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Actualités - BOOK REVIEWS

Vient de paraître - D’une thèse de 721 pages, Gilles Kraemer a fait un livre, déjà en librairie à Beyrouth - Tout sur « La presse francophone en Méditerranée » en 275 pages

Il court, il court, Gilles Kraemer. Présent à Beyrouth pour les 33es assises de l’UIJPLF (aujourd’hui UPF, Union de la presse francophone), au cours desquelles il est intervenu au dernier moment, il signera aujourd’hui chez Virgin son second opus, sa thèse : La presse francophone en Méditerranée, déjà en ville, dans les librairies. Journaliste, docteur en sciences de l’information et chargé de la coopération internationale au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, cet ex-enseignant de l’UL s’est plongé jusqu’au cou dans ce qu’il doit maîtriser maintenant sur le bout des doigts et qui se résume en trois mots : presse, francophonie et Méditerranée. Trois siècles de presse francophone (hors de France, de Suisse, de Belgique et du Québec) : le premier livre de Gilles Kraemer – en fait, sa thèse de DEA – a été publié en 1996. Lui permettant ainsi de dégager de grandes périodes historiques, de défricher et de délimiter les espaces géographiques. Et de dessiner l’évolution de la presse francophone depuis plus d’un siècle. Le tout s’arrêtait aux années 80, lorsque, dans la plupart des pays du tiers-monde, se développe une presse relativement étatique, «une presse étatique, unique», comme par exemple dans les pays africains, au Maghreb, au Cambodge ou au Vietnam… Et où l’on apprend que le premier journal francophone libanais – du moins reconnu comme tel – date de 1848 : Hadiqat el-akhbar ou le (très poétique) Jardin des nouvelles, un journal «publié jusqu’en Syrie et payé en grande partie par les Turcs et destiné à calmer les communautés druze et chrétienne», souligne-t-il à L’Orient-Le Jour. Pourquoi les premiers journaux du Machreq étaient-ils francophones ? «Ça s’explique par l’activisme français, les ambassadeurs de France qui diffusaient leurs propres journaux en circuit fermé. Et ça continue jusqu’aujourd’hui : avec el-Qods par exemple, il y a un petit supplément en français». Après le DEA, la thèse : 721 pages, et un thème, la géopolitique de la presse francophone en Méditerranée – à l’exception de la France et de Monaco. Un titre devenu, pour les commodités de l’édition, La presse francophone en Méditerranée. En fait, une véritable radioscopie de tout ce qui se fait en presse francophone au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Égypte, au Val d’Aoste italien et au Liban. Un véritable zoom, après son premier ouvrage : zoom géographique (sur la Méditerranée), et zoom temporel, puisque l’auteur n’a traité que la décennie 1990. En rencontrant tous les rédacteurs en chef ou les directeurs de la rédaction des journaux francophones méditerranéens. À qui il a soumis le même questionnaire, de 35 questions, auxquelles ils ont tous répondu. Ce qui intéressait Gilles Kraemer : le rôle – politique – que joue cette presse, au niveau national et par rapport aux journaux paraissant dans la langue nationale de chaque pays. En Égypte, par exemple, la presse francophone n’a plus aucun rôle politique. Au Liban, par contre, c’est encore un peu le cas, même si ce rôle est bien moindre. Surtout que la plupart des titres de la presse francophone concernent surtout les élites. Alors qu’en Algérie, elle a un rôle très puissant. Est-ce qu’on peut comparer les journaux méditerranéens aux journaux nationaux français ? «Moi je les compare à des journaux régionaux». Outre le rôle politique, le questionnaire comportait également le rôle social, voire économique, l’engagement dans le processus euro-méditerranéen, ou dans la francophonie politique. «Cinq journaux seulement sur les trente-cinq ont des envoyés spéciaux qui vont couvrir des événements internationaux». Quid de la liberté de cette presse francophone méditerranéenne ? «J’ai évité la relation entre la presse et le pouvoir, l’indépendance des journaux, etc. à des organismes spécialisés compétents. Et ça a été tellement fait. Quant à la liberté de ton, elle est bien plus importante : on peut aborder des sujets totalement impossibles à évoquer en arabe. Comme la monarchie marocaine et son avenir par exemple». Autre chose encore : les appartenances communautaire ou minoritaire des titres francophones méditerranéens. Et même si Gilles Kraemer reconnaît l’absence totale de sondage concernant la coloration du lectorat, en l’occurrence libanais, il déclare que sur la vingtaine de titres francophones publiés au Liban – et quelle que soit leur périodicité –, les propriétaires et rédacteurs en chef appartiennent, à près de 96 %, à la communauté chrétienne. La presse francophone en Méditerranée, édité chez Maisonneuve & Larose, vaut largement le détour.
Il court, il court, Gilles Kraemer. Présent à Beyrouth pour les 33es assises de l’UIJPLF (aujourd’hui UPF, Union de la presse francophone), au cours desquelles il est intervenu au dernier moment, il signera aujourd’hui chez Virgin son second opus, sa thèse : La presse francophone en Méditerranée, déjà en ville, dans les librairies. Journaliste, docteur en sciences de...