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Actualités - ANALYSES

Bilan mitigé pour le premier anniversaire des Trente

Les anniversaires se suivent et se ressemblent : plutôt moroses. Après les trois ans du régime, le gouvernement éteint sa première bougie dans une semaine, le 26 octobre. Le bilan qu’établissent à cette occasion certaines têtes pensantes ministérielles est évidemment mitigé. Le principal exploit de l’équipe est d’avoir pu rester en place. Malgré le dur coup de boutoir donné par les services à la mi-août. Mais un clou chasse l’autre. Et les événements extérieurs sont venus à point nommé pour consacrer l’inamovibilité du présent gouvernement. Intangibilité aussi provisoire mais aussi certaine que la chère présence fraternelle des décideurs. Dont elle découle d’ailleurs. Aussi, ces mêmes ministres, plutôt que de se morfondre en jérémiades sur les vicissitudes subies en été, multiplient les projets, tous nécessaires à les en croire. De son côté, le chef du gouvernement compte, selon des sources informées, s’adresser à l’opinion publique. Pour un état des lieux, un tour d’horizon complet, faisant la part belle au programme de redressement économique, qui reste la priorité des priorités pour lui comme pour le pays. Un plan dont les prémices effectives se font attendre, de l’aveu même des haririens. Qui expliquent, à l’instar de ce ministre proche du Sérail, qu’on leur a mis des bâtons dans les roues, qu’ils se sont heurtés à d’innombrables manœuvres ou manigances politiciennes. Et n’ont même pas pu vider l’abcès administratif, en dégraissant le mammouth rongé par les parasites clientélistes, opération préliminaire indispensable pour l’assainissement des finances publiques et le redémarrage de la croissance économique. Ce ministre souligne que les tiraillements constants entre les dirigeants ont entravé toute marche en avant. D’autant, indique-t-il, que contrairement aux positions de soutien affichées en public, certains pôles continuent jusqu’à présent à contester les choix économiques stratégiques du président Rafic Hariri. Et tentent de les contrer en plaidant pour les options diamétralement opposées qui avaient été celles du gouvernement Hoss. C’est-à-dire, grosso modo, que ces responsables sont hostiles à la ligne libérale suivie par le milliardaire et lui préfèrent l’orientation néo-chéhabiste, quasi dirigiste, de l’ancien président du Conseil. Qui pensait qu’il fallait serrer les cordons de la bourse, comprimer les dépenses de l’État même en direction de travaux faisant travailler le secteur privé. Et augmenter par contre les taxations douanières, même au détriment des prix du marché de consommation et du négoce. Alors que, toujours grosso modo, M. Hariri estime pour sa part qu’il faut ouvrir les vannes, faire circuler l’argent public, aérer l’économie. En misant sur son propre entregent pour obtenir des créanciers une sorte de moratoire assorti d’aides financières ou techniques et d’emprunts privilégiés. En attendant la manne des privatisations. C’est là, bien sûr, un tableau schématique qui se teinte d’innombrables nuances. On sait en effet que tout généreux qu’il se veuille, le gouvernement actuel n’a pas hésité à relever de 3 000 LL le prix de l’essence, lourde taxe indirecte qui se répercute sans aucun doute sur la cherté. On sait aussi que le ministre des Finances, M. Fouad Siniora, ne cesse de prévenir la population qu’il lui faudra consentir un surcroît de sacrifices fiscaux. De même, nul n’ignore que de son côté, le gouvernement Hoss n’était pas si pingre que cela quand on en venait à l’assistance sociale accordée aux classes démunies. Mais pour le fond, les conceptions, répétons-le, sont opposées. L’équipe Hariri, qui se veut pragmatique et libérale, ne croit pas du tout en effet aux vertus des plans dirigistes à long terme, triennaux ou quinquennaux, comme le gouvernement Hoss. Et comme, il faut le signaler, nombre de sympathisants ou de fidèles du régime. Qui affirment que le chef de l’État ne reçoit pas de réponses aux questions qu’il pose aux responsables gouvernementaux sur le traitement de l’inquiétant problème économique. D’où cette sourde lutte d’opinion, et d’influence, dont se plaignent encore aujourd’hui les haririens. En privé. Car pour la façade, les dirigeants s’étaient entendus, après la tornade estivale, pour affirmer que la meilleure entente règne entre eux et que le pouvoir dont ils détiennent chacun sa part est désormais parfaitement cohérent. Une fiction louable, dans la mesure où il faut rassurer les Libanais et leur redonner confiance. Mais ce paravent pudique, le président Nabih Berry vient publiquement de le démanteler. En se lançant dans d’acerbes critiques à l’adresse aussi bien du régime que du gouvernement. L’un des lieutenants les plus écoutés du chef du Législatif, le ministre Mohammed Abdel Hamid Beydoun, relève de son côté que la situation de conflit récurrent entre les dirigeants n’a jamais été convenablement traitée. À son avis, les présidents devraient s’entendre sur une plate-forme minimale bien détaillée. Sans quoi le gouvernement ne peut aller de l’avant. Pour tout dire, l’on n’est pas vraiment sorti des sentiers battus, pour ne pas dire bourbeux, que la troïka a toujours eu pour coutume d’emprunter. Il n’est pas étonnant dès lors de constater que pas plus que le gouvernement Hoss le gouvernement Hariri n’a réussi à s’attaquer à l’hydre de la corruption politique et administrative. Même les nominations restent bloquées. Près d’une trentaine de postes-clés sont toujours vacants et l’administration s’en retrouve hémiplégique. Certains regrettent dès lors que les députés aient fait casser par le Conseil constitutionnel le système prévu initialement par le pouvoir. Mais l’un des signataires du recours, le président Hussein Husseini, explique qu’en réalité, la loi mise au point ne faisait que consacrer la pratique de partage du gâteau entre les dirigeants. Comment ? En confiant à un comité de six fonctionnaires relevant en fait des dirigeants, le soin de proposer des candidatures, en lieu et place des ministres ainsi dépouillés de leurs pouvoirs au profit indirect de la troïka.
Les anniversaires se suivent et se ressemblent : plutôt moroses. Après les trois ans du régime, le gouvernement éteint sa première bougie dans une semaine, le 26 octobre. Le bilan qu’établissent à cette occasion certaines têtes pensantes ministérielles est évidemment mitigé. Le principal exploit de l’équipe est d’avoir pu rester en place. Malgré le dur coup de...