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Actualités - CHRONOLOGIES

Le premier musée de la soie

En traversant les villages du Mont-Liban, il arrive au visiteur de s’interroger sur certains monuments en ruines se distinguant des autres par une cheminée. Il s’agit des magnaneries des siècles passés. Ces usines à fil de soie avaient fait la gloire et la richesse du Liban pendant plus de cent ans. La sériciculture s’est développée au pays du Cèdre entre 1820 et 1830, et ce à cause d’un malheur en France. Une maladie avait alors attaqué les mûriers de ce pays, poussant les producteurs à chercher ailleurs des terres agricoles. Les Portalis avaient été les premiers à voir dans la montagne libanaise une nouvelle terre pour leur industrie, surtout que les mûriers y poussaient déjà. Leur exemple sera suivi par d’autres et, petit à petit, les magnaneries ont envahi les villages pour devenir des édifices faisant partie des paysages libanais. Pendant plus d’un siècle, la sériciculture sera la raison du redressement économique de ce pays et de modifications sociales. Des familles sont nées, d’autres ont disparu, le quotidien rural a subi de profondes transformations après la naissance d’industries. La localité de Bsous, située dans le caza de Aley, a connu la sériciculture après la construction de la magnanerie des Fayad. Avec ses cent soixante bassines, elle a rapidement figuré sur la liste des grands producteurs de fils de soie au Liban. Abandonnée au cours du XXe siècle, la magnanerie a été rachetée dans les années 70 par Georges Asseily qui a financé dernièrement les travaux de restauration et de transformation en musée de la soie. Les murs ont été décapés et le mortier refait avec du ciment blanc. Cette restauration a respecté «la charpente en bois et les fenêtres», selon l’architecte responsable des travaux, Sami Féghali. Celui-ci assure que «plusieurs salles étaient en ruines, mais une partie de la charpente et quelques bouts de la toiture étaient intacts. La nouvelle charpente et les fenêtres ont été calquées sur les modèles anciens trouvés sur place». Il est regrettable qu’aucune étude historique de ce site n’ait été entreprise avant les travaux de restauration, car aujourd’hui il n’est plus possible de retrouver ces informations. Mais étant donné que le bâtiment n’est pas classé sur la liste du Patrimoine national, les règles de restauration n’ont pas été exigées. Le modeste musée qui occupe la salle des bassines est dédié à la sériciculture au Liban. C’est le premier du genre. En fait, l’intention des auteurs de cette transformation est tout à fait louable, surtout que tout le financement est privé. Selon M Asseily, «la restauration de la magnanerie a eu un impact sur les villageois qui se sont intéressés à leur propre patrimoine et ont entrepris d’en assurer la valorisation, en prenant pour modèle la magnanerie». Cet effet boule de neige a certainement de nombreux aspects positifs, et la préservation du patrimoine dans les villages est un souci commun, mais toute action menée sur un bâtiment historique doit être précédée d’une étude. Et dans les lois de restauration, il est strictement interdit de généraliser une technique de travail. Tout doit être travaillé au cas par cas.
En traversant les villages du Mont-Liban, il arrive au visiteur de s’interroger sur certains monuments en ruines se distinguant des autres par une cheminée. Il s’agit des magnaneries des siècles passés. Ces usines à fil de soie avaient fait la gloire et la richesse du Liban pendant plus de cent ans. La sériciculture s’est développée au pays du Cèdre entre 1820 et 1830, et...