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Actualités - ANALYSES

Controverse - La différence entre terrorisme et résistance - La position inchangée du Liban est antérieure - à l’émergence du Hezbollah, indique Fouad Turk

Apportant son témoignage dans la querelle sémantique sur la distinction entre les termes de terrorisme et de résistance, l’ancien secrétaire général du palais Bustros, M. Fouad Turk, souligne que la position du Liban à cet égard n’a jamais varié d’un iota. Adoptée aux heures noires de la guerre domestique, dont les épisodes ont été marqués par tant d’actes abominables, cette ligne officielle date de la première invasion israélienne en 1978. Et se trouve dès lors antérieure à l’émergence du Hezbollah dans les années quatre-vingt, le mouvement de résistance n’atteignant sa plénitude qu’après la fin des hostilités intérieures en 1990. L’ancien ambassadeur sort de ses cartons cet extrait du discours qu’il a prononcé devant l’assemblée générale des Nations unies en 1986 : «L’on évoque souvent le nom du Liban quand on parle du terrorisme, ou après une opération terroriste. Il nous faut donc, de cette tribune, proclamer que le Liban effectue une nette distinction entre la résistance et le terrorisme. La résistance, qui vise à reconquérir un droit de souveraineté territoriale spoliée en se débarrassant de l’occupation, est légitime. Par contre, nous rejetons, réprouvons et condamnons sans appel le terrorisme. Dont le Liban, les membres de cette honorable assemblée ne l’ignorent pas, est l’une des victimes qui en ont le plus souffert. D’innombrables vies innocentes fauchées, des grappes humaines compactes contraintes à l’exode ou à l’émigration, des enfants rendus orphelins par brassées, une multitude d’infirmes chez nous, du fait du terrorisme. Le sol de notre patrie a été exploité à des fins terroristes, parce qu’une partie du territoire échappe au contrôle de l’autorité centrale. Dès lors, il ne fait aucun doute que le rétablissement de l’autorité du gouvernement libanais sur l’ensemble du territoire national, jusqu’au moindre pouce, et la restauration de la sécurité légale sont de nature à assurer un climat permettant au Liban, et à d’autres que le Liban, de se protéger du terrorisme, de ses séquelles comme de ses retombées cachées». Pour M. Turk, rien n’a vraiment changé depuis qu’il a tenu ces propos, il y a quinze ans. Car, à son avis, rien ne se trouve réglé au fond, tant qu’une paix globale équitable n’est pas signée dans la région. Tant que le conflit de base israélo-palestinien perdure et se durcit à travers les liquidations physiques réciproques. Ce que certains qualifient de terrorisme et d’autres, de résistance. Selon l’ancien diplomate, seuls les États-Unis peuvent enrayer le cycle de violence, en imposant un règlement de paix aux Israéliens et aux Palestiniens. M. Turk estime en effet qu’il serait vain de vouloir relancer les pourparlers bilatéraux entre les protagonistes, étant donné que leurs positions de base apparaissent comme totalement inconciliables. Chaque partie présente des conditions jugées rédhibitoires par l’autre. Et chaque négociateur craint de se heurter à une opposition interne radicale, s’il devait faire des concessions. D’ailleurs, le constat est désormais unanime dans les cercles diplomatiques arabes ou étrangers : les extrémistes des deux bords, objectivement alliés, parviennent régulièrement, depuis des années, à torpiller toute percée en direction de la paix. Par des attentats de masse ou des assassinats, parfois commis au sein d’un même camp, comme ce fut le cas pour le meurtre d’Yitzhak Rabin, abattu par un fanatique sioniste. Même l’ancien chef du Likoud, pourtant largement provocateur, Benjamin Netanyahu, a chuté aux élections parce qu’à son extrême droite, on le trouvait trop mou. Et qu’on lui reprochait de ne pas avoir bien défendu le slogan : la sécurité avant la paix. Ou, plutôt, la sécurité sans la paix, à laquelle les ultras israéliens ne tiennent pas du tout car ils ne veulent pas rétrocéder les territoires arabes occupés. De même, Ehud Barak a chuté parce qu’il avait promis quelques restitutions mineures aux Palestiniens. Sharon, qui lui a succédé, a voulu trop bien faire dans le sens du durcissement. Par ses provocations, il a provoqué la nouvelle intifada palestinienne qui dure depuis un an. Et qu’il s’était juré de mater en cent jours par un siège et un bombardement des territoires en partie réoccupés. N’y parvenant pas, il a opté pour la liquidation physique des cadres palestiniens, dont le leader du FPLP Abou Ali Moustapha. Mais la riposte, marquée par le meurtre du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Zeevi, n’a pas tardé. Un cycle qui risque de ne pas s’arrêter, si les USA, épaulés par l’Europe et la Russie, n’interviennent pas énergiquement pour remettre le processus de paix sur les rails. Une démarche d’autant plus pressante, vue du côté de Washington, que les intérêts vitaux américains dans la région risquent gros en cas d’aggravation du conflit arabo-israélien. Surtout si la guerre d’Afghanistan devait se prolonger, ce qui semble probable.
Apportant son témoignage dans la querelle sémantique sur la distinction entre les termes de terrorisme et de résistance, l’ancien secrétaire général du palais Bustros, M. Fouad Turk, souligne que la position du Liban à cet égard n’a jamais varié d’un iota. Adoptée aux heures noires de la guerre domestique, dont les épisodes ont été marqués par tant d’actes...