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Actualités - CHRONOLOGIES

Musique - L’Orchestre symphonique national libanais - De Venise à Seville, - couleurs et parfums...

Fidèle à ses prestations à l’église Saint-Joseph des pères jésuites (Achrafieh), l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, a offert aux mélomanes beyrouthins un nouveau concert où ont résonné les partitions de Bizet, Albinoni et Vivaldi. Du soleil de la Provence et de Seville aux brumes de Venise, des mesures virevoltantes de Carmen aux mélodies baroques, la musique avait des accents à la fois de liberté, de ferveur et de galanterie de cour. Ouverture avec la Symphonie en ut en quatre mouvements de Bizet. Œuvre de jeunesse mais à la maturité remarquable, pour ne pas dire un pur chef-d’œuvre, cette symphonie est fourmillante d’une verve colorée et empreinte d’une atmosphère profondément méditerranéenne. Écrite à dix-sept ans, elle donne sans nul doute la mesure du génie d’un musicien trop tôt disparu. De coupe classique, cette symphonie comprend les quatre mouvements traditionnels. Premières mesures pimpantes, alertes et vives pour cet allegro vivo à 2/2 qui présente deux thèmes fort simples, le premier construit sur un accord parfait tandis que le second est fait d’accord brisé. Un fugato anime l’andante dont le motif principal est exposé par le hautbois dans une superbe mélodie au lyrisme suave, tendre et un peu mélancolique. Le scherzo, légèrement éruptif, est un allegro vivace où le trio reprend la phrase initiale. Le final allegro vivace alla Haydn offre des motifs développés avec élégance, laissant transparaître déjà l’orchestrateur inspiré et adroit que sera Bizet. Un air plébiscité par le grand public, celui de l’Adagio d’Albinoni. Controverse jamais clairement élucidée sur le manuscrit d’une musique trouvée à Dresde et partition «retravaillée» selon la prosodie baroque ; mais toujours est-il que cet adagio célébrissime appartient aujourd’hui aux mélomanes du monde entier... Un adagio émouvant, à la mélodie sinueuse, distillée au compte-gouttes, et qu’on pourrait aisément assimiler de par sa ferveur et sa piété à une prière dans une église. Écrin parfait ici pour une mélodie sentant bon l’encens et la cire fondue des bougies... Du «prêtre roux», un concerto grosso (n II en d mineur op 3) pour deux violons (à l’archet Stelian Nemtanu et Rosana Panjarian), violoncelle (aux cordes Roman Storojenco) et orchestre réduit à sa dimension de musique de chambre. Grâce d’une musique instrumentale aux abords d’une sonate de chambre justement avec quelque originalité en matière de forme. Mélodie belle mais courte, brin de fantaisie, ton affirmé et recherche discrète de quelques effets singuliers, voilà les contours du monde sonore de Vivaldi parfait lui aussi tout comme l’adagio d’Albinobi dans ce cadre serein voué au culte et flottant entre les voûtes et les rosaces illuminées. Pour terminer, après l’entracte, comme pour boucler la ronde, juste retour à Bizet avec deux superbes suites de Carmen. De Venise à Séville voilà la séduisante et fatale cigarière qui enflamme le brigadier Don José. La musique de Bizet, finement nuancée et colorée, sensuelle et dramatique, vive et lyrique déferle sur un auditoire absolument conquis par un brillant prélude, un intermezzo plein de charme et de mystère, un martial air des toréadors, une provocante haubanera, une sémillante danse bohème et ce dragon d’Alcala, où Carmen a trouvé refuge dans l’auberge de Lillas Pastia fréquentée par des contrebandiers… Entre castagnettes, passion dévorante et contrariée, résilles, jupes à volants, regards de braise et irrépressible sentiment de liberté, ces deux suites aux sonorités d’une grande chatoyance orchestrale invitent l’auditeur à un merveilleux voyage sonore au cœur d’une immortelle et retentissante histoire d’amour. Ovation de tonnerre d’un public nombreux (toujours l’Orchestre symphonique national libanais joue en salle comble, quel est donc ce secret ? Public de surcroît toujours agité et déterminé à applaudir, par excès d’enthousiasme entre deux mouvements comme pour étouffer ces sonneries de mobiles qui n’arrêtent pas de retentir...) pour une belle prestation avec des partitions de charme.
Fidèle à ses prestations à l’église Saint-Joseph des pères jésuites (Achrafieh), l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, a offert aux mélomanes beyrouthins un nouveau concert où ont résonné les partitions de Bizet, Albinoni et Vivaldi. Du soleil de la Provence et de Seville aux brumes de Venise, des mesures virevoltantes de...