petites scènes de restaurant arrangées autour de son pilier, de son maître de cérémonie qu’est le serveur, le garçon, celui qu’on interpelle, celui qui s’occupe de sa clientèle. Huit tableaux, huit tables, un comptoir, des assiettes et des gens qui s’installent, avec leurs corps mais aussi avec leurs habitudes, leurs histoires. Le garçon qui circule parmi eux, toujours attentif et toujours débordé, toujours patient et jamais maladroit. La scène se déroule dans un restaurant d’Amérique du Sud, avec une musique langoureuse et violente adaptée aux personnalités qui se croisent rapidement dans De beaux restes. Le procédé est simple : la scène ressemble à celle d’un théâtre, saturée d’objets (tables, chaises, nappes), les comédiens sont chaussés, habillés et coiffés pour leur rôle de consommateurs dans un restaurant anodin. La danse les sort soudainement de cet état préprogrammé, conditionné, qu’est celui du citadin moyen. Une soupape de sécurité qui leur rend leur coefficient d’humanité. Cadre supérieur (à quoi ?) L’échappatoire ultime vers la surprise radicale, sauvage même : les corps soudain se tordent, cherchent un autre moyen d’expression et surtout ces corps dansent. La danse fait parler les assiettes, tomber le mobilier, écarquiller les yeux : elle est le coup de pied des rêveurs dans la fourmilière robotisée qu’est le monde moderne. Un monde régulièrement dénoncé depuis Metropolis de Fritz Lang jusqu’à Dancer in the Dark de Lars von Trier en passant par tous les actes artistiques qui se rebellent contre la mort de la féerie, du «bug» qui réveillerait les consciences. La seconde partie du spectacle, L’Odeur du voisin, est beaucoup plus âpre, beaucoup moins légère. Sur scène, huit tables placées en ligne et entourées de murs gris ; devant elles, quatre employés-type : le comptable, myope et vieux garçon, la secrétaire, pendue au téléphone et virtuose de la sténo, et les deux collaborateurs d’un cadre supérieur. Tout ce beau monde échange une quantité indigeste de papiers signés par le patron, jusqu’à ce que la collaboratrice réveille la tempête qui couve sous l’agitation d’une entreprise du secteur tertiaire : elle embrasse fougueusement le comptable. L’intrusion du corps dans une machine marketing sans âme grippe le mécanisme parce que le comptable se met à rêver : son rêve défait les cravates, soulève les jupes et renverse le monde avec une tornade. Les comédiens sont alors de nouveau les merveilleux danseurs que le public apprend à attendre, pour qu’ils le sortent de ce bureau, de cette vie qu’ils connaissent bien, trop bien. Et qui reprend le dessus, inexorablement, épaulée par un leitmotiv musical très particulier, «dark». Il ne faut pas rater la Compagnie Alias. Elle donne envie, le lendemain, d’aller au bureau avec la cravate moins serrée. Juste pour respirer. *Jusqu’au dimanche 4 novembre. Réservation aux : 01/202422 – 320762.
Cinq danseurs un peu comédiens – Caroline de Cornière, Jozsef Trefeli, Kylie Walters, Mike Winter et Asier Zabaleta – formant la Compagnie Alias, présentent, au Théâtre Monnot, jusqu’au 4 novembre, un spectacle à part, L’Odeur du voisin, avec en première partie une création intitulée De beaux restes. Autant le dire tout de suite, les membres d’Alias sont...