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Actualités - CHRONOLOGIES

Diplomatie - Washington confronté au radicalisme de Sharon - Inquiétude croissante à Beyrouth

Sharon défie l’Amérique, au moment même où nul autre ne se risque à la chatouiller. Et il ne semble pas s’en porter plus mal, pour le moment. Devant l’incroyable constat d’échec des pressions US, qui vont pourtant jusqu’aux mises en garde pour ne pas dire à l’ultimatum, l’inquiétude du camp arabe gagne en ampleur. Et le Liban, maillon faible traditionnel de la chaîne, n’est pas le dernier à redouter l’éventualité d’un dérapage majeur, d’une guerre généralisée. À moins que Washington ne réagisse avec plus d’efficacité. Comment ? En reconnaissant sans tarder, répond un diplomate arabe, cet État palestinien dont le président Bush soutient déjà ouvertement l’idée. Un geste qui serait décisif et qui permettrait aux États-Unis de se gagner d’un seul coup les faveurs du monde islamo-arabe. C’est là sans doute une façon un peu trop unilatérale, subjective, de voir les choses. Car il est évident que le veto israélien suffit pour tout bloquer. Cependant, il est certain que les Américains ne doivent pas, ne peuvent pas rester les bras croisés à regarder Sharon massacrer les Palestiniens, et en même temps leur processus de paix. C’est ce que répète le diplomate arabe cité. Qui note que c’est le moment propice d’agir pour le président Bush, dont la popularité est au zénith et qui est sûr de voir toutes ses initiatives applaudies. Ce qui risque de ne plus être le cas si, par exemple, sa campagne d’Afghanistan devait s’embourber. Mais, justement, nombre de spécialistes pensent que le combat contre le terrorisme, priorité des priorités, limite singulièrement la marge de manœuvre de la Maison-Blanche face à Sharon et au lobby sioniste américain, très influent dans les médias occidentaux comme au Capitole ou même parmi les cadres de l’Administration US. Ces sources relèvent qu’Israël pourrait riposter de suite à la création d’un État palestinien en déclenchant une nouvelle guerre régionale. Ou en se déchaînant contre les Palestiniens, pour en réannexer les territoires. Ce qui réduirait automatiquement à néant les efforts que les États-Unis déploient pour s’assurer de la neutralité bienveillante des Arabes en ce qui concerne la guerre d’Afghanistan. Dans les faits, Washington, l’Europe, la Russie et l’Onu s’efforcent de promouvoir une trêve effective entre Israéliens et Palestiniens, en prélude à la reprise des négociations de paix. Mais cette offensive d’apaisement se heurte, comme on sait, au jusqu’au-boutisme des extrémistes des deux bords. À ce sujet, le diplomate arabe précédemment cité estime que Sharon court actuellement derrière les objectifs suivants : – Éviter qu’Israël fasse les frais de la volonté des États-Unis de coaguler les pays islamiques et arabes dans leur grande coalition antiterrorisme. C’est-à-dire éviter qu’Israël se trouve contraint de se soumettre aux principes de Madrid et aux résolutions de l’Onu visant à la conclusion d’une paix véritable dans la région. – Décrocher, au contraire, un prix pour son retrait des territoires palestiniens et son engagement à reprendre les pourparlers. C’est-à-dire, obtenir que l’Autorité palestinienne neutralise effectivement, et définitivement, les organisations activistes comme le Hamas, le Jihad islamique, le FPLP ou le FDPLP. – Dans le même sens, obtenir un feu vert tacite de Washington pour traquer et détruire lui-même ces organisations, si Arafat ne le fait pas. Sharon fait valoir à ce propos que c’est la ligne adoptée par les Américains eux-mêmes à l’encontre de Ben Laden et de sa formation. Il ajoute que Washington va même plus loin puisqu’il frappe en même temps les taliban, qui sont à ses yeux l’équivalent ou presque de l’Autorité palestinienne. Bien entendu, de tels arguments paraissent pour le moins spécieux. La personnalité diplomatique arabe citée relève à ce propos qu’il est impossible de comparer l’action, ou plutôt la réaction de Washington et celle de Sharon. Les Américains, ajoute cette source, n’ont sévi qu’après avoir été agressés par un indubitable, un injustifiable terrorisme. Alors que les organisations palestiniennes qu’Israël prétend liquider en les qualifiant de terroristes exercent en réalité un droit absolument légitime de résistance armée à l’occupant. Tout comme c’est le cas pour le Hezbollah à Chebaa. De plus, s’il existe des radicaux palestiniens qui commettent des attentats ou des meurtres, l’Autorité palestinienne, seul représentant du peuple palestinien, condamne fermement pour sa part de tels agissements. Auxquels les Israéliens sont les premiers à recourir.
Sharon défie l’Amérique, au moment même où nul autre ne se risque à la chatouiller. Et il ne semble pas s’en porter plus mal, pour le moment. Devant l’incroyable constat d’échec des pressions US, qui vont pourtant jusqu’aux mises en garde pour ne pas dire à l’ultimatum, l’inquiétude du camp arabe gagne en ampleur. Et le Liban, maillon faible traditionnel de la...