Abou Rita, Made in Lebanon

Il s’appelle Maroun el-Nacef, mais tout le monde l’appelle Abou Rita. Abou Rita traîne dans les rues de Beyrouth et ses alentours des billets de loterie qu’il vend dans une main, son oud magique qu’il offre, dans l’autre. Surprenant spectacle un jour de chaleur, noyés que nous sommes dans le quotidien, les embouteillages et l’orgueilleuse course contre la montre. Abou Rita est là, avec ses soixante-dix ans passés, sa misère et son sourire. «Il y en a qui grimpent la vie une échelle après l’autre. Pour moi, c’est le contraire. Je suis descendu une marche après l’autre et me voila vendeur ambulant». Vendeur de rêves de grande vie qu’il propose, à sa façon, particulière et tellement gaie. «Offre n° 1, explique-t-il, et affiche-t-il sur sa personne, transformée pour l’occasion en homme-sandwich, en panneau baladeur, «Si tu m’achètes un billet, je t’offre gratuitement une chanson accompagnée de mon oud. Offre n° 2, si tu ne veux pas acheter de billet, je te jouerai l’air que tu veux pour 1 000LL». Une chanson et en prime un paquet de chewing-gum. Puis il se met à jouer, «je te joue ce que tu veux, je peux même animer des soirées, j’ai un large répertoire» et il réussit à transformer la banalité d’une journée ordinaire en un moment de bonheur. Alors, si vous croisez un jour Abou Rita, arrêtez-vous un instant et saisissez cette leçon d’optimisme made in Lebanon.