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Actualités - CHRONOLOGIES

Parlement - Le chef du Législatif critique la gestion des dossiers économiques et administratifs - Berry exprime, haut et fort, son ras-le-bol

Une tension latente caractérise les rapports des pôles du pouvoir : aux tiraillements politiques relatifs à la nomination des doyens de l’Université libanaise sont venues s’ajouter les critiques indirectes formulées hier par le chef du Parlement, Nabih Berry, concernant la gestion de plusieurs dossiers internes. M. Berry, qui a ouvertement exprimé son mécontentement devant ses visiteurs, a laissé entendre, mais sur un ton qui ne prête pas à équivoque, qu’en d’autres circonstances, les problèmes qu’il pose auraient été à l’origine d’une crise au sein du pouvoir. Du moins, c’est ce qu’on a appris de députés qui ont été reçus dans la matinée, place de l’Étoile. Pour ces parlementaires, il faut voir dans l’escalade verbale du président de la Chambre une volonté d’adresser des messages dans plusieurs directions. En direction de Baabda et de Koraytem pour être plus précis. M. Berry a eu mardi un entretien avec le chef du gouvernement, Rafic Hariri, et hier, il a pris, comme chaque mercredi matin, le chemin de Baabda où il a fait part au chef de l’État, le général Émile Lahoud, de ses réserves sur la gestion des dossiers économiques et administratifs. Son ras-le-bol, il a commencé à l’exprimer sur le perron du palais présidentiel où il a déclaré : «Nous ne pouvons pas, à cause de l’actualité internationale, occulter les problèmes intérieurs, d’autant plus que l’hiver approche», après avoir indiqué que son entretien avec le président Lahoud était axé sur la crise économique. Il y a lieu de relever dans ce contexte que M. Berry fait rarement de déclarations à la presse au terme de ses entretiens du mercredi avec le chef et qu’il se contente d’habitude de quelques précisions concises. Hier, il était particulièrement loquace : «Nous constatons qu’un an et demi après la libération du Liban-Sud, le processus de reconstruction n’a toujours pas commencé dans les villages détruits et les fonds consacrés à cette entreprise n’ont même pas été débloqués». Et de poursuivre : «J’ai demandé au chef de l’État d’accorder une attention exceptionnelle à la situation économique. Si ladite guerre contre le terrorisme a commandé un état d’alerte général, le sauvetage de l’économie nécessite à mon avis une vaste mobilisation nationale». Il est revenu à la charge un peu plus tard, place de l’Étoile, où il a dressé devant ses visiteurs un tableau des plus sombres de la situation économique avant de faire éclater sa colère en ce qui concerne la gestion du dossier de la réforme qui se fait toujours attendre. Des chèques sans provision M. Berry a donné une série d’exemples pour mettre en relief la gravité de la situation économique, affirmant notamment, selon les députés qu’il a reçus, que des chèques sans provision sont émis par des administrations comme le Conseil du Sud et le CDR, et que la Régie et le secteur de la téléphonie mobile accumulent les pertes. Citant toujours le président de la Chambre, les parlementaires ont indiqué que les pertes de l’État au niveau du téléphone cellulaire se chiffrent cette année à deux milliards de livres. M. Berry a aussi souligné que la Chambre planchera sérieusement sur la question lors du débat budgétaire avant d’exprimer des réserves sur la suite donnée aux résolutions de Faqra qu’il avait prises, il y a plusieurs mois, avec le chef du gouvernement pour initier un développement économique. «Si les circonstances actuelles ne commandaient pas qu’on évite de provoquer des crises, nous aurions fait part de la mort des réunions de Faqra», a-t-il déclaré. Le président de la Chambre a invité «les Libanais, et notamment ceux qui occupent parmi eux des postes de responsabilité, à sortir de leur laxisme et de l’état d’expectative dans lequel ils se trouvent et à agir comme si la situation qui prévaut actuellement sur le plan international est provisoire». «Nous devons, a-t-il dit, nous habituer à cette situation et nous adapter aux développements qu’elle entraîne pour pouvoir nous occuper de nos affaires internes». «Il n’est pas important d’exprimer des regrets pour le report de quelques conférences sur lesquelles le Liban comptait pour stimuler son économie. L’important est de croire fermement que les Libanais détiennent suffisamment d’éléments de force dont ils peuvent profiter pour redresser la barre au niveau économique», a déclaré M. Berry, avant d’annoncer à ses visiteurs qu’il a mis à la disposition du gouvernement des études concernant la privatisation de plusieurs secteurs, dont celui de la téléphonie mobile, mais sans nuire aux acquis de ceux qui y travaillent ou de ceux qui en profitent. Concernant le dossier administratif, il a indiqué, non sans ironie, qu’il «fait la connaissance d’un nouveau principe en vertu duquel la priorité va à l’entente entre les trois pôles du pouvoir, l’affaire des nominations étant secondaire». Et de poursuivre : «Il est quand même curieux qu’on s’escrime à établir des listes et des règles juridiques et qu’on les oublie dès qu’il faut les appliquer. Ces règles sont disponibles quand toute entente devient impossible. Pourquoi évitons-nous de les appliquer ? Le ministre n’est-il pas le chef de son département ? Le vote en Conseil des ministres n’est-il pas la règle constitutionnelle qu’il faut appliquer en l’absence d’un consensus ? Comment peut-on donc considérer que l’entente entre les trois pôles du pouvoir est plus importante que la mise en route des affaires de l’université, de l’administration et de l’État». «Nous avons assuré la couverture nécessaire à la réorganisation du ministère de l’Information et au licenciement de fonctionnaires de la MEA. En contrepartie, aucun autre ministère n’a pris l’initiative de déterminer le nombre de ses fonctionnaires surnuméraires pour que la réforme administrative se poursuive. Au contraire, nous avons constaté que de nouveaux employés ont été embauchés au Casino du Liban et à la MEA», a-t-il fulminé. M. Berry a indiqué qu’il a soulevé la question avec le chef du gouvernement qui lui a assuré qu’il n’était pour rien dans ces nouveaux recrutements. Cité toujours par ses visiteurs, le chef du Parlement a vivement critiqué le procédé de nomination de médecins-contrôleurs à la CNSS.
Une tension latente caractérise les rapports des pôles du pouvoir : aux tiraillements politiques relatifs à la nomination des doyens de l’Université libanaise sont venues s’ajouter les critiques indirectes formulées hier par le chef du Parlement, Nabih Berry, concernant la gestion de plusieurs dossiers internes. M. Berry, qui a ouvertement exprimé son mécontentement devant...